Tensions à prévoir
Des élections Italiennes au protectionnisme américain, ces nouveaux défis qui s'invitent dans l'agenda économique mondial
Les élections italiennes de ce week-end n’apportent pas de solution au risque d’instabilité politique qui caractérise l’Italie depuis la seconde guerre mondiale.
Philippe Waechter
Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.
Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux.
Il est l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie" (Editions Alphée, 2008).
Les élections italiennes de ce week-end n’apportent pas de solution au risque d’instabilité politique qui caractérise l’Italie depuis la seconde guerre mondiale.
Aux USA, la mise en place de taxes aux frontières sur l’acier (25% sur les importations) et l’aluminium (10%) reflète une mauvaise compréhension des mécanismes économiques du côté de la Maison Blanche.
D’abord parce que de telles taxes avaient été mises en place du temps de la présidence Bush au début des années 2000. Cela avait permis de sauver 3500 emplois chez les producteurs d’acier mais avait engendré entre 12 000 et 43 000 suppressions d’emplois dans les entreprises utilisatrices d’acier. Devant l’impact négatif sur les entreprises et l’emploi, le gouvernement d’alors avait fait machine arrière.
L’autre point est que la hausse de la fiscalité aurait trois impacts : Le premier impact est de protéger les producteurs locaux d’acier et d’aluminium car la taxe leur permet d’être protégé de la concurrence. Cependant, cette hausse de fiscalité pour les entreprises utilisant l’acier et l’aluminium comme intrant dans leur processus de production compensera une partie de la baisse d’impôt de la grande loi fiscale de Trump. Le dernier impact serait l’effet négatif sur la production des secteurs en aval.
En fait, ce qui est sidérant dans ce dossier est que la taxation de l’acier et l’aluminium va affecter une grande partie du secteur industriel et manufacturier où ces produits entrent dans le processus de production. Cela en renchérira les coûts au risque de peser sur l’activité et l’emploi de ces secteurs. Or l’objectif de Trump est opposé à cela puisqu’il veut à tout prix préserver l’emploi industriel.
Cela ressort toujours de sa vision d’une économie est représentée par un jeu à somme nulle. Ce qui est gagné par un pays est perdu pour un autre. L’économie n’a jamais fonctionné de la sorte. Imaginer que la hausse de la fiscalité provoquera spontanément une réallocation de ressources vers les USA est naïf. Trump a une vision qui ressemble à celle des entreprises sur les parts de marché. Or une économie ne fonctionne pas comme une entreprise.
C’est aussi une vision qui considère que l’économie américaine n’est pas intégrée dans une dynamique plus large et que tous les pays fabriquent le même bien. Or cela a pu être vrai dans le passé, cela ne l’est plus aujourd’hui. On pouvait imaginer taxer un bien étranger lorsque ce bien était fabriqué uniquement à partir d’intrants étrangers alors que le même bien local n’était fabriqué qu’à partir d’intrants locaux. Taxer le bien étranger donnait un avantage comparatif au produit local. Mais plus personne n’imagine aujourd’hui un tel fonctionnement de l’économie.
Le risque de telles mesures est de mettre en place des mesures de représailles des pays qui seront affectés par elles. Une guerre commerciale ne se gagne pas car elle est pénalisante pour tous. Les entreprises automobiles européennes ont été menacé par Trump d’une hausse de la fiscalité en cas de représailles de l’Europe. Ce serait ridicule car toutes les grandes entreprises européennes ont des usines aux USA. Cela a nouveau ne serait pas un bon calcul. Espérons que comme Bush, le locataire de la Maison Blanche fera rapidement machine arrière.
Enfin, le coût par emploi sauvé est exorbitant. En général il est estimé aux USA à 230 000 dollars avec parfois des pointes. La taxe Obama sur les pneumatiques chinois avait eu un coût estimé de 900 000 dollars par emploi. C’est totalement excessif et contreproductif.
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