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"Miracle en Alabama" : Le pouvoir miraculeux des mots
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A partir d'une situation familiale exceptionnelle, "Miracle en Alabama" est une pièce fascinante sur le rôle du langage dans la formation de la personnalité. Avec une Clara Brice époustouflante dans le rôle d'une jeune sourde, muette et aveugle.

Françoise Boursin pour Culture-Tops

Françoise Boursin pour Culture-Tops

Françoise Boursin  est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.

 
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE

« Miracle en Alabama » 
de William Gibson 
avec Valérie Alane, Julien Crampon, Stéphanie Hédin, Marie-Christine Robert, Pierre Val, et en alternance pour le rôle d’Helen, Lillas Mekki ou Clara Brice 
Mise en scène: Pierre Val assistée de Sonia Sariel
Scénographie: Alain Lagarde
Costumes: Pascal Bordet
Lumières: Anne-Marie Guerrero
Musique: Fabrice Kastel
INFORMATIONS
Théâtre La Bruyère
du mardi au samedi à 21h, le samedi à 15h.
Réservations: guichet du théâtre du lundi au samedi de 11h à 19h/Tel: 01 48 74 76 99/www.theatrelabruyère.com
RECOMMANDATION : EXCELLENT
THEME
C’est l'histoire vraie d’Helen Keller, la fille d’une famille sudiste, devenue sourde, muette et aveugle à l’âge de deux ans. Malgré les efforts désespérés mais souvent maladroits de ses parents, elle est devenue une sorte d’enfant sauvage, vivant comme une espèce de petit animal capricieux et coléreux entre son demi-frère et sa petite soeur. Avant de se résoudre à la mettre dans un asile, sa mère insiste pour faire venir une institutrice de Boston. Celle-ci comprend et veut faire comprendre aux parents que la jeune fille doit apprendre le langage: c’est par là que passe son éducation. Et elle doit mettre les mots en rapport avec les choses. Helen doit intégrer des règles, dures au premier abord, mais celles-ci vont lui permettre de cohabiter avec les autres en constituant une vraie famille. Et la gouvernante, Annie Sullivan, une nordiste, finit par gagner son pari: par la mémorisation de signes de ses mains, Helen met en relation les mots avec les objets et elle prononce son premier mot, « eau ».
POINTS FORTS
1) Le plus remarquable est le jeu incroyable du personnage d’Helen (le soir où j'y étais, c'était Clara Brice qui jouait le rôle): elle exprime ses sentiments par des gestes, des grimaces, tout est saccadé et inattendu chez elle, elle se traîne par terre, elle mord et se montre d'une incroyable brutalité. Et elle fait apparaître une lueur d’esprit, qui grandit peu à peu.
2) La gouvernante sait traduire aussi une volonté de fer en même temps qu’une profonde souffrance.
3) Les parents jouent tout en nuances: un mélange d’obstination et de véritable amour chez le père, une tendresse désespérée chez la mère.
4) Au-delà du langage, c’est la question de l’éducation et des difficultés de sa mise en oeuvre dans une famille qui est peinte ici.
5) La peinture d’une famille sudiste se dégage par petites touches. La mise en scène, avec cette table qui symbolise la famille, accentue cet aspect.
POINTS FAIBLES
Ils sont peu nombreux dans cette très bonne pièce.
1) Peut-être la mise en scène est-elle un peu simple, dans la manière de faire alterner le salon familial et la petite maison voisine dans laquelle la gouvernante éduque Helen. Mais c’est aussi un moyen de souligner les deux positions sur l’éducation.
2) Le jeu de James, le fils, m’a semblé parfois un peu excessif, mais c’est aussi le propre de la jeunesse...
EN DEUX MOTS
Sur un sujet austère, c’est une réflexion passionnante sur le rôle du langage dans la construction de la personnalité, qui tient le spectateur en haleine tout au long de la pièce: on espère que la gouvernante va réussir à sortir Helen de son état sauvage pour en faire une personne à part entière. Et l’humour n’est pas absent de cette quête du langage.
L'AUTEUR
William Gibson, né en 1948 à Conway, en Caroline du Sud, est romancier et nouvelliste. C’est un écrivain américain de science-fiction et l’un des leaders du mouvement cyberpunk. Entre d’autres nombreuses oeuves, il a écrit «"Neuromancien"» en 1984  et « La Machine à différences en 1990. Au départ, « Miracle en Alabama » est  un roman, adapté au cinéma et au théâtre.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette pièce, alors qu’elle ne m’attirait pas au départ. N’ayant pas le livre, je n’ai pas trouvé d’extrait à citer. J’en suis désolée.

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