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"Poussière" : Une sombre et forte leçon de mort et de vie
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Atlanti-culture

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE
Poussière
de et mis en scène par  Lars Norén
avec la troupe de la Comédie-Française
Martine Chevallier, Anne Kessler, Bruno Raffaelli, Alain Lenglet,
Françoise Gillard, Christian Gonon, Hervé Pierre, Gilles David,
Danièle Lebrun, Didier Sandre, Dominique Blanc
et les comédiens de l’académie de la Comédie-Française
Matthieu Astre, Juliette Damy, Romain Goupil, Alexandre Schorderet
et les enfants en alternance
Maxime Alexandre, Margaux Guillou, Rosalie Trigano
INFORMATIONS
Comédie-Française
Salle Richelieu – Place Colette Paris 1er
Jusqu'au 16 juin, en alternance
Réservations : 01 44 58 15 15/ www.comedie-francaise.fr
RECOMMANDATION : BON
THEME 
Depuis environ 30 ans, des touristes reviennent passer une semaine estivale dans le modeste complexe hôtelier d’un pays pauvre. Tous différents, ces cinq femmes et six hommes partagent désormais une vieillesse qui ressemble à un naufrage, à l’exception de la jeune fille handicapée mentale, qui est sous le contrôle constant de sa mère. A ce moment de leur triste existence, les masques tombent avant cette mort inéluctable qui les fera passer de l’autre côté d’une transparence, où ils vont se retrouver enfin tels qu’en eux-mêmes.
POINTS FORTS 
1- Il est évident que le thème douloureux cette pièce, où l’on rit quelquefois et qui paradoxalement n’est pas triste, s’adresse à un public averti. Ces anonymes parlent peu entre eux, se disputent parfois ; plusieurs constatent que d’une année sur l’autre, d’autres ont déjà disparu. Ils les connaissaient pourtant, mais la perte de mémoire a fait son œuvre. Quelques uns pressentent déjà que le moment approche où il leur faudra lâcher prise, mais une étrange indifférence les gagne. Pour la plupart, ils sont seuls ou esseulés. A l’exception d’un couple, (Dominique Blanc et Hervé Pierre), dont la femme ne supporte plus ce mari qu’elle n’a jamais aimé, et une femme avec sa fille handicapée (Martine Chevallier et Françoise Gillard) toutes deux irradiantes de poésie.
2 – La troupe des acteurs est magnifique. Certains personnages sont plus dynamiques que d’autres, Danièle Lebrun, dont on est heureux de retrouver l’immense talent en cette occasion, apporte une énergie souvent drôle ; elle finira par sombrer elle aussi, laissant s’envoler les feuilles vestiges de son passé. Tous sont devenus indifférents aux malheurs du monde et aucun ne semble se débattre face à ce départ, à l’exception du personnage joué par Hervé Pierre qui s’y résout de manière plus pathétique. Il y a une forme de grande beauté dans ce dispositif très simple, qui semble animé par une cadence musicale, avec cet « au-delà » où ils se retrouvent, derrière le voile transparent qui les sépare désormais du monde des vivants. 
POINTS FAIBLES 
Le spectacle aurait peut-être gagné à être un peu plus court.
EN DEUX MOTS 
La devise de la Comédie-Française : « Simul et singulis » s’applique à ce spectacle où ces hommes et ces femmes sont à la fois ensemble, et avec leur propre singularité. La pièce attire l’attention sur un douloureux phénomène de société : la dégradation de la vieillesse, l’égoïsme insidieux qui s’empare de chacun autour de ses petites misères, l’affreuse douleur de la solitude. Pour la première fois, dans son histoire connue, l’humanité doit faire face au grand âge et elle détourne hélas souvent les yeux. Pourtant, la phrase de la Genèse : « Poussière, tu retourneras à la poussière », nous concerne tous...
UN EXTRAIT 
Une citation de l’auteur : « Dans Poussière, nous sommes à la fin. Qu’est-ce qui a été important dans une vie ? Qu’a été ma vie ? Mon temps ? Que vais-je emporter avec moi dans la mort ? Qui suis-je ? Il est tellement facile de dire « je », de dire que nous sommes un « je » spécifique. A la fin, la vie est révélée. La vie est comme un reflux d’une vague. Le sol est nu et on voit alors une partie de notre vie étalée dans l’espace vide. Dans cette pièce, je cherche ces détails-là, ces moments qui définissent une vie. »
L’AUTEUR 
Lars Norén, né en 1944 à Stockholm, suit la lignée des dramaturges de l’Europe du Nord, proche à la fois de Strindberg avec sa détestation du mariage, d’Ibsen ou de Bergman. Ayant eu lui-même à souffrir de troubles psychiques, son œuvre s’en inspire souvent. Poète et dramaturge, il a écrit plus de quatre vingt pièces de théâtre, avec souvent des références autobiographiques. Il se lance dans la mise en scène en 1992. Il est l’auteur dramatique  contemporain vivant le plus joué dans le monde. C’est lui qui a succédé à Ingmar Bergman à la direction du Théâtre National de Suède. Il dirige, de 1999 à 2007 le Théâtre National Itinérant suédois, puis,  de 2009 à 2011, le Folsksteatern de Göteborg.

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