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"Il faut arrêter d’avoir, au nom de l’exception française, de fausses bonnes idées qu’aucun autre pays n’a eues"
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Place aux citoyens

A une semaine du 1er tour, un collectif de citoyens appelle au rassemblement des compétences. Loin des cercles d'Enarques qui se partagent le pouvoir, ils estiment que l'avenir de la France se trouve dans ceux qui la construisent chaque jour de leurs mains.

Michel Godet

Michel Godet

Michel Godet est économiste, professeur et membre de l'Académie des technologies.

Il est l'auteur de Le Courage du bon sens (Odile Jacob, 2009), Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur (Odile Jacob, mars 2011), de La France des bonnes nouvelles (Odile Jacob, septembre 2012) et de Libérez l'emploi pour sauver les retraites (Odile Jacob, janvier 2014) Il anime également le site laprospective.fr.

Voir la bio »

Atlantico : Vous avez lancé le 9 avril votre « Appel de Loches », ainsi qu’une "Agence de notation-citoyenne". A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, quel est le sens de votre démarche ?

Michel Godet : Nous voulons montrer que la France d’en bas va bien et que celle d’en haut va mal. Ce n’est pas une question de gauche ou de droite, mais de gens compétents ou incompétents. Notre appel consiste à dire aux cercles du pouvoir : « Arrêtez de vous battre pour vous accaparer un pouvoir dans le simple but de vous servir au lieu de le servir. Faites place à la compétence. »

Cette année marque le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne D’Arc, venue en 1429 à Loches chercher le roi Charles VII pour l’emmener se faire sacrer à Reims. Aujourd’hui, l’ennemi n’est plus l’Anglais, mais l’incompétence. Les obstacles au changement ne paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Mais si chacun d’entre nous fait un effort, c’est l’ensemble de la société qui bougera. On a une responsabilité d’initiative, et tant qu’on a pas tout essayé on a rien essayé. Dans les territoires, il y a une France qui entreprend et innove, et de celle-là on ne parle pas dans les médias.

Notre objectif est de faire remonter des bonnes pratiques.  Il n’y a pas besoin d’être dans une grande ville pour se battre. Il y a des entreprises de pointe au fond de la Creuse. On y trouve des projets, des hommes de qualité pour les porter et une bonne qualité de vie. Notre message est donc optimiste.

Concrètement, quels sont les différents points de votre programme ?

Le premier est que la compétence l’emporte sur l’appartenance. Si je ne suis ni franc-maçon, ni Corrézien, ni énarque, est-ce que je peux quand même servir mon pays ? Il y a des justes partout, qui construisent des ponts, qui font avancer des initiatives et servent l’intérêt général avant de se servir.

Pour cela, il faut que l’on cesse de mettre les gens dans des cases. Beaucoup de gens ne sont ni de droite ni de gauche, ils sont du côté du bon sens. Je suis pour plus d’impôts, plus de dépenses publiques, à condition qu’ils soient utilisés efficacement. Quand de l’argent public est utilisé pour sauver une usine en difficulté, il faut se demander s’il n’aurait pas pu être utilisé pour créer encore plus d’emploi ailleurs.

Notre troisième objectif est que la France d’en haut, qui se reproduit sur elle-même et agit de façon jacobine, écoute la France d’en bas qui entreprend et innove. Rien ne remplace un vrai parcours d’expérience pour accéder, ensuite, aux fonctions de responsabilité. C’est ainsi que l’on peut au mieux, plus que par des concours, distinguer les compétences managériales et l’esprit de risque et d’innovation qui sont nécessaires pour entreprendre et pousser le pays en avant.

Enfin, il faut arrêter d’avoir, au nom de l’exception française, de fausses bonnes idées qu’aucun pays n’a eues. Les 35 heures par exemple.  Au contraire, il faut essayer de mutualiser les bonnes pratiques, et il y en a beaucoup dans nos territoires !

De quelle façon votre appel se concrétisera-t-il ?

Nous avons créé une Agence de Notation-Citoyenne, qui est une association à but non lucratif. Elle entend promouvoir les idées qui n’arrivent pas à sortir de leur territoire. Nous souhaitons également créer une certification de compétences en innovation, efficacité et efficience pour ceux qui souhaitent ajouter un label de qualité à leur engagement de terrain politique.

Il y a déjà des exemples de politiques qui fonctionnent. Citons Pierre Choux à Dijon, avec son groupe ID’EES qui remet en emploi-marchand des personnes déclarées « inemployables » par Pôle emploi. Ou l’exemple de Jean-Pierre Gorges, député Maire de Chartres, qui développe son agglomération à la vitesse grand V tout en baissant les impôts, chaque année, depuis 10 ans. Quand on est compétent, c’est possible !

Pour en savoir plus, consulter le site de l'agence de notation citoyenne.

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