Pourquoi la baisse spectaculaire du chômage risque d’aviver les tensions sociales<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Pourquoi la baisse spectaculaire du chômage risque d’aviver les tensions sociales
©ERIC PIERMONT / AFP

Edito

La France parait engagée dans un cercle vertueux, avec toutefois certains obstacles à franchir.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

C’est la bonne surprise de ce début d’année : une diminution sensible des chiffres du chômage au cours du dernier trimestre 2017 que l’Insee elle-même n’avait pas prévue. Pour la première fois depuis 2009, la fameuse barre des neuf pour cent a été franchie dans le bon sens, qui traduit une amélioration de l’emploi. Et il y a de bonnes raisons de penser qu’il ne s’agit pas d’un accident statistique sans lendemain, car toutes les catégories sont concernées : jeunes et seniors connaissent une embellie. Au point que le taux d’emploi progresse à 65,7% pour les actifs, un pourcentage inconnu depuis le début des années quatre-vingt. Plus de deux cent cinquante mille emplois ont été créés dans le privé, alors que la population active continue d’augmenter en raison de la démographie, à l’inverse de pays comme l’Allemagne par exemple.

Une nouvelle ère parait se dessiner pour l’économie française : la période des destructions d’emplois est terminée, selon les prévisions de l’Institut de la statistique. Au contraire, des perspectives optimistes se sont ouvertes et le premier semestre 2018 devrait se montrer positif. L’horizon est dégagé, grâce à la conjoncture internationale au beau fixe, qui soutient la croissance. De plus les mesures prises sous le quinquennat Hollande, telle que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi portent maintenant leurs fruits. La situation des entreprises s’améliore : les marges se reconstituent, donnant ainsi du grain à moudre pour élaborer des projets de développement. Et surtout peut-être, le climat a changé : la confiance est revenue : l’image d’un pays en déclin s’estompe peu à peu, tandis que le dynamisme revient chez les patrons qui ne sont plus voués aux gémonies, mais apparaissent comme la colonne vertébrale d’une nation qui retrouve des repères de développement. Les jeunes eux-mêmes changent leur manière de voir. Nombreux sont ceux qui ont envie de créer leur propre entreprise.

Bref, la France parait engagée dans un cercle vertueux, avec toutefois certains obstacles à franchir. Le premier concerne les difficultés d’embauche dans plusieurs secteurs en raison de la pénurie de main d’œuvre qualifiée. On estime ainsi qu’entre deux cent mille et trois cent mille postes de travail n’ont pu être satisfaits l’an dernier faute de trouver le personnel suffisamment formé. Or, la qualification n’est pas une donnée facilement acquise : elle suppose une période de formation plus ou moins longue qui représente un frein à l’activité et oblige à se tourner vers les importations alors que le déficit du commerce extérieur est déjà abyssal.

Cette situation présente un deuxième danger, celui de développer les revendications sociales. Déjà les projets de réforme dans le secteur public suscitent des mouvements sporadiques d’arrêts de travail à la SNCF ou à la Ratp notamment, qui pourraient prendre de l’ampleur dès le début du printemps. Tandis que le manque de capacités disponibles dans le secteur privé va se traduire par des demandes de hausse des salaires, à l’image de ce qu’on voit aux Etats-Unis et en Allemagne, ce qui conduirait en raison de l’intensité de la concurrence à faire disparaître les avantages obtenus par les entreprises dans la reconstitution de leurs marges. Avec le retour de l’inflation préjudiciable à la croissance et à l’emploi, annonçant aussi un relèvement des taux d’intérêt qui alourdirait la charge de la dette extérieure déjà bien trop lourde et qui ne connait pas de pause.

Ainsi, l’embellie présente demeure-t-elle fragile : pour se maintenir, elle a besoin du soutien d’une bonne conjoncture en Europe, qui parait acquis à court terme et aussi de l’impression que le pays va continuer de l’avant, c’est-à-dire poursuivre les réformes souvent plus annoncées qu’engagées, en réduisant en particulier les dépenses publiques qui continuent de maintenir un train de vie excessif.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !