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Ce sont les contraintes extérieures 
qui permettront à la France 
de sortir de l'immobilisme
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EDITORIAL

Les Français réclament le changement, mais ils se réfugient souvent dans le conservatisme dès qu’il s’agit de le mettre en œuvre. Et si la crise actuelle pouvait permettre enfin à notre pays de se réformer ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Alors que la campagne électorale touche à sa fin en France, les nuages s’accumulent à nouveau dans la zone euro. Tout se passe comme si les milliards distribués par la banque centrale européenne ne produisaient plus d’effets : les banques éprouvent toujours des difficultés à prêter aux entreprises et préfèrent déposer auprès de la BCE les liquidités qu’elles ont empruntées.

La violence des mesures d’austérité prises par certains de nos voisins – baisses des salaires et des retraites, coupes sombres dans la fonction publique, réduction dans les dépenses de santé, etc – laissent présager une entrée brutale en récession, au moment où de son côté, la Chine connaît un ralentissement sévère de sa croissance. Les bourses redeviennent hésitantes. Les tensions s’avivent sur les taux d’intérêt, avec un écart qui s’élargit entre la France et l’Allemagne. Notre pays pourrait s’ajouter à la liste des nations du Sud dans la ligne de mire des fonds spéculatifs, alors que de nouveaux produits dérivés inquiétants sur la dette française vont voir le jour en Allemagne.

La France a pourtant échappé jusqu’à maintenant aux aspects les plus aigus de la crise. Elle a maintenu son pouvoir d’achat qui était entamé ailleurs. On peut dire qu’elle a été plutôt bien gérée, à travers les épreuves depuis 2008, bien que les Français n’aient pas conscience d’avoir moins souffert que les autres. Paradoxalement, cette situation les rend aveugles pour l’avenir : ils ne voient pas la nécessité des réformes qui sont mises en œuvre partout ailleurs et s’imaginent qu’ils pourront continuer de vivre comme avant. Un chiffre devrait pourtant les inquiéter : celui de la dette, supérieure à la moyenne européenne. Effacer ce handicap exigerait une réduction de cinq points par an pour revenir à un montant acceptable à la fin du quinquennat. Aucun candidat à l’élection présidentielle n’envisage de demander un tel effort. La tendance serait plutôt de s’appuyer sur les courants populistes en hausse chez un certain nombre de nos partenaires pour demander des délais supplémentaires pour assainir la situation. La renégociation des traités que réclamerait François Hollande s’il était élu, ne va-t-elle pas dans ce sens ?

Gagner du temps est le souci de la plupart des candidats. Le phénomène n’est pas nouveau. On réclame le changement, mais on se réfugie dans le conservatisme dès qu’il s’agit de le mettre en œuvre. La multiplication des strates administratives, des instances de décision, la faiblesse des syndicats conduisent à l’immobilisme. La recherche des alliances pour la conquête du pouvoir prend le pas sur la définition d’objectifs concrets de réformes. Les expériences passées montrent que la contrainte extérieure se révèle souvent nécessaire, comme en témoigne la volte-face réalisée par la gauche en 1983 après les errements commis lors de son retour au pouvoir en 1981. Les réformes imposées par l’extérieur peuvent paraître plus humiliantes et difficiles à promouvoir. Elles sont parfois le seul moyen de provoquer l’électrochoc indispensable au redressement du pays.

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