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Questions réponses avec les journalistes : Macron trouve réponse à tout... sauf à l’impatience des Français ?
©LUDOVIC MARIN / AFP

Esquive

Ni caméra, ni micros, ni filtrage de questions. Emmanuel Macron a répondu à l'invitation de l'Association de la Presse Présidentielle ce mardi soir.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Une première pour le Président élu en mai dernier, qui n'a esquivé aucun sujet, acceptant les relances pour compléter son propos. Des réponses sans fard sur tout ce qu'un journaliste a envie de savoir et de comprendre pour en rendre compte. De la Syrie à Nicolas Hulot et Gérald Darmanin, du pouvoir d'achat des Français au service national et les sans-abris, tous les sujets ont été passés au crible, avec, parfois,  une esquisse de reconnaissance d'erreur de prévision et un "final" fulgurant sur l'épreuve du pouvoir et sa "part d'ascèse" mais " c'est ce que j'ai souhaité et je ne m'en plaindrai pas... J’ai pris la mesure de la charge, du poids de celle-ci, de la solitude qu’elle implique...Il faut  accepter les matins blafards, les cernes et  le teint blême". Mais  "ce n’est pas une épreuve" s'est-il empressé d'ajouter.

Le poids de la charge, cela peut être la reconnaissance d'un échec : ne pas avoir été mesure d'honorer la promesse que "personne ne dorme plus dans la rue avant la fin de l'année" du candidat Macron. Le poids de la charge, c'est aussi se trouver face à ce que l'on pourrait qualifier de "bug", le pouvoir d'achat des Français, et singulièrement  celui des classes moyennes qui est en baisse. L'effet des mesures gouvernementales devait être perceptible dès le début de l'année 2018. Les promesses ne résistent pas à la réalité des faits." Cela va prendre du temps ", admet-il, reconnaissant que l'effet combiné de la baisse des cotisations sociales, la hausse de la CSG et la suppression progressive de la taxe d'habitation, ne  sera perceptible qu'en 2020. Mais en réalité, ce qui permettre d'augmenter le pouvoir d'achat c'est la qualification des salariés et à cet égard, "la  dégradation du niveau de qualification est l'élément le plus inquiétant de l'économie française", a-t-il déclaré, martelant " que le taux de 9% de chômage en France parce que le niveau de qualification  est  insuffisant, est un "scandale"... Pour lui, il faut un système économique plus mobile, et il assume la nécessaire "solidarité intergénérationnelle", entendez la hausse de la CSG ; elle avait été annoncée, mais elle  participe aujourd'hui à la baisse d'Emmanuel Macron dans les sondages.

La République du soupçon

Emmanuel Macron savait-il en les nommant que deux de ses ministres faisaient l'objet d'accusations de violences sexuelles? "J'ai appliqué des règles de bon sens quand j'ai nommé des ministres, je me suis assuré qu'ils étaient en règle avec l'administration fiscale et qu'il n'y avait pas d'éléments de vulnérabilité au regard des règles de droit. Il n'y a pas eu de jury de moralité, il y a eu des éléments de bon sens", dit-il, parlant de " plaintes classées sans suite car infondées...si les responsables politiques pouvaient être constamment mis en cause "pour des choses jugées", on rentrerait dans une drôle de société". Emmanuel Macron est favorable aux contre-pouvoirs, "mais quand le but des contre-pouvoirs finit par être de détruire ceux qui exercent le pouvoir sans qu'il y ait de limites ni de principes, ce n'est plus une version équilibrée de la démocratie". D'où sa mise en garde contre "une République du soupçon".

Le service national, quelle durée ?

On avait bien  sûr envie d'en savoir un plus sur le retour du service militaire après les déclarations contradictoires de la Ministre de la Défense et du Ministre de l'Intérieur. Obligatoire ? Oui. Quelle' durée ? Encore floue : de trois à six mois, voire plus s'il comportait  une partie civile.. Cela couterait cher ? "Ce qui coûte cher c'est l'hébergement, nous n'allons pas recréer de grands casernements", rétorque le chef de l'Etat. Certes, mais il faudrait tout de même penser à l'hébergement des recrues qui ne pourraient pas forcément rentrer chez elles tous les jours dans le cadre de leurs activités civiles ou militaires ...Sinon on créerait un  service national pour les urbains ce qui n'est pas le but recherché puisque l'exercice  doit être obligatoire. Une mise en œuvre qui qui s'apparente à un gigantesque casse-tête....

La Syrie, les armes chimiques

Emmanuel Macron frappera-t-il en Syrie si "la France a des preuves avérées que des armes chimiques proscrites ont été et sont utilisées contre les civils en Syrie"? Oui, nous frapperons l’endroit d’où ces envois sont faits,  ou là où ils sont organisés. La ligne rouge sera respectée,  je ferai ce que j'ai dit" affirme le Président qui a rappelé que l'an dernier lorsque  Trump "avait réagi seul et promptement", l'an dernier la France était en campagne électorale ..., ce qui n'est plus le cas aujourd'hui..."Mais aujourd’hui nous n’avons pas de manière établie par nos services la preuve que des armes chimiques proscrites par les traités ont été utilisées contre les populations civiles".

L'exercice a duré deux heures et a été ponctué par ce propos : "je n'oublie pas d'où je viens ; je ne suis pas l'enfant naturel  des temps calmes de la vie politique. Je suis le fruit d'une forme de brutalité de l'histoire, d'une effraction parce que la France était malheureuse et inquiète. Si j'oublie ça, c'est là que l'épreuve commencerait". C'est pour cela qu'il est utile d'aller voir ceux qui sont "inquiets voire malheureux". Exercice pratique dès aujourd'hui avec les inondés de Villeneuve-Saint-Georges.

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