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Pourquoi la vigueur de la croissance économique fait redouter un krach financier
©Reuters

Edito

C’est au moment où tous les signaux sont au vert que l’on devrait manifester la plus grande prudence... et alerter sur les risques d'excès.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’était vraiment trop beau pour que cela dure. Depuis des mois, les conjoncturistes ne cessaient de relever en hausse les perspectives de croissance de l’économie mondiale. On commençait à parler de la plus forte expansion du siècle et l’on s’étonnait de la longévité du cycle américain, dont on pouvait encore imaginer une prolongation en raison des allègements fiscaux mis en œuvre par Donald Trump, accompagnés d’un programme d’investissements gigantesques dans les infrastructures. Perspectives qui pouvaient justifier la hausse ininterrompue de Wall Street. En Europe, le sentiment était aussi à l’euphorie, d’autant que les bourses paraissaient en retard. Certains économistes n’hésitaient pas à prévoir pour cette année une croissance proche de 4% en Allemagne, malgré la surchauffe qui gagnait déjà ce pays et la pénurie de main d’œuvre et pas loin de 3% pour la France. Tous les sondages rendaient compte de l’optimisme des chefs d’entreprises, du dégel des investissements.

Pourtant, c’est au moment où tous les signaux sont au vert que l’on devrait manifester la plus grande prudence. Car des excès sont alors commis, notamment depuis que les banques centrales ont inondé de liquidités les marchés et créé ainsi des déséquilibres. Les Etats-Unis ont pu enregistrer une expansion quasi ininterrompue depuis juillet 2009, tandis que la zone euro en est à son dix-huitième trimestre de progression rappelait récemment Mario Draghi, le président de la BCE, lors du séminaire de Davos. En toute logique un ralentissement s’imposerait : or, c’est le contraire qui apparait avec de soudaines augmentations de salaires outre-Atlantique et les risques de surchauffe aussi en Europe, qui font resurgir le spectre d’une inflation galopante, qui imposerait aux banques centrales une hausse brutale des taux d’intérêt. Rien n’est plus difficile que de freiner une machine au galop. Autant les économistes peuvent prévoir la montée des périls, autant les gouvernements se sont montrés incapables dans le passé de juguler les emballements excessifs comme on l’a vu lors de la dernière crise de 2008. Aujourd’hui, la masse des dettes accumulées pendant les années d’expansion, où le prix de l’argent était tombé pratiquement à zéro, voire à un niveau négatif, donne des sueurs froides, si les banques centrales sont amenées à des relèvements draconiens du loyer de l’argent qui généreraient rapidement des faillites en chaîne. Ainsi s’explique le décrochage brutal des bourses, avec une volatilité des transactions qui donne le tournis.

Dans ce contexte, la France n’est pas à l’abri. Elle se trouve même dans une situation particulièrement vulnérable, comme vient de le rappeler la Cour des Comptes dont le rapport annuel se montre sévère à l’égard de la politique menée par Emmanuel Macron. Didier Migaud, son président, admet certes que pour 2017, le gouvernement aura réussi son pari de maintenir le déficit au-dessous de la barre des trois pour cent. Mais c’est grâce à un supplément de croissance exceptionnel dû à l’amélioration de la conjoncture européenne, et qui risque d’être sans lendemain, surtout si le coup de frein enregistré par les bourses mondiales se répercute rapidement sur l’activité économique. Le jugement des hauts magistrats de la rue Cambon est particulièrement sévère. La France continue de dépenser sur la même trajectoire que dans le passé récent ; il n’y a pas de redressement et la situation financière reste ainsi plus dégradée que celle de ses partenaires. Le gouvernement table surtout sur les économies qu’il impute aux collectivités locales pour rétablir les équilibres défaillants : or, jamais dans le passé, ces dernières n’ont répondu positivement aux injonctions qui leur étaient faites. Le climat qui va régner sur les marchés dans les prochaines semaines sera déterminant pour éviter que l’on passe d’une euphorie excessive à un désenchantement qui pourrait déboucher sur un coup de frein tout aussi irrationnel avec la menace d’un début de récession.

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