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Poutou, le marxisme à visage copain
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Zone franche

On s’était trompé sur le candidat du NPA : il veut bien exproprier et dictature-prolétariser, mais avec une telle bonne humeur qu’on en redemande.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Il faut absolument que je fasse amende honorable (et tant pis si j’ai vingt-quatre heures de retard parce que j’ai perdu mon temps avec Marine Le Pen hier) : comme tout un tas de gens, militants du NPA en tête, je me suis salement planté au sujet de Philippe Poutou !

Il y a deux jours encore, mais j’ai des excuses parce que je venais de lire une interview surréaliste du candidat d’extrême gauche dans Le Monde, je le prenais pour une espèce de trotskiste dogmatique, limite simple d’esprit... Désormais, et depuis son passage au grand oral de France 2 mercredi, je me rends bien compte qu’il est la vraie grosse surprise de cette campagne insipide.

D’accord, sa vision du monde ne tient pas debout, est même parfaitement détestable, avec ses expropriations, ses réquisitions, ses extorsions, mais le gars est tellement nature, tellement sympa, tellement marrant que c’est tout juste s’il fait peur, le goulag qu’il promet en arrière-plan aux bourgeois récalcitrants...

A l’opposé d’un Mélenchon, dont les envolées lyriques savamment répétées devant le miroir de la salle de bain impressionnent l'honnête père de famille et la ménagère de moins de cinquante ans, à mille lieux des menaces à peine voilées d’une Arthaud, Poutou, c’est le marxisme à visage copain.

D’ailleurs, comme marxiste pur porc, il se pose un peu là. Investi par le NPA, il n’est même pas passé par les camps d’entraînement de la LCR et s’est fait virer de LO pour une raison que Wikipédia ne révèle pas. Il avait dû être chopé en fâcheuse posture avec une camarade ― soit le crime le plus difficilement pardonnable dans ce mouvement très à cheval sur les bonnes mœurs...

En fait, Il le dit lui-même, et je ne sais pas ce qu’ils en pensent au NPA, il est plus « anar et baba cool » que communiste. Et il a l’air de faire plus facilement référence à la Commune de Paris, à Louise Michel et à Spartacus (dans la version Kirk Douglas, pas celle de Rosa Luxemburg) qu’à la révolution d’Octobre. Tiens, même le facteur de Neuilly, pseudo nouvelle star du collectivisme passe pour un plouc fade à côté de lui, désormais.

C’est marrant parce que toute la presse, du Figaro à Libé, est sous le charme et boit les vannes à deux balles de ce clampin en jeans avec lequel on passerait plus spontanément une soirée à déconner qu’avec Hollande ou Sarkozy (je suis sûr qu’il fume des pétards, l’ami Philippe, quand les deux autres semblent plutôt faire dans la rétention anale).

Toute la question, désormais, n’est pas tant de savoir quel score il fera au final (1% ? 2% ? 3% ? Lui rêve de 5% mais il est peut être en train de prendre, oh gentiment, à la Poutou, le teston), mais sur qui il va les grignoter. Je serais Jean-Luc « Bruit & Fureur » Mélenchon, je m’achèterai fissa un sens de l’humour...

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