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Le blockchain est-il en train d’avoir la peau du capitalisme financier tel que nous l’avons connu depuis 40 ans ?
©Davidstankiewicz / Wikimedia

Nouveau système

La blockchain est désormais partout, même si sa notoriété demeure encore confinée à quelques cénacles élitistes. L’engouement pour ce mode de transaction ouvre des brèches létales dans l’édifice de l’intermédiation financière patiemment construit depuis les années 70 dans le capitalisme occidental. 2018 pourrait marquer un basculement définitif dans une ère de désintermédiation financière.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La blockchain est devenue l’obsession du moment. C’est cette technologie « décentralisée » qui permet de développer des crypto-monnaies, comme le Bitcoin, dont les autorités bancaires ne manquent pas une occasion de dire du mal. Il est désormais difficile d’ouvrir un journal sans lire les péripéties de cette étrange invention du XXIè siècle qu’est le bitcoin, première monnaie virtuelle de l’histoire.

Blockchain ou retour du cash

Depuis plusieurs années, les banques proscrivent le cash. Au fil de réglementations complaisantes obtenues auprès de pouvoirs publics complaisants, les banques sont parvenues à capter l’ensemble des flux financiers.

La France et ses banques nourries par des protections étatiques est l’une des pionnières de cette intermédiation bancaire obligée. La généralisation de la carte de crédit, les limites étouffantes posées au retrait d’argent en liquide au nom de la lutte contre la corruption ou le blanchiment d’argent, ont tari les possibilités de faire circuler des billets de banque. 

L’expérience montre que les règlementations étatiques peuvent indéfiniment chasser le naturel monétaire, il revient au galop. L’invention de la blockchain en est la preuve: le système de chaîne décentralisée qu’elle propose permet de réaliser des transactions, y compris monétaires, sans intervention d’une banque centrale. 

Inévitable désintermédiation bancaire

Avec la blockchain, il est possible de commercer, y compris d’échanger des monnaies, sans intervention d’un tiers. Seuls le vendeur et l’acheteur se connaissent, sous réserve qu’ils soient acceptés dans le bloc de transaction auquel ils se rattachent. Cette mécanique encore mystérieuse pour beaucoup, qui ressemble assez à la logique du chèque cadeau (un titre numéroté est échangé librement auprès de ceux qui l’acceptent) rend inutile l’existence des banques en tant que chambre de compensation des titres. 

On voit tout de suite la dangereuse orientation, pour les banques, de cette technologie. Là où celles-ci pouvaient espérer avoir complètement capté et intégré le marché « libre » de l’argent liquide, elles sont confrontées à une concurrence nouvelle, bien plus dangereuse: celle des crypto-monnaies, compensables ou non sous forme de biens, qui s’échangent de façon sécure sans leur intervention.

La campagne de dénigrement commence

D’où une propension avérée des médias pour diaboliser les crypto-monnaies dont la concurrence faite aux banques, annonceurs massifs de la presse subventionnée, devient dangereuse. Il ne se passe pas un jour sans qu’un article de presse ne dénonce le caractère extrêmement spéculatif du bitcoin et autres.

Sur ce point, les banques elles-mêmes ont bien compris le danger et paient de leur personne pour arrêter la fuite des capitaux vers les crypto-monnaies. Même Mario Draghi met du coeur à l’ouvrage en déclarant urbi et orbi:

"Les monnaies virtuelles sont sujettes à une forte volatilité. Leur prix est entièrement spéculatif" 

On voit bien que la fureur réglementaire devrait rapidement s’emparer des États et des banques centrales pour imposer de sérieuses contraintes sur ces marchés désormais concurrents. Aux États-Unis, certaines banques ont d’ores et déjà interdit les achats à découvert de bitcoins, et bloqué les transactions par carte de crédit.

Elles ne pouvaient exprimer plus clairement leur détermination à bloquer au maximum le développement de ce marché concurrent.

La Chine parie sur la blockchain

Pendant que certains veulent encore croire à des effets de mode autour du bitcoin et de la blockchain, des investisseurs plus avisés ont compris à quelle révolution nous devions nous préparer. L’assureur chinois LoCo vient par exemple de conclure un partenariat prometteur sur la blockchain. 

Li Pu, le patron de la compagnie chinoise d’assurance, a déclaré, à cette occasion: « la blockchain va devenir un moteur important pour stimuler le développement de l’assurance. L’assurance basée sur la blockchain va bousculer le secteur dans un proche avenir, pour faire fondamentalement partie de l’assurance, voire pour remodeler le secteur pour toujours ».

Et si, nous aussi, les Européens, décidions d’une stratégie offensive dans ce domaine? 

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