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"Une bouche sans personne" : Un univers rêvé et foutraque, une émotion authentique
©Reuters

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Christine Geliot-Lallour pour Culture-Tops

est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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Christine Geliot-Lallour est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Show.

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LIVRE

Une bouche sans personne
de Gilles Marchand
Ed. Aux Forges de Vulcain

RECOMMANDATION : EXCELLENT

THEME

Fin des années 80, notre héros a trois amis, Lisa, Thomas et Sam, qu’il voit tous les soirs après le travail dans le bistro dont Lisa est la gérante. Dans sa vie, c’est l’essentiel. Sinon, il est comptable dans une entreprise, prend les transports en commun, rencontre régulièrement sur son passage une boulangère idiote et une mémé avec son chien.

Signe particulier : il est défiguré par une cicatrice monstrueuse au bas de son visage qu’il tente de camoufler avec des écharpes. Il approche de la cinquantaine, il communique très peu. Le tableau est assez minable.

Progressivement, avec ses amis, il va commencer à se livrer à travers l’histoire de son grand-père. Et le café se remplit de spectateurs qui viennent pour l’écouter, de plus en plus nombreux jusqu’à déborder sur toute la rue puis tout le quartier.

Parallèlement, dans son immeuble, les ordures s’entassent.

POINTS FORTS

1) C’est une absurdie magnifique: cette vie minable transcendée par un récit tout simple mais qui provoque petit à petit une foule en standing ovation; ces ordures elles aussi transcendées qui invitent en leurs boyaux des animaux sauvages, des musiciens et des héros de cirque.

2) Une rencontre forte entre le mesquin et le grandiose, avec toujours en toile de fond les collègues stupides, les transports répétitifs, les chiffres rassurants.

3) Des personnages ordinaires croqués dans leur simplicité avec toujours un brin de folie (Le grand-père avec ses histoires, les enfants inventés de Thomas, Les courriers du jour signés par les parents Simon, décédés depuis des années)

4) Une évolution progressive du récit depuis le banal jusqu’au plus extraordinaire

5) L’écriture est simple, presque parlée, au présent, à la première personne. Elle colle au récit.

6) La clé donnée à la fin, qui ouvre sur un événement de l’Histoire, le plus horrible dans l’extraordinaire. C’est, dans la vie de cet homme, la transcendance de sa douleur par la

parole, et, pour conforter cette parole, un écrit célèbre, le poème qui le définit comme le définit sa cicatrice.

7) Beaucoup d’émotion authentique dans cet univers rêvé. Il y a du Boris Vian là-dedans.

POINTS FAIBLES

Dans un sens, l’histoire de ces gens très simple a son côté élitiste: lecteur trop sage, lecteur du premier degré, s’abstenir.

EN DEUX MOTS

C’est à la fois un grand plaisir de lecture et, à sa mesure, un outil de mémoire. Sans en dévoiler la fin qui se fait attendre magistralement et dans la plus grande émotion, je dirais simplement que ce roman invite un événement de l’histoire de France pour qu’on ne l’oublie pas et pour que telles horreurs ne se reproduisent plus jamais

UN EXTRAIT

Ou plutôt deux:

- « Le métro est rempli. Rempli de gens pressés. Pressés d’arriver et pressés les uns contre les autres. Il y en a qui sont contents, ça leur fait une présence, une bande de copains provisoires. D’autres en ont assez d’être serrés. S’ils n’en avaient pas assez d’être serrés, ils en auraient assez d’attendre. S’ils n’en avaient pas assez d’attendre, ils auraient trouvé autre chose parce que ça donne une contenance d’en avoir assez. Alors ils jettent des regards noirs. Parce que c’est la faute des autres : ce n’est pas eux qui sont trop nombreux puisqu’ils ne sont qu’un. Ce sont les autres, il y a beaucoup trop d’autres. »

- « Le trapéziste se prépare, se concentre, s’apprête à se lancer. Le silence se fait, des gouttes de transpiration naissent sur les fronts, les corsages s’humidifient au niveau des aisselles. Des dents claquent, un bridge lâche, un plombage explose, un dentier est avalé, une cardiaque décède par étouffement, un cortège funèbre est organisé à la hâte, le traiteur ne devrait plus tarder. Le trapéziste avance un bras … »

L’AUTEUR

Gilles Marchand, né en 1976, commence sa carrière d’écrivain vers 2010 par des nouvelles qu’il publie chez Antidata. Il devient animateur de cet éditeur associatif. Après « Une bouche sans personne », dont nous tenions absolument à vous rappeler l'existence, il a publié un autre roman, « Un funambule sur le sable ».

Pour commander "Une bouche sans personnes" de gilles Marchand

"Une bouche sans personne" de Gilles Marchand

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