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Votez Coluchon !
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EDITORIAL

Entre Jean-Luc Mélenchon et le Coluche de 1981, les points communs sont plus nombreux qu'on ne le croit.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Depuis que ses actions sont à la hausse, on a beaucoup comparé Jean-Luc Mélenchon à Georges Marchais, pour son franc-parler et son ton railleur avec les journalistes ; au Général de Gaulle pour sa gestuelle qu’il aurait passé des heures à observer ; à François Mitterrand aussi. Sans doute parce que Jean-Luc Mélenchon lui-même ne cesse de lui déclarer sa flamme.

Je ne sais pas si le candidat du Front de Gauche ressemble à l’un ou l’autre de ces personnages qui ont marqué, chacun à leur manière, la Ve République, mais ce dont je suis sûr, c’est que dans le phénomène Jean-Luc Mélenchon, il y a quelque chose qui rappelle l’inexorable progression de Coluche dans les sondages en 1981. A l’instar du candidat du Front de Gauche d’ailleurs, l’humoriste avait franchi la barre symbolique des 15% d’intentions de vote quelques semaines avant le premier tour.

Aujourd’hui, voter Jean-Luc Mélenchon, c’est un peu comme vouloir voter Coluche il y a trente ans. C’est sympa, même assez branché par les temps (moroses) qui courent. Mélenchon, ça ne rime qu’avec des mots rigolos. Polochon, cornichon, patachon, ronchon, gros cochon et j’en passe. On se rend à un meeting de « la mélenche » comme on va applaudir les derniers princes du stand up révélés au Grand Journal de Michel Denisot. On a vu des jeunes gens s’y afficher avec des badges « Votez Hollande » ! A coup sûr, les meetings de Mélenchon sont les derniers raouts où l’on drague… Lancer dans un dîner ou dans une cour de lycée qu’on va « peut-être voter Mélenchon » d’un air satisfait, c’est se payer avec des mots la Dame Révolution que plus personne n’invite à danser.

Tout cela serait inoffensif si Jean-Luc Mélenchon n’était qu’un comique égaré sur la scène politique, une sorte de comédien frustré qui se serait trouvé un public par la grâce de l’élection présidentielle. Telle n’est pas la réalité. L’ex sénateur a une longue carrière derrière lui. Eternel minoritaire au sein du PS, il fut un ministre de l’Enseignement supérieur retors entre 2000 et 2002, au sein du gouvernement de Lionel Jospin. A l’époque, il se montrait très attaché aux prérogatives liées à sa fonction. Il demandait à ses collaborateurs de se lever lorsqu’il entrait dans une salle de réunion puis de s’asseoir à sa suite. L’homme sait mettre de la distance avec les « camarades ». Il  apprécie qu’on le voussoie et ne supporte pas qu’on l’interrompe lorsqu’il parle. D’où ses emportements contre ces insolents journalistes, présentés comme une habile stratégie mais qui caractérisent surtout sa nature profonde.

A l’inverse de Coluche qui s’était prudemment retiré de la course avant le premier tour, Mélenchon ira au bout de sa démarche. Il négociera pied à pied avec le PS au lendemain de l’élection présidentielle afin d’obtenir le  plus de circonscriptions gagnables pour les candidats du Front de Gauche et du Parti Communiste qui ressuscite sous nos yeux, après vingt ans de descente aux enfers. Avec Mélenchon au pouvoir, pas sûr que la France coupée en deux n’ait envie de se plier en quatre.

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