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Discours de Donald Trump sur l'état de l'Union : ​le piège va-t-il se refermer sur les démocrates américains?
©Pixabay

Disraeli Scanner

Lettre de Londres mise en forme par Edouard Husson. Nous recevons régulièrement des textes rédigés par un certain Benjamin Disraeli, homonyme du grand homme politique britannique du XIXè siècle.

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Benjamin Disraeli (1804-1881), fondateur du parti conservateur britannique moderne, a été Premier Ministre de Sa Majesté en 1868 puis entre 1874 et 1880.  Aussi avons-nous été quelque peu surpris de recevoir, depuis quelques semaines, des "lettres de Londres" signées par un homonyme du grand homme d'Etat.  L'intérêt des informations et des analyses a néanmoins convaincus  l'historien Edouard Husson de publier les textes reçus au moment où se dessine, en France et dans le monde, un nouveau clivage politique, entre "conservateurs" et "libéraux". Peut être suivi aussi sur @Disraeli1874

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Londres, 
Le 31 janvier 2018

Mon cher ami, 

Ces quelques lignes pour vous donner mon impression concernant le discours sur l’Etat de l’Union du président américain.  

A première vue, il n’y a eu aucune surprise, aucune annonce particulièrement déconcertante. Pour ceux qui prennent le temps d’écouter le président américain, discours après discours - sans faire comme ces commentateurs qui, hier, sur la Toile ou sur CNN condamnaient un discours qu’ils n’avaient pas encore entendu - on retrouve les points que le président américain rôde de discours en discours. Il a insisté sur le bilan économique de sa première année, sur les relocalisations de sites de production industrielle, sur le retour (c’est moi qui commente) à une politique étrangère qui soit plus dans les fondamentaux républicains, en particulier par l’hostilité à l’Iran. Enfin, le président américain a appelé le Congrès à mettre en place avec les Etats les conditions de son gigantesque plan d’investissement pour reconstruire les infrastructures du pays.

C’est je crois ce dernier point qui donne la clé de la relative sobriété du discours. Trump, depuis le départ, est sous-estimé par ses adversaires. Ils l’ont jugé stupide, foncièrement, et inexpérimenté en politique. C’est ainsi qu’il a pu gagner les primaires puis être élu. C’est pour cela qu’il a survécu à sa première année de président malgré l’hostilité totale des media traditionnels. En l’occurrence, Trump s’est gardé d’être grandiloquent sur son plan d’investissements. Alors même qu’il annonce le chiffre faramineux de 1500 milliards de dollars. Mais le moment viendra où il prononcera un discours d’annonce du plan. Quelle occasion choisira-t-il: juste avant les élections de la mi-mandat? Juste après? Le prochain discours sur l’Etat de l’Union, dans un an? En tout cas, ce sera un moment choisi pour des raisons politiques, quand il s’agira de poser les conditions d’une réélection.

« Nous sommes une nation de constructeurs ». Trump parle d’abord de lui. Mais l’image n’est pas anodine. Le parti républicain, selon lui, doit se battre pour l’équité commerciale mais aussi revenir à une tradition d’investissement public. Les démocrates vont sans doute voir un piège se refermer sur eux: si, comme hier soir, ils répondent à Trump en l’accusant d’être le président des riches, il aura le terrain libre pour leur dérober définitivement la paternité d’un « New Deal » du XXIè siècle, plan gigantesque d’investissement public qui est destiné à relancer l’économie américaine. S’ils essaient de récupérer le thème, Trump aura beau jeu de dire qu’il en est l’inspirateur. En tout cas, hier soir, il a, sans être démonstratif, annoncé ce qui sera la bataille de sa seconde partie de mandat. Il a aussi, au passage, proposer un compromis entre républicains et démocrates sur l’immigration: plus de contrôles et de choix en termes de populations accueillies mais aussi naturalisation massive d’enfants d’immigrés. Les Démocrates n’ont pas envoyé, hier soir, de signes d’une grande disposition au compromis; mais, là encore, Trump manoeuvre.

Voilà, comme promis, mes impressions immédiates. Le populiste est en train de se transformer, lentement mais sûrement, en héraut d’un nouveau conservatisme. La comparaison entre Reagan et Trump est de plus en plus évidente. Mais Trump est moins libéral en économie que Reagan. Et pour cause: l’Etat va piloter le passage à la 5G pour éviter que des capitaux chinois s’en mêlent. Et le président américain annonce une refonte gigantesque des infrastructures publiques. A suivre.

Bien fidèlement à vous

Benjamin Disraëli

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