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Julien Aubert : "Il n’y a pas que des déçus parmi ceux qui ne pensent pas comme Laurent Wauquiez chez LR"
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Entretien Politique

Le conseil national des Républicains s'est tenu samedi 27, et s'est clôt sur le long discours de son nouveau président, Laurent Wauquiez. Nous revenons sur ce tournant pour le parti de droite avec Julien Aubert, député et nouveau secrétaire adjoint de LR.

Julien  Aubert

Julien Aubert

Julien Aubert est ancien député de Vaucluse, vice-président des Républicains

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Atlantico : Entre les "deux droites réconciliables" défendue par Valérie Pécresse (huée par une partie de l'assemblée) et le "une seule droite" prôné par Wauquiez, votre conseil national a été l'occasion de discuter de pluralité au sein de votre parti, Les Républicains. Maintenant que les "déçus sont partis", pour reprendre les mots de votre président, il y a-t-il encore de la place pour des voix divergentes de celle de Laurent Wauquiez ?

Julien Aubert : Tout d'abord, dans la pluralité il n'y a pas que des gens déçus. J'appartient par exemple à la pluralité : j'ai voulu me présenter contre Laurent Wauquiez, j'ai fondé mon mouvement "Oser la France", qui est un mouvement gaulliste au sein des Républicains, et ce dès novembre dernier. Valérie Pécresse a choisi de rester, et a, dans la même dynamique, créé "Libres !". Il y a donc une pluralité. Et si on s'intéresse à ce qu'ont dit Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse dans l'ensemble de leurs discours, on se rend vite compte qu'il y avait beaucoup de convergences !

Il y a toujours eu des courants de pensée différents dans notre mouvement. Et c'est au chef d'organiser et de stabiliser ces mouvements au sein du parti. Les déchirements connus ces derniers mois sont simplement liés au fait qu'il n'y avait pas de chef légitime. Aujourd'hui, il faut reconnaître la légitimité de celui qui a gagné une élection. Ce qui ne veut pas forcément dire que tout le monde doit penser comme le chef !

Laurent Wauquiez a souvent été accusé de faire pencher la balance de LR vers l'extrême-droite. Il s'en est défendu lors de son discours en déclarant que de la même façon que la droite ne devait plus laisser le social ou l'écologie à la gauche, elle ne devait plus non plus laisser l'immigration à l'extrême-droite. Mais qu'est-ce qui distingue le point de vue de votre parti de celui de l'extrême-droite ?

Le discours d'extrême-droite est fantasmé. Quand ils parlent d'immigration zéro, c'est stupide. Rappelez-vous que même les Allemands, quand ils occupaient la France et contrôlaient une "zone occupée" sur notre territoire, avec des méthodes pourtant anti-démocratiques et souvent sans scrupule ne pouvaient pas empêcher les gens de passer la frontière. Il y a et aura toujours une immigration. La question est de savoir comment est-ce que vous organisez cette immigration. On rentre alors dans une logique d'immigration choisie. Et ensuite, il faut se fixer des objectifs qui sont évidemment une réduction drastique des flux, mais qui n'empêche pas pour autant de garder une grande ouverture sur le monde.

Plus globalement, le discours de Laurent Wauquiez était empreint d'un esprit de reconquête, sur les questions de nation ou de frontière à sa droite ou d'école, d'écologie ou de social à sa gauche. Qu'est-ce qui explique l'abandon de ces thèmes par la droite ces dernières années ?

La droite a déserté un certain nombre de sujets parce qu'elle avait assez peur de la domination culturelle de la gauche, et s'est donc recroquevillée sur les sujets budgétaires. Il faut aujourd'hui sortir de ce que j'appellerai "la première partie du projet de loi Finance" qui concerne les recettes et aller voir la "seconde partie du projet de loi Finance" qui concerne les dépenses – et donc les politiques publiques. Cela signifie que nous devons avoir une vraie réflexion sur ce qu'est d'avoir une politique publique de droite, une politique culturelle de droite, une politique écologique de droite. Quand on n'y réfléchit pas avant, le risque est, en accédant au pouvoir, de reprendre la politique en la matière de ceux qui nous ont précédés.

Justement, n'est-ce pas la faiblesse du discours de la droite face à Emmanuel Macron, qui s'oppose à lui systématiquement pour des questions de fiscalité et le régalien. Mais sur les autres domaines, Emmanuel Macron, qui attire de plus en plus les électeurs de droite, n'est-il pas lui aussi un homme de droite ?

Tout d'abord, il faut rappeler que si la droite intervient prioritairement sur ces thèmes, c'est tout d'abord parce que c'est là qu'elle a le plus travaillé et réfléchi. Et il est, dans la même logique, difficile pour nous de critiquer Emmanuel Macron sur un thème comme l'écologie parce que c'est un facteur politique qui est largement non-pensé chez nous aujourd'hui.

Après, si je prends l'exemple de la politique énergétique, il faut constater qu'Emmanuel Macron s'est rangé à ce que nous nous défendions dans le précédent mandat. Mais il y a des points comme l'interdiction des hydrocarbures qui sont totalement stupides.

Je pense que c'est au niveau du siège, du parti, que ce genre de réflexions sont moins effectuées. Il faut d'ailleurs à mon avis plus faire le lien entre les parlementaires qui doivent traiter ces sujets à l'Assemblée et le Parti.

Quelle forme doit prendre concrètement une écologie de droite ?

C’est un sujet qui me passionne en tant que Président de Croissance Bleue et rapporteur du budget Ecologie au Parlement.

Une écologie de droite devrait avoir une pensée rationnelle. Et donc par exemple, si l'objectif est de réduire les gaz à effet de serre, de soutenir le nucléaire. On observe dans la politique de gauche des contradictions inhérentes. On fait la chasse au nucléaire et au carbone.  

Une écologie de droite considère l’homme comme intégré à l’environnement, et donc ne l’exclut pas de la réflexion. Les agriculteurs, les chasseurs sont les premiers horlogers de l’écosystème, bien avant les néo-urbains réinstallés dans les campagnes. Une écologie de droite considère que l’environnement est un tout et qu’il faut aborder l’environnement de concert avec l’économie et la ruralité, c’est-à-dire que l’aménagement du territoire est la clé de voûte. Cela suppose de lutter contre l’affairisme qui bétonne certains territoires au même titre que la désertification rurale car les deux déstabilisent les écosystèmes fragiles dont nous avons la responsabilité.

Les prisons, NDDL, le point faible d'Emmanuel Macron n'est-il pas de ne pas savoir gérer le conflit, voire une absence de la culture du rapport de force en politique ?

Macron est quelqu'un qui séduit mais qui ne sait pas gérer le conflit. On l'a vu notamment avec Notre-Dame-des-Landes, où il a clairement baissé son pantalon. Lorsque vous ne videz pas la ZAD et que vous cédez sur le fond, vous avez perdu sur les deux niveaux. Une vraie politique de droite aurait été de faire usage de la force pour virer les Zadistes puis de trancher sur le plan technique – et pas par peur des conséquences – entre les deux solutions.

Si vous deviez faire le bilan final de ce conseil national ?

Techniquement, on a fixé les cadres de l'organigramme. Mais en plus, Laurent Wauquiez a su donner une impulsion à cet événement, et ce dès jeudi dernier. Je crois qu'on a enfin clos le chapitre des élections, et qu'on va maintenant pouvoir travailler sur le fond. 

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