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Génération nanar ? Pourquoi Netflix ne demande plus à ses abonnés de noter ce qu’ils ont vu
©Rich Fury / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Plaisirs coupables

Le succès du film Bright, étrillé par la critique, montre la déconnexion entre les critiques de cinéma et les attentes du public.

Allan Blanvillain

Allan Blanvillain

Co-fondateur et rédacteur en chef du site internet "L'Info Tout Court"

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Atlantico : L'article de Quartz "Netflix explains why a movie like Bright can bomb with critics and kill with audiences" [Netflix explique pourquoi un film comme Bright peut faire un flop chez les critiques et être un succès commercial] met en exergue la déconnexion entre les critiques de cinéma et le score du public. Que penser de cette analyse ? Cela veut-il dire que les critiques n'ont plus la même idée de ce qui constitue un bon film que le grand public, ou simplement que succès critique et commercial ne vont pas forcément de pair ?

Allan Blanvillain : Succès critique et commercial ne sont jamais allés de pair car le critique reste quelqu'un qui donne son avis, libre au public de le suivre ou non. On n'a jamais eu volonté d'imposer nos goûts à nos lecteurs, on lui fournit juste notre analyse, des clés de compréhension d'une œuvre, mais après, comme le veut la célèbre formule : les goûts et les couleurs... D'autant que Netflix oublie de mentionner que si les critiques ont défoncé Bright, le service a mis le paquet sur la promo (des gigantesques affiches ont été vues partout dans le métro) et qu'entre le journaliste dans son coin et une pancarte géante qui te vend Will Smith sans que avoir à débourser 12 euros au cinéma, le choix est parfois vite fait.

Selon l'article de Quartz, ce que les utilisateurs de Netflix regardent le plus n'est pas ce qu'ils notent le mieux. Comment expliquer qu'ils regardent davantage ce qu'eux-mêmes considèrent comme de moins bonne qualité ?

Je pense que peu de personnes regardent vraiment les notes sur Netflix, personnellement je ne le fais pas. Ce n'est pas ce que la plate-forme mais le plus en avant sur sa fiche. Et puis il faut se méfier de l'effet de curiosité. Bonne ou mauvaise presse, l'important c'est qu'on en parle et Netflix est plus que content d'avoir eu des retours sur Bright car ça a attiré la curiosité : « est-ce si nul qu'on le dit ? Il faut que je regarde ! ». On a eu le même effet au cinéma avec Suicide Squad. Les avis mitigés intéressent peu, mais un film qui fait l'unanimité positivement ou négativement, ça provoque la curiosité.

Finalement, quel est le rôle du critique par rapport au public et comment ce rôle a-t-il évolué ces dernières années ? Informer, prévoir les films à succès, prendre le contrepied de la communication des studios ?

Comme je le disais : le critique n'est là que pour faire parler ses connaissances, son expérience. Le public, en règle générale, voit moins de films que le critique et il sélectionne davantage ce qu'il voit. Un film peut avoir un effet différent si c'est le 100e film du même calibre que vous voyez cette année, ou si c'est la première fois. Et il ne faut pas sous-estimer les rôles des tournées en province dans la campagne de communication. On a vu que des comédies françaises cartonnées lors de leurs présentations parce que le public est peut-être moins sollicité qu'en région parisienne où ce genre d'événements est plus fréquent, donc la présence de l'équipe du film apporte beaucoup à l'appréciation générale. Avec l'arrivée d'internet et des réseaux sociaux, tout le monde peut désormais partager son avis au plus grand nombre, le rôle du critique est donc amoindri. Finalement, on va être davantage attaché à un ton, à une plume, bref au journaliste qui écrit et avec lequel on tombe souvent d'accord, que la critique presse en général. Et puis il y a désormais une « censure douce » des studios qui empêcheront la presse de voir un film en amont de sa sortie s'ils ont peur des retours. Le critique ressemble davantage à un plombier qu'à Dieu : il connaît son métier, mais vous pouvez très bien décider de réparer la fuite vous-mêmes, personne ne vous l'interdira.

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