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Le coup de coeur de la semaine : "Pentagon Papers"
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A chaque fois, ou presque, on se demande comment il fait. Cette fois encore, à 71 ans, et après seulement 10 mois de tournage, il nous offre, avec "Pentagon Papers", un film-somme, passionnant, provocant, superbement réalisé et interprété.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA

« PENTAGON PAPERS » 

DE STEVEN SPIELBERG 

AVEC MERYL STREEP ET TOM HANKS.

RECOMMANDATION : EN PRIORITÉ

 THEME

1971. La rédaction du Washington Post est en ébullition. Son plus important concurrent, le New York Times, vient de publier de larges extraits d’un rapport classé top-secret par le Pentagone. Y sont révélées les manipulations imputables à quatre présidents américains successifs au sujet de la conduite de la guerre au Vietnam. Alors que les gouvernements prétendaient travailler à la paix, on y découvre que l’armée et la C.I.A œuvraient pour aggraver le conflit.

Devant un tel scoop qui, évidemment dope immédiatement les ventes du New York Times, le sang du rédacteur en chef du Washington Post, Ben Bradley (Tom Hanks), ne fait qu’un tour. Il va tenter par tous les moyens de se procurer, lui aussi, ces documents, d’autant que son journal, connaissant d’importantes difficultés financières, ce serait une occasion de le renflouer. 

Va alors commencer une course effrénée pour se procurer ces documents. Va en plus débuter parallèment un combat pour que la propriétaire du quotidien, Katharine Graham (Meryl Streep), accepte de les publier. Car s’agissant de secrets d’Etat, la Maison Blanche risque de réagir, en interdisant tout bonnement le journal. 

Pour Katharine Graham, qui, par ses fonctions, est obligée de composer avec les puissants du pays, cette décision ne sera pas facile à prendre. Grâce à Ben Bradley, elle va finir par comprendre que de la divulgation, ou non, de ces documents, vont dépendre la liberté de la presse, son indépendance, sa fonction de contre-pouvoir et, au delà, le maintien de la démocratie…

 POINTS FORTS

- Le brio et la tension du scénario. Au vu de son sujet, on s’attend à un film historique et corporatiste, où le bras de fer entre l’Etat et la presse va tenir de la reconstitution laborieuse . Là, on se trouve dans un thriller à double détente : une incroyable course journalistique pour dénicher et publier des documents classés « secret–défense », compromettants pour le pouvoir américain, et une passionnante chronique sociale où l’on va voir la première femme au monde directrice d’un journal prendre des décisions cruciales dans un univers encore dirigé par des hommes ! Coup double !

 - Un film qui court après deux lièvres à la fois… Beaucoup se seraient plantés… A soixante et onze ans, Steven Spielberg mène ses deux courses d’une main de maître. Il navigue d’un sujet à l’autre avec une maestria qui cloue le spectateur dans son fauteuil.

-  Si l’action se passe dans l’Amérique des années 70, indirectement, tout nous ramène à celle d’aujourd’hui. Celle de Donald Trump dont on connaît les coups de gueule tonitruants pour tenter d’intimider la presse, celle du scandale Weinstein aussi, qui se solde en ce moment par une vague féministe mondiale sans précédent. Si un film est bien dans l’actualité, c’est  celui-là.

- Dire qu’on sent que Spielberg s’amuse est un euphémisme. Chaque séquence renvoie à son goût pour le jeu. Malgré la gravité de son propos, son film, souvent tourné caméra à l’épaule, est ludique, réjouissant, tonique  et distrayant. On a l’impression que, pour le cinéaste, les journalistes sont les Indiana Jones d’aujourd’hui. Autant dire que son film pourra passionner tous les publics, même ceux qui n’ont jamais acheté un journal de leur vie.

- Autre point fort du film, sa distribution. Elle est emmenée par deux pointures : Tom Hanks, que Spielberg connaît bien pour l’avoir fait souvent tourner (notamment  dans Il faut sauver le Soldat Ryan et  Arrêtemoi si tu peux) et qui, ici, est plus que parfait de flair et de détermination dans son rôle de rédacteur en chef du Washington Post. Et puis, toute nouvelle actrice «  Spielbergienne », l’immense Meryl Streep, qui compose une patronne de presse aussi réfléchie que pugnace et courageuse. Les deux comédiens forment un duo qui restera dans les annales.

 POINTS FAIBLES

 Je n'en vois aucun.

 EN DEUX MOTS

Steven Spielberg affirme qu’il n’est jamais autant inspiré et inventif  que lorsqu’il est bousculé par le temps. CePentagon Papers lui donne raison. Quel autre réalisateur aurait réussi à boucler en seulement dix mois un film aussi  tendu, documenté et abouti ? 

Pentagon Papers est non seulement un formidable divertissement mais une œuvre nécessaire qui secoue les consciences, et démontre qu’une presse libre et indépendante est le meilleur garant de la démocratie. C’est aussi un film qui ressuscite, ce temps béni où les journalistes d’investigation allaient chercher et vérifier leurs informations sur le terrain et non sur Internet, et où personne ne songeait à remettre en cause leur crédibilité.

Pentagon Papers raflera-t-il un ou plusieurs Oscars ?

Ce serait salutaire à l’heure de la revendication des femmes à plus de reconnaissance, et de la recrudescence des attaques contre la liberté de la presse. Quel coup de pied  aussi dans la fourmilière Trump (cette opinion n'engage que moi, évidemment DP!...)

UN EXTRAIT

« Steven (Spielberg) a fait de cette histoire un thriller. Il possède un talent inné pour rendre des évènements historiques actuels et dynamiques. C’est un film qui vous tient en haleine, mais qui vous rappelle aussi que la nécessité de révéler la vérité est une question qui traverse les époques » (Amy Pascal, productrice).

 LE RÉALISATEUR

Né  le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio) dans une famille juive, Steven  Spielberg est l’un des cinéastes les plus emblématiques et le plus influents du cinéma actuel.

 Sauf à n’avoir jamais mis les pieds dans une salle de ciné, ni regardé la télé, il est impossible d’ignorer qui est Spielberg, en 1975, le père du premier blockbuster de l’histoire du cinéma Les Dents de la mer, en 1982, le créateur de E.T. l’Extra-terrestre , en 1984, le cinéaste d’ Indiana Jones et letemple maudit, puis en 1989, celui d’Indiana Jones et la dernière croisade, et encore, en 1993, celui de Jurassic Park, puis en 1998 celui de Il faut sauverle soldat  Ryan, et plus récemment, en 2011, celui de Cheval de guerre, et en 2016, celui du Bon Gros Géant.

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 Parmi ses nombreuses distinctions, ce réalisateur hors norme a reçu trois Oscars, dont deux pour, en 1993, La Liste de Schindler. En 2012, il a en outre dirigé  Daniel Day-Lewis dans Lincoln, pour lequel le comédien emportera aussi un Oscar.

Au total, avec ses films, Steven  Spielberg a rapporté dix milliards de recettes dans le monde entier. Ce qui le hisse au rang du cinéaste le plus rentable de l’histoire du septième art.

Parallèlement  au grand écran, ce réalisateur hors normes poursuit  une riche  carrière à la télévision et soutient plusieurs  causes philanthropiques.

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