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Davos : Emmanuel Macron joue les rock star et s’offre le luxe de dénoncer les risques de l'euphorie. Tout arrive.
©Fabrice COFFRINI / AFP

Atlantico Business

Davos 2018 enregistre un optimisme record chez les dirigeants d’entreprise, mais se voile la face quant aux risques que court la planète.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le forum annuel de Davos n’aura jamais enregistré un climat aussi euphorique quant aux prévisions économiques et cela dans tous les coins de la planète. De quoi être très optimiste certes, sauf que cet optimisme pousse les acteurs à ne pas voir les risques que court le système économique.

C’est sur ces risques qu’Emmanuel Macron, sans craindre de plomber l’ambiance, a voulu insister.  

Les perspectives économiques sont partagées par tous les participants venant de toute la planète. Il faut feuilleter l’étude que fait PWC tous les ans à la même époque pour le forum de Davos et qui analyse le climat des affaires.

Cette 2e édition de ce baromètre révèle trois phénomènes :

1. La majorité des patrons interrogés dans le monde (57%) estime que la croissance devrait encore s’améliorer en 2018. Ils sont donc deux fois plus nombreux que l’année dernière à la même époque. Cette vague d’optimisme déferle sur tous les continents du monde à l’exception de l’Afrique où les prévisions sont plus prudentes et plus sélectives selon les pays.

2. Les pays qui s’annoncent les plus dynamiques sont d’abord les Etats-Unis (59% des patrons sont très optimistes et ils le doivent à Donald Trump dont la politique fiscale pourrait provoquer un véritable choc). Au Brésil, 80% des patrons ont retrouvé le sourire et même plus. Ils sont euphoriques.

3. Les pays qui inspirent le plus confiance aux investisseurs. En tête, les Etats-Unis - encore et toujours, la Chine en deuxième position, puis l’Allemagne, la Grande Bretagne - en dépit du Brexit, et l’Inde qui se hisse parmi les pays les plus crédibles. La France et le Canada sont revenus dans le top 10. Et quand on les interroge sur les raisons de ce retour en grâce, ils répondent que c’est principalement grâce aux nouvelles équipes dirigeantes. Justin Trudeau d’un côté et Emmanuel Macron ressortent comme les dirigeants politiques les plus impressionnants actuellement.

C’est dire si le président français était attendu par le cercle des participants.  Emmanuel Macron n'est pas arrivé à Davos pour se féliciter de ce privilège mais pour utiliser cette légitimité afin de dire quelques vérités que le monde des affaires a tendance à oublier.

La crise rend intelligent certes, et le monde occidental a toujours su s’en sortir sans s’autodétruire. « Mais enfin, dit en substance Emmanuel Macron, si on pouvait prévenir les crises et détecter avant les facteurs de dysfonctionnement, on éviterait bien des dégâts, des douleurs ».

Le marquage des risques vient du fait que l’évolution du capitalisme mondial depuis dix ans a provoqué l’émergence des dérèglements que les acteurs du système mondial n’ont pas voulu voir et corriger. Au contraire, ils en ont parfois bénéficié et profité.  

Le capitalisme mondial a laissé germer trois séries de dysfonctionnements.

D’abord, une aggravation des inégalités à l’intérieur des différents pays entre ceux qui ont profité de la mondialisation et qui se sont enrichis et ceux qui n’ont pas pu prendre le train à temps et qui se sont retrouvés déclassés.

Deux, une accélération du réchauffement climatique qui met en péril l’équilibre même de la planète.

Trois, une montée en puissance des risques au niveau de la cyber sécurité. Le digital génère des bénéfices considérables, mais il met les systèmes en risque parce qu’il ouvre la porte à une nouvelle criminalité porteuse de dangers considérables.

Or, ces risques-là ont toujours existé, mais ils étaient gérables par des systèmes assurantiels. Aujourd’hui, ils sont tellement grands qu'ils ne sont pas gérables par des systèmes d’assurance classique. Les entreprises, elles-mêmes, doivent intervenir parce que leur marché va leur imposer d’agir. Les Etats doivent intervenir parce que ces risques sont mondiaux et ils appellent des régulations et une gouvernance internationale.

Le vrai danger aujourd’hui, c’est que les perspectives sont tellement bonnes que personne ne veut regarder cette réalité-là. En les listant à la face du monde, Emmanuel Macron a jeté un froid.

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