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Pourquoi les flèches de l’opposition semblent toutes se briser sans conséquence sur l’armure du Président Macron
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Intouchable ?

Les Français ont majoritairement une bonne image d'Emmanuel Macron et veulent lui donner du temps. Toutefois l'opposition pourrait se cristalliser plus vite qu'il n'y paraît.

Adelaïde  Zulfikarpasic

Adelaïde Zulfikarpasic

Adelaïde Zulfikarpasic est directrice du département opinion BVA.

 
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Atlantico : Selon un sondage Harris Interactive pour RMC et Atlantico, 78% des Français approuvent la décision d'Emmanuel Macron au sujet de Notre-Dame-des-Landes. Les sondages s'enchainent et il apparait qu'aucune opposition à Emmanuel macron ne semble "prendre" auprès des Français. Comment expliquer cette tendance ? Est-ce simplement le fait que les Français veulent lui laisser du temps ? Que l'opposition est discréditée ? Autre chose ?

Adélaïde Zulfikarpasic : Il y a plusieurs choses. Je veux d'abord commencer par rebondir sur  le sondage sur Notre-Dame-des-Landes. A mon sens je pense que s'il y a une telle adhésion à cette décision, ce n'est pas forcément un sentiment de contentement vis-à-vis de la décision elle-même. Je ne pense pas que les Français voulaient que le gouvernement renonce absolument à la construction de cet aéroport. Je pense plutôt que c'est le fait qu'une décision ait enfin été prise qui a été salué. Peut-être que si décision avait été prise de maintenir l'aéroport en argumentant sérieusement, les Français auraient pu y adhérer aussi. Sans doute dans des proportions moindres mais il me semble que c'est le processus même de décision qui a été salué. C'est un des leviers de l'image positive  de l'image d'Emmanuel Macron et du gouvernement.

Ensuite il faut nuancer le propos sur l'adhésion à Emmanuel Macron. Il y a la question  de la popularité globale de l'exécutif qui est effectivement bonne. Mais quand on regarde plus en détail, les choses peuvent être nuancées. A BVA, nous avons posé un autre indicateur cette semaine qui est un indicateur de soutien à l'action d'Emmanuel Macron qui inclue la dimension de temporalité. Nous avons demandé aux Français  "Est-ce que vous soutenez l'action d'Emmanuel Macron", "Attendez-vous de voir quels seront les résultats" ou "Etes-vous opposé à l'action d'Emmanuel Macron". On s'aperçoit alors que le socle de soutien, ou pas, se fragmente en quatre attitudes. Les soutiens qui ont une bonne image du président et qui disent soutenir l'action d'Emmanuel Macron (16%), les "attentistes bienveillants", soit les gens qui attendent de voir les résultats mais qui ont une image positive (un peu plus du tiers de la population), 17% de Français qui sont des "attentistes dubitatifs", qui sont dans l'attente des résultats et ont plutôt une mauvaise image d'Emmanuel Macron et enfin les opposants qui ont une mauvaise opinion d'Emmanuel Macron et jugent négativement son action. Ces derniers représentent un autre tiers de la population.

Tout cela pour dire que nous ne sommes pas non plus dans une situation où les Français signent un chèque en blanc à Emmanuel Macron.

Pour répondre maintenant à votre question,  chez les soutiens réels et les attentistes bienveillants, lorsque l'on regarde les mots qui sont employés spontanément par les Français dans les analyses qualitatives, il est frappant de voir qu'aucune mesure n'est citée mais qu'il y a des impressions générales sur Emmanuel Macron, des traits de personnalité qui ressortent. Notamment que c'est un président "qui agit" et que c'est bien là l'essentiel. Dans les verbatim on retrouve aussi le fait qu'il "tient ses engagements" qu'il est "réformateur", "dynamique", "jeune", qu'il "imprime un rythme". On note aussi des éléments importants sur le fait qu'il "restaure l'image de la France".

A l'inverse chez les 17% de Français qui sont plutôt "attentistes dubitatifs" et opposants, là on pointe du doigt des mesures comme la CSG, l'ISF ou les APL, tout un verbatim qui vient nourrir l'image d'un "président des riches".

Autre chose qui est assez nouveau : avant l'élection on notait une impatience des Français par rapport à l'obtention de résultats rapides et on dirait qu'il a réussi à gommer cela.  Il a réussi à faire comprendre aux Français que l'action politique et l'obtention de résultats demandaient du temps. J'ai été frappée de voir des gens dire "Je ne suis pas en accord avec sa politique, mais je me donne deux ou trois ans pour juger". C'est énorme.

Quels sont les thématiques les plus sensibles aux yeux des Français qui pourraient marquer un virage dans cette tendance, dans le cas où le Président ferait un faux pas ? 

Chez les détracteurs on sent pointé du doigt la question de la CSG, la question des retraites… Une des thématiques les plus mise en avant par les détracteurs d'Emmanuel Macron c'est la question du pouvoir d'achat. Je pense que cette question va monter en puissance dans les prochains mois. C'est un sujet important pour certaines catégories de population notamment les classes populaires et les classes moyennes. Maintenant qu'Alain Juppé a pris ses distances avec LR peut-être que Laurent Wauquiez pourra avoir une ligne plus claire et pourra se positionner sur le créneau de la défense de ces catégories de population face à un "président déconnecté des réalités".

Peut-être qu'il va réussir dans les prochains mois à se faire entendre sur ce terrain-là et à structurer une opposition sur ce sujet en particulier

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