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"Les Loyautés" : austère, dérangeant, mais d'une amère beauté
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Delphine de Vigan est l'une des femmes-écrivains françaises les plus en osmose avec l'évolution de notre société, dans ce qu'elle a de plus personnel, de plus intime. D'où, sans doute, l'attachement particulier de ses lecteurs et de ses lectrices, attachement que son dernier roman ne pourra que renforcer.

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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LIVRE

LES LOYAUTES

De Delphine de VIGAN

Ed. JC LATTES

208 pages

RECOMMANDATION

EN PRIORITE

THÈME

Hélène, enseignante dans un collège parisien, repère Théo, jeune ado dont elle perçoit le mal-être. Elle sait, elle sent. Elle-même a été victime de violences durant son enfance.

Théo n’a qu’un seul ami, le discret Mathis, dont la mère, Cécile, découvre la face cachée de son mari et vacille. Les deux garçons, à la dérive dans un monde d'adultes trop lourd, vont chercher le réconfort dans l'alcool et expérimenter les vertiges de l’ivresse. 

Les quatre anti-héros se croisent, seuls et tous liés par des secrets qu’ils taisent. Le silence s’impose à chacun des personnages, victimes de la maltraitance, y compris passive.

POINTS FORTS

-        Une très grande maîtrise de l’écriture, nerveuse et précise, comme si le temps était compté.

-        Un roman court et d’une grande intensité. Nous le refermons les tripes en vrac.

-        Il touchera les hyper-sensibles, ceux qui perçoivent dans le regard et qui ont l’intuition de la souffrance malgré les apparences.

-        Les autres seront interpellés sur l’aveuglement et  l’absurdité sociale qui nous conduisent au silence.

-        Tous les maux larvés de notre société nous transpercent : le divorce, l’alcoolisme, la dépression, la déchéance sociale et l’indifférence.

-        Celle qui agit, Hélène, a été touchée dans sa chair. Elle est donc déterminée, même de manière irraisonnée,  à fronder l’éducation nationale, les parents et tous ceux qui préféreraient confortablement se voiler les yeux, ne rien savoir.

-        De tristes constats sur l’impact de séparations violentes de parents, laissant les enfants en détresse et otages de la haine.

-        Egalement, de bien cyniques réflexions sur la méconnaissance de nos proches, sur le mariage: on ne sait jamais vraiment avec qui on vit.

POINTS FAIBLES

Delphine de Vigan nous laisse imaginer la fin de son roman. Certains lecteurs pourront ne pas aimer cette fin ouverte.

EN DEUX MOTS

La loyauté, un joli mot qui pourrait paraitre bien désuet aujourd’hui et qui pourtant devrait être le tuteur de chaque instant de la vie. La loyauté peut, toutefois, s’avérer salvatrice comme elle peut devenir un carcan. Quel est le poids de notre responsabilité ? Jusqu’où aller ?

Delphine de Vigan dresse le tableau d’un monde en turbulence où chacun se débat comme il peut pour vivre ou survivre en choisissant de ne rien dire, souvent la peur au ventre. La loyauté sera celle d’Hélène qui tente de modifier le cours des choses ou celle de Théo qui ne veut pas trahir et s’enivre pour oublier.

Comme dans toute son œuvre, Delphine de Vigan met au centre de son dernier roman, l’enfance douloureuse qui rejaillit sur la vie d’adulte.

Un livre austère, dérangeant mais d’une amère beauté.

UN EXTRAIT

« C’est étrange, d’ailleurs, cette sensation d’apaisement lorsque enfin émerge ce que l’on refusait de voir mais que l’on savait là, enseveli pas très loin, cette sensation de soulagement quand se confirme le pire » page 106

L’AUTEUR

Delphine de Vigan a publié son premier roman, « Jours sans faim » (2001), sous le pseudonyme de Lou Delvig. Elle a, depuis, enchaîné les publications sous son vrai nom. En 2008, elle se distingue avec « No et Moi », récompensé par le prix des Libraires et adapté au cinéma par Zabou Breitman.

En 2009, elle publie « Les heures souterraines », nominé au Goncourt; puis, en 2011, parait « Rien ne s’oppose à la nuit », également en lice pour le Goncourt et récompensé par de nombreux Prix.

Dans chacun de ses romans, Delphine de Vigan décrit les blessures d’adolescence (l’anorexie) et la fragilité psychique (le harcèlement moral, la bipolarité). 

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