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Pourquoi nous sommes en train de perdre la guerre contre le plastique
©REUTERS/Carlos Jasso

Environnement

Malgré la prise de conscience collective sur l'impact des déchets plastiques sur l'environnement et les décisions des Etats et des instances supranationales pour lutter contre ce phénomène, 60% du plastique produit n'est toujours pas recyclé et terminera sa vie dans des décharges ou dans la nature.

Diane Beaumenay-Joannet

Diane Beaumenay-Joannet

Diane beaumenay est chargée de mission lobbying déchets aquatiques et changement climatique chez l’ONG Surfrider Foundation Europe.

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Atlantico : Comment expliquer que, malgré les craintes pour l'environnement et les décisions des Etats ou des instances supra étatiques, l'industrie du plastique soit toujours en forte croissance (+4% par an jusqu'en 2022 selon les prédictions) et que la production de plastique polyéthylène devrait, elle aussi, augmenter proportionnellement ? Est-ce qu'il n'y a pas là une contradiction apparente ?

Diane Beaumenay-Joannet : Il y a effectivement une contradiction apparente car les décisions politiques sur le plan environnemental vont remettre en cause tout le système économique. C’est là que cela devient contradictoire, car les objectifs que l’on se fixe en termes de réduction des déchets et d’émission de gaz à effet de serre vont impliquer que l’on remette en cause le système économique dans lequel nous sommes et qui est fondé sur les énergies fossiles qui permettent de créer le plastique. Et en parallèle de ces décisions, au sein de l’industrie de la plasturgie, tout le monde table sur une hausse de l’utilisation du plastique car ça reste un matériau peu coûteux, facile à manipuler et parfois recyclable. Pour expliquer cette contradiction, il faut comprendre que changer ce modèle économique est une entreprise beaucoup plus longue qu’il n’y parait. On verra l’impact de ces décisions sur le terrain d’ici 10 ou 20 ans.

Face à cela il faut anticiper et penser à l’utilisation de nouveaux matériaux. C’est là que l’économie verte a un rôle à jouer. Les décisions qui sont prises aujourd’hui sur la scène internationale poussent à remettre en cause le système économique sur lequel cette industrie est basée pour passer modèle linéaire à circulaire.

La Commission européenne a présenté son objectif de rendre tous les emballages plastiques recyclables d'ici 2030. Mais est-ce réalisable considérant que nous n'avons pas forcément les infrastructures pour traiter ces déchets ?

La France vient, à travers sa feuille de route de l’économie circulaire, de présenter un objectif de 100% des plastiques recyclables pour 2025. C’est encore plus ambitieux qu’au niveau européen mais dans les deux cas c’est irréalisable. Pousser les acteurs à mettre en œuvre les moyens pour y arriver est une bonne chose mais aujourd’hui il n’y a que trois types de plastique qui se recyclent bien. Le risque c’est que pour atteindre cet objectif on passe sur de la valorisation des déchets. C’est-à-dire incinérer les déchets pour créer de la chaleur. Ce n’est évidemment pas une bonne solution.

Il faut réfléchir pour créer des matériaux recyclables à la base, développer la collecte des déchets et aussi mettre en place des usines pour recycler les déchets et inciter l’intégration de plastique recyclé dans les nouveaux produits. Que le plastique soit recyclable c’est une bonne chose. A condition qu’il soit effectivement recyclé.  Tout cela ne pose pas encore la question de l’utilité du plastique à la base. A-t-on vraiment besoin de tous ces emballages et ne devrait-on pas passer à des emballages qui soient réutilisables plutôt que recyclables ?

Avec 60% des plastiques qui ne sont jamais recyclés à l'échelle globale, quelles autres pistes sont à explorer pour éviter que, d'ici à 2050, il y ait plus de plastique que de poissons dans les océans (comme le conclue une étude réalisée conjointement par la fondation de la navigatrice Ellen MacArthur et le cabinet McKinsey) ?

Il faut faire en sorte que les déchets arrêtent de rentrer dans l’océan. 80% des déchets dans la mer viennent à la base des terres. Nettoyer la mer c’est d’abord impossible et surtout trop tard. Du moment que le déchet est présent dans l’eau il va venir impacter la faune et la flore.

Pour empêcher les déchets d’en arriver là, il faut réduire les déchets à la source et cela implique forcément de repenser d’abord nos habitudes en tant que consommateurs mais aussi nos moyens de production en pensant à la fin de vie des emballages à la réduction de ces derniers avec une possible réutilisation.

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