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Le film de la semaine : "Downsizing"
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Multi-genres, original, ambitieux, décoiffant.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA
« DOWNSIZING »
D’ALEXANDER PAYNE
AVEC MATT DAMON, CHRISTOPH WALTZ, HONG CHAU, CHRISTEN WIIG, ETC…
RECOMMANDATION : EXCELLENT
THEME
Comment éviter l’asphyxie de la planète, lutter contre la surpopulation, réduire les taux de pollution et limiter la production de déchets ? Le réalisateur Alexander Payne propose une solution. Il suggère de rétrécir, considérablement, les hommes. Quand on mesure 12 cm, on consomme forcément moins et donc, logiquement, on pollue moins. Autre avantage, non négligeable, le pouvoir d’achat est forcément  démultiplié. Tout devrait donc aller mieux, mais c’est compter sans la malfaisance inhérente à la nature humaine…
  Pour intégrer le monde si tentant des « miniaturisés », Paul, un ergothérapeute en mal de bonheur et d’argent (Matt Damon) accepte de subir le traitement, irréversible, qui y conduit. Après sa transformation, le voilà qui débarque dans l’univers, apparemment paradisiaque, qu’on lui a annoncé: résidence de luxe, services à tout va, golf à portée de main, beau temps permanent, relations policées, etc… Un monde enchanteur, propre et tranquille, comme en rêvent tant d’américains…
« Leasureland » ( le nom de ce lieu idéal)  va s’avérer être un enfer. A moins d’être lobotomisé, ce qui n’est pas le cas de ces humains rapetissés, vivre sous un plafond de verre se révèle  étouffant. Et ce n’est pas tout : La déconfiture individuelle s’accompagne d’un désastre sociétal. Parce que, même réduite à la taille d’un dé à coudre, une société d’humains reste une société… d’humains, c’est-à-dire faillible. Elle  continue de générer des inégalités, du cynisme et de la corruption. La belle utopie va s’écrouler. De comédie de science-fiction, Downsizing va virer au conte politique. 
POINTS FORTS
- L’idée de départ du film : la miniaturisation des hommes pour retarder la mort de la planète terre. L’écologie comme moteur d’un film d’anticipation… Mêmes les plus réfractaires à la science-fiction accrochent, surtout si comme ici, le ton (au moins au début du scénario) est celui de la comédie…
- La construction même du film, qui relève des règles du billard à trois bandes. Downsizing commence comme un film de science-fiction, rebondit sur la fable sociale, vire à la satire politique et se termine comme un conte nihiliste. Quel doigté scénaristique !
- Les effets spéciaux sont à la hauteur de l’ambition du film. On est dans un film d’anticipation, mais les humains, même réduits, gardent figure humaine. Chaque séquence paraît ancrée dans la réalité.
- La distribution est plus qu’épatante. Enlevée par Hong Chau, formidable d’énergie, de vivacité et de drôlerie dans un personnage de réfugiée vietnamienne clandestine, elle est surtout dominée par un Matt Damon impérial. Dans son rôle d’américain moyen, le comédien est fascinant… d’humanité et d’humilité. Cet acteur là peut décidément tout jouer, même les plus modestes anti-héros.
POINTS FAIBLES
Abordant plusieurs genres, Downsizing n’entre dans aucune case précise. Il risque donc de dérouter certains  spectateurs.
EN DEUX MOTS
On savait le réalisateur de The Descendants et de Monsieur Schmidt talentueux. Mais avec ce film, il se surpasse. On s’installe dans son fauteuil, on attache sa ceinture et en route, pour « le grand huit », qui va nous faire monter à la vitesse grand V au Nirvana (un monde idéal ), puis nous précipiter dans l’enfer des sociétés ravagées par… les dégâts collatéraux du progrès. On est ailleurs, demain peut-être, mais en même temps aujourd’hui puisque tout paraît vrai. On sort de ce fabuleux  voyage, à la fois diverti et anéanti.
UN EXTRAIT
« Je ne connaissais pas Alexander Payne, si bien que lorsqu’il m’a raconté le principe du film, je ne savais pas s’il était sérieux ou pas. Je me suis demandé s’il n’était pas en train de me piéger !… J’ai pourtant accepté le rôle sans même lire le scénario, parce que très franchement, je pourrais lire l’annuaire téléphonique pour Alexander. Je n’ai jamais vu un seul acteur mal jouer dans un de ses films. Et  maintenant que j’ai tourné sous sa direction, je me rends compte que ce n’est pas un hasard. Il a… une telle vision de son film, que s’il dit que la prise est bonne, on sait qu’il a raison ». (Matt Damon, comédien).
LE RÉALISATEUR
Né le 10 février 1961 à Omaha dans une famille d’origine grecque, Alexander Payne est l’un des plus brillants scénaristes et réalisateurs américains.
Diplômé d’histoire et de littérature espagnole, titulaire aussi d’une maitrise de cinéma, il réalise son premier long métrage en 1996. Citizen Ruth, une comédie satirique qu’il tourne dans sa ville natale, vaut à son actrice principale, Laura Dern, le prix d’interprétation au Festival de Montréal.  Suit, en 1999, une autre satire, l’Arriviste, avec notamment Reese Witherspoon, qui se soldera aussi par un joli succès public.
 En 2001, il lâche la caméra pour se consacrer à l’écriture du scénario de Jurassic Park 3 de Joe Johnston, mais, dès l’année suivante, il reprend la réalisation pour Monsieur Schmidt, un drame qui permet à son rôle titre, Jack Nicholson, de remporter le Golden Globe du meilleur acteur (catégorie drame). Lui même et son co-scénariste Jim Taylor empochant celui du meilleur scénario. Cette équipe gagnera la même récompense en 2005  pour Sideways, le voyage mouvementé de deux amis sur la route des vins.
En 2011, il signera The Descendants, et en 2013, Nebraska.
Depuis plusieurs années, il siège au Conseil d’administration  de la Film Foundation et de Film Streams, cinémathèque d’Omaha.
Downsizing est le septième long métrage de ce cinéaste souvent sollicité pour être juré dans les festivals internationaux de cinéma.
ET AUSSI
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1 « NORMANDIE NUE » DE PHILIPPE LEGUAY- AVEC FRANÇOIS CLUZET, TOBY JONES, FRANÇOIS XAVIER DEMAISON, ETC…

C’est  l’histoire du maire d’une petite commune rurale de la Sarthe  (François Cluzet ) qui ne sait plus quoi inventer pour faire entendre  le désespoir de ses administrés, happés par la crise… Mais voici qu’un jour, un photographe conceptuel qui déshabille les foules, passe par son village. Et si on mettait tout le monde tout nu ? Il n’y aurait pas mieux pour attirer l’attention ! Mais certains vont ruer dans les brancards. « On est déjà à poil, va dire un habitant. Pourquoi voudriez-vous qu’en plus, on se dénude ? ».
 Après le formidable Petit Paysan de Hubert Charuel, voici abordées encore une fois, encore dans une fiction  pour le grand écran, les difficultés des agriculteurs, mais, ici, le ton est celui de la comédie. Cela dit, Philippe Leguay étant un cinéaste-citoyen, la cocasserie de son film et la drôlerie de ses dialogues n’édulcorent pas le message, politique et écolo, qu’il veut faire passer.
 Même si ce  Normandie nue souffre ici et là de lourdeurs,  on le savoure avec plaisir. Sa photo est splendide, son ambiance, chaleureuse. Comme à son habitude, François Cluzet habite magnifiquement son rôle de maire jovial et dévoué. Quant Grégory Gadebois, il est, sans surprise, à tomber, dans un personnage secondaire de boucher amoureux. Normandie Nue, un grand bol d’air frais !
RECOMMANDATION : BON

2 « UNE AVENTURE THEATRALE- 30 ans de décentralisation », de Daniel Cling.

En cette année du soixante-dixième anniversaire de la décentralisation dramatique, voici  un documentaire qui devrait emballer tous les passionnés de l’histoire du  théâtre. En 100 minutes chargées de sens et d’images fortes, il retrace et fait revivre les trente premières années de ce mouvement sans précédent, qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, permit d’apporter le spectacle vivant à ceux qui en étaient éloignés ou exclus. 
Quelle épopée! Il est impossible de nommer ici tous ceux qui, acteurs, metteurs en scène, techniciens, politiques… y participèrent.  Mais ce qui ressort de leurs témoignages et de leurs souvenirs, c’est la force et la beauté  de leur engagement. Ces Croisés de la « décentralo » avaient tous la foi chevillée au corps, croyaient au collectif et à la vertu des beaux textes. Le bling bling n’avait pas encore tout balayé, ni, la rentabilité, tout gâché.
C’est, par moments, un peu trop didactique ? Qu’importe ! La force, majuscule, de ce documentaire l’emporte sur ses défauts, qui en deviennent minuscules, et donc bénins. Et puis, revoir et réentendre des personnalités comme Jacques Ralite, Pierre Debauche, Jacques Lassalle, ou encore Françoise Bertin, l’émotion est là, qui submerge.
Le film ne sort  pour l’instant que dans quelques salles, mais il va faire un tour de France dans les théâtres et Maisons de la Culture. Surveillez leur programmation.
                                            RECOMMANDATION : BON

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