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"Le livre de ma mère" : l'essentiel à travers un cri d'amour
©Reuters

Atlanti Culture

La vie, la mort, vécues à travers l'un des plus beaux cris d'amour jamais adressés à une mère. Patrick Timsit est l'interprète respectueux et sensible d'une adaptation sobre, fidèle et très émouvante du chef d'oeuvre d'Albert Cohen, "Le livre de ma mère".

Véronique Smée

Véronique Smée

Véronique Smée est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THEATRE

LE LIVRE DE MA MERE
D'Albert COHEN
Mise en scène: Dominique PITOISET
Avec Patrick TIMSIT

INFOS & RESERVATIONS 

Jusqu’au 13 mars

du mardi au samedi à 19h et le lundi 12 mars à 19h.
Relâche du 7 au 22 janvier 2018.
Réservations : 01 46 06 49 24 

www.theatre-atelier.com

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris

RECOMMANDATION

EXCELLENT

THÈME

Paru en 1954 chez Gallimard, douze ans avant "Belle du Seigneur", ce chef d’œuvre d’Albert Cohen est le témoignage d’un fils sur la relation d’amour qu’il entretient avec sa mère, qui n’a vécu que pour et par son fils.

Ingrats et égoïstes, « les fils ne savent pas vraiment que leur mère mourra, ils se fâchent et s’impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis ». Ainsi Albert Cohen résume-t-il cet amour singulier et exclusif. 

"Le livre de ma mère" est aussi le livre des regrets, des remords trop tardifs et de la culpabilité qui rongea l’auteur jusqu’à la fin de sa vie.

POINTS FORTS

 - Si "Belle du Seigneur" a pu sembler d’un accès difficile à certains lecteurs, "Le livre de ma mère" saisit d’emblée par la beauté et la simplicité du texte et par son thème, universel et inépuisable. Bouleversant par sa sincérité et sa noirceur, ce récit va bien au-delà de ce qu’il décrit en apparence pour affronter les tabous, le désespoir et l’impasse d’une relation vécue à l’exclusion du reste.

- La mise en scène, sobre et sans artifices inutiles, restitue avec justesse la merveilleuse épure du propos, qui constitue le génie de ce livre.

- Le rythme et le ton passent subtilement du plus léger au plus grave des passages choisis, fidèles en cela aux émotions qui émanent du livre.

POINTS FAIBLES

- Patrick Timsit sert indéniablement le texte d’Albert Cohen avec retenue. Peut-être s’efface -t-il trop d’ailleurs, malgré certains passages joués avec une gravité qui bouleverse.

- La fin est trop longue et perd l’intensité du spectacle, qui s’achève sur une  note qu’on espérait plus percutante.

EN DEUX MOTS

Aussi immense et magnifique soit-il, l’amour donne-t-il des droits sur autrui, et à autrui ? Les fils tant aimés ont-ils le droit, comme le raconte Albert Cohen, de faire attendre leur mère trois heures sur un banc, dans le froid et la nuit, parce qu’ils sont « retenus par une blondeur » ? Il se hait de voir sa mère habituée à ses retards (« servante et pauvre poire »), mais ce droit lui a été donné, inconditionnellement…

Au-delà de cette relation inextricable et tragique, Albert Cohen nous livre une terrible vérité : l’amour des mères est immortel et en cela, éternellement supérieur aux autres.

UN EXTRAIT

Ou plutôt trois : 

- "Avec les plus aimés, amis, filles et femmes aimantes, il me faut un peu paraître, dissimuler un peu. Avec ma mère, je n’avais qu’à être ce que j’étais, avec mes angoisses, mes pauvres faiblesses, mes misères du corps et de l’âme. Elle ne m’aimait pas moins. Amour à nul autre pareil."

- "Devant cette glace je m’interroge, je ne peux pas comprendre que ma mère ne soit plus, puisqu’elle a été."

- "Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte".

L’AUTEUR

Albert Cohen, né en 1895 à Corfou (Grèce), a fait ses études secondaires à Marseille et ses études universitaires à Genève, où il fut ensuite attaché à la division diplomatique du Bureau international du travail. A Londres, pendant la guerre, il a été conseiller juridique du Comité intergouvernemental pour les réfugiés et sera nommé directeur d’une institution spécialisée des Nations Unies en 1947. En 1957, il refuse d'occuper le poste d'ambassadeur d'Israël, pour poursuivre son activité littéraire.

Il connaît son premier succès littéraire avec Solal (1930), roman salué par la critique et traduit dans de nombreuses langues, et premier d’une tétralogie ( Mangeclous publié en 1938 suivi par Belle du seigneur en 1968 et Les Valeureux en 1969). 

Le Livre de ma mère paraît en 1954; c'est un thème qu'il évoquera une nouvelle fois dans ses Carnets (1978).  

Albert Cohen a reçu le Grand Prix de l'Académie Française pour "Belle du Seigneur" et a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1970. Il est décédé le 17 octobre 1981, à 86 ans.

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