Le web français pourrait-il finir par être autant surveillé que le web anglais ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Le web français 
pourrait-il finir par être 
autant surveillé que le web anglais ?
©

Tour de Manche

Le gouvernement britannique étudie la possibilité de surveiller les communications électroniques et téléphoniques ainsi que les consultations de sites Internet de tous ses ressortissants. Une telle procédure serait-elle possible en France ?

Antoine Chéron

Antoine Chéron

Antoine Chéron est avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM.

Son site : www.acbm-avocats.com

Voir la bio »

Le Sunday Times a annoncé le 1er avril dernier que le gouvernement britannique se prépare à légiférer sur la possibilité pour la police et les services de sécurité, de surveiller les communications électroniques et téléphoniques, ainsi que les consultations de sites internet de tous ses ressortissants. 

Poisson d'avril ? Pas sûr. Cette annonce suscite de nombreuses réactions car, outre la généralisation de cette mesure à tous les individus, il n’est prévu aucune d’obligation de recours préalablement au juge.

Le gouvernement britannique tient à préciser que seules les données de communications seraient collectées, à savoir l’heure, la durée, l’identité des personnes communiquant, les numéros de téléphone ou adresses mail, ainsi que les informations sur l’ordinateur d’envoi. En revanche, le contenu de la conversation ne ferait pas l’objet de surveillance.

Ainsi, et sous couvert de lutte contre la criminalité et le terrorisme, le gouvernement britannique fait un pas de plus vers l’Etat espion, justifiant des atteintes à la liberté et à la vie privée, dépassant le seul cadre des criminels et terroristes.

Quid d’une telle procédure en France

Au regard de l’actualité française des dernières semaines, marquée par les tueries de Toulouse et Montauban, sur lesquelles plane une ombre terroriste, il est légitime de se demander si la position britannique pourrait être suivie par la France.

Outre l’interrogation du point de vue moral et éthique d’une telle atteinte à la vie privée, se pose la question des moyens techniques et financiers pour mettre en œuvre un tel processus.

En effet, le passage de la simple collecte de données en vue de leur stockage à titre préventif, à celui de leur exploitation en temps réel, ne pourra se faire sans des aménagements d’envergure. A cela devra certainement s’ajouter un renforcement de la sécurisation des bases de données, alourdissant un peu plus la facture.

En Grande-Bretagne, l’installation d’un appareil informatique, appelé Hardware, permettra aux services du Government Communications Headquarters (GCHQ) d’avoir accès immédiatement à l’ensemble des communications électroniques transitant en Grande-Bretagne.

La charge d’un tel système de surveillance devrait incombée aux Fournisseurs d’accès à internet (FAI), dont les clients ressentiront probablement les répercutions.

Or de tels investissements sont-ils justifiés au regard de la minorité que représentent les terroristes et autres grands criminels au sein de la population, et partant, sur les médias sociaux ? Il est par ailleurs fort probable que les individus suspectés recourent au cryptage et autres techniques de préservation de l’anonymat, amoindrissant ainsi l’efficacité du processus de surveillance.

En France, Nicolas Sarkozy a annoncé sa volonté de renforcer l’arsenal pénal, en réprimant la consultation de sites internet extrémistes. Consultation ne voulant pas dire action, un tel texte porterait également atteinte à la vie privée et à la liberté d’expression.

Il n’est cependant pas encore prévu en France, pays des droits de l’homme qui plus est, de pousser le curseur aussi loin que les britanniques, circonscrivant la surveillance aux échanges extrémistes identifiés.

Ce projet de loi sécuritaire britannique ne devrait être présenté officiellement que le 9 mai prochain lors d’un discours de la Reine Elisabeth. Il pourrait ne s’agir là que d’un feu de paille, sachant que des précédentes tentatives avaient eu lieu en 2006 sous le gouvernement travailliste en 2006, mais n’avaient pas vu le jour face à une forte opposition.

Il ne reste plus qu’à espérer que la fiction du Big Brother du roman de George Orwell, « 1984 », ne devienne pas une banale réalité.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !