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Le Mali peut-il entraîner toute la région dans la crise
par effet domino ?
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Le maillon faible

Alors que les Touaregs ont annoncé l'indépendance du nord du Mali vendredi, le pays semble s'enfoncer dans la crise. Les groupes de rebelles et les mouvements islamistes se mélangent dans une insurrection entretenant les trafics régionaux. Le Mali, pourrait entraîner le reste du Sahel dans sa chute.

Alain Antil

Alain Antil

Alain Antil est chercheur et responsable du programme Afrique subsaharienne à l’IFRI.

Il enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille et à l'Institut Supérieur Technique Outre-Mer (ISTOM).

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Atlantico : Dans quelle mesure la crise qui est en train de frapper actuellement le Mali est une crise régionale, plus que nationale ?

Alain Antil : Même si la crise comporte d’évidentes composantes régionales (impact de la crise libyenne, présence au Mali d’un groupe terroriste transnational [Aqmi], soutien d’un pays voisin à la rébellion, flux de trafics traversant le territoire malien…) cette crise est avant tout une crise nationale. Une crise du « vivre ensemble », car les Touaregs en sont à leur quatrième rébellions depuis l’indépendance, une crise de l’Etat malien ne pouvant offrir la sécurité et un minimum de services à certaines populations marginalisées, au nord comme au sud, et enfin une faillite de l’armée malienne. Institution fragile, incapable d’assurer le contrôle de ce vaste territoire, dans laquelle les militaires et les officiers subalternes se sentaient parfois très éloignés des officiers supérieurs, dont certains éléments étaient particulièrement corrompus.

Doit-on craindre des conséquences directes sur la stabilité des pays voisins ? Peut-il y avoir un effet domino qui frapperait le Niger, l'Algérie, la Mauritanie, le Burkina Faso, Sénégal et même la Libye ?

Le pays qui semble le plus fragile aujourd’hui est évidemment le Niger, dont le territoire est entouré de trois foyers de tensions (Nord-Mali, Sud-Libye, Nord-Nigeria avec Boko Haram), même si le pouvoir est plus solide en raison de sa légitimité (élection récente et non contesté du président Mamadou Issoufou). Le Tchad est également très fragile et pourrait être impacté encore plus par les tensions du sud de la Libye. Pour les autres pays, même s’il n’y aura pas d’effet domino, la sécurité sur leur territoire pourrait être affectée par l’installation dans la durée d’un Nord-Mali incontrôlé, par les autorités maliennes comme par le MNLA. La circulation de mouvements salafistes (les différentes katibat d’Aqmi, Ansar Dine et le MUJAO) conjuguée à celles des groupes de bandits armés et de milices tribales ou ethniques d’autodéfense est un cocktail qui ne peut évidemment qu’inquiéter les pays riverains.

Que peut faire la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDAO) ? Comme pour la crise ivoirienne fin 2010, on évoque la mise en place d'une force militaire. Peut-on imaginer un force militaire africaine comparable à celle mobilisée au Libéria en 1997 sous le nom Ecomog ?

Avant d’envoyer des militaires, la CEDEAO doit, mandatée et appuyée par toute la communauté internationale et en particulier les pays riverains, contribuer au retour d’un pouvoir à Bamako disposant d’une vrai légitimité. L’idée de proposer aux putschistes la venue d’un pouvoir civil de transition où le président de l’assemblée nationale remplacerait le président de la République renversé est plutôt intelligente. On peut par contre être plus réservé concernant l’embargo, qui risque d’affecter des populations déjà très fragiles économiquement. Pour l’instant, sauf erreur de ma part, la CEDEAO n’a pas dit précisément quelle serait la mission de la force militaire. Il est donc difficile de juger.

La France soutenait activement une dizaine de pays riverains du Sahel dans leur lutte contre les groupes armés et les mouvements terroristes de la région. La France-a-t-elle une responsabilité et a-t-elle un rôle à jouer dans la recherche d'une sortie de crise au Mali ?

Aucun des acteurs de la crise (nationaux et régionaux) n’a appelé clairement la France à intervenir pour l’instant. Paris a annoncé qu’il soutiendrait logistiquement, le cas échéant, une intervention de la CEDEAO et a déjà porté la question malienne à l’agenda du conseil de sécurité de l’ONU. Paris sera, que la voie diplomatique ou militaire soit utilisée, une partie prenante importante du règlement de cette crise ou, au pire, de son containment.

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