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G20 : les grands argentiers du monde préparent l’exécution du bitcoin
©Reuters

Atlantico Business

Premier coup de semonce avec la faillite d’une plate-forme de change en Asie... la confiance se fissure. Les argentiers du monde préparent l’exécution du bitcoin.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le bitcoin a dévissé cette semaine après l’annonce d‘une faillite de la plateforme Youbit, en Corée du sud, qui a été piratée. L‘avenir des crypto-monnaies n’est sans doute pas bouché, mais celui du bitcoin, lui, est bien compromis. Les banquiers centraux et les ministres des finances du monde entier semblent décidés à stopper la spéculation sur le bitcoin et autres cryptomonnaies avant que cette folie n’entraine une nouvelle catastrophe mondiale en ruinant les épargnants les plus naïfs et donc les plus fragiles.

Rien ne semblait arrêter la course folle de cette monnaie invisible, inexplicable, venue de nulle part mais passionnant de façon maladive une partie de la planète Geek.

Le bitcoin est né dans le cerveau de quelques geeks géniaux, au lendemain de la crise des subprimes qui avait bloqué le marché interbancaire après la faillite de Lehmann en septembre 2008. Il s’agissait de créer une monnaie d’échange qui échappe à toute régulation officielle, donc à tout risque de difficulté de la part d’un régulateur, d’un Etat ou d’un établissement financier. Le bitcoin est donc issu d’un contrat de confiance entre un acheteur et un vendeur qui se mettent d’accord. La transaction est enregistrée. L’ensemble des transactions est enregistré sur « une blockchain » qui matérialise la réalité du marché.

Cette cryptomonnaie a séduit beaucoup d’agents économiques qui se sont mis au bitcoin.

Les pur players y ont vu le moyen de participer à un système mondial affranchi de toute contrainte, capable d’engendrer un monde nouveau.

D’autres ont profité de ce système pour blanchir de l’argent un peu sale, issu d’activités peu convenables à l’abri des règles, du fisc et de la morale élémentaire.

Certains, enfin, y ont vu le moyen de spéculer sur cette mode. La demande étant supérieure à l’offre, la valeur du bitcoin a grimpé ces dernières années dans des proportions invraisemblables, jusqu'à 17 000 dollars le bitcoin et on parle maintenant de la barre des 20 000. La spéculation s’est même étendue à quelques produits financiers libellés en bitcoins. Sans parler de l’emballement absolu dont ont bénéficié quelques sociétés digitales, dont l’activité avait un rapport plus ou moins direct avec les cryptomonnaies ou la blockchain. Les limites du raisonnable ont donc été franchies au point d’inquiéter les autorités. Parce qu’il est bien évident que la bulle sur le bitcoin ne pourra qu‘éclater.

Très simplement, on peut recenser trois raisons pour lesquelles la fête du bitcoin approche de la fin.

1er raison : la confiance collective peut se fissurer naturellement parce qu’un agent peut avoir des difficultés à trouver une contre partie et que la nouvelle peut se répandre très vite sur le net.

2e raison : les plateforme d’échange peuvent faire faillite. C’est ce qui s’est passé cette semaine en Asie. Cette faillite n’a pas provoqué de panique systémique parce que son volume était modeste, mais elle a quand même entrainé une baisse du prix.

3ème raison, beaucoup plus rédhibitoire. Il suffirait que les gouvernements interviennent non pas pour bloquer les transactions, mais tout simplement pour interdire les plateformes et les applications de change. C’est ce que vient de faire la Chine pour empêcher l’évasion de fortunes. Le bitcoin en Chine a rencontré un succès considérable. D’abord, parce qu’une grande partie de la population n’est pas bancarisée et, n’étant pas bancarisée, elle utilise les smartphones pour faire des transactions via des plateformes numériques.

Mais surtout, les autorités chinoises se sont aperçues que le bitcoin facilitait l’évasion de capitaux. Le chinois riche avait compris qu en changeant sa fortune en bitcoins, il passait à travers les filets du contrôle des autorités bancaires. Une fois converti en bitcoins, il pouvait transférer son compte à l’étranger et le changer en dollars ou en euros. Il avait contourné le contrôle des changes. Les autorités chinoises ont donc fermé les sites et les applications de changes en bitcoins.

A l’image de ce qu’ont fait les chinois, Bruno Le Maire, le ministre français des finances, veut proposer aux membres du G20 (ou du G7) qu’ils prennent ensemble la décision d’interdire les plateformes et cela en sera fini du bitcoin. La seule menace de fermer les applications digitales suffirait à dégonfler la bulle.

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