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Emmanuel Macron ouvre la trêve des confiseurs dans une causerie au coin du feu
©Capture d'écran / NBC

Dormez tranquille, je veille pour vous

Dans un entretien qui montre qu'une fois de plus la communication est chose sacrée à l'Elysée, Emmanuel Macron s'est livré à un étrange exercice d'auto-promotion.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Ceux qui en doutaient encore, ne peuvent plus ignorer dorénavant qu'Emmanuel Macron maitrise parfaitement l'art de la communication et qu'il aime s'inspirer de celle de Barack Obama .L'ancien président américain s'était livré à un exercice comparable peu après son entrée à la Maison Blanche . Au nom de la transformation-révolution qui doit marquer son l'ère élyséenne d'Emmanuel Macron, l'interview politique du Président de la République a mué en aimable et déférente causerie au coin du feu...Mais pas question cependant pour un président qui s'active sur tous les fronts 20H sur 24 pour " son peuple", de s'asseoir devant la cheminée. C'est plan-plan et figé. Va donc pour l'entretien debout, mieux, en déambulation à travers le Palais de l'Elysée vidé de ses occupants habituels, et le montre lui tout seul, lui, ce "président de 39 ans qui n'avait aucun parti, que personne ne connaissait, et qui sortait de nulle part ", avec qui la France a stupéfait l'Europe et le Monde" en l'élisant...

On l'a compris, cette formule ne se prête pas à l'interview "serrée", avec des relances précises sur les sujets évoqués. Ajoutez à cela les ciseaux du montage, car l'entretien a été enregistré le 12 décembre après le Sommet sur le Climat, et cela donne au final un dialogue pas désagréable, ni inintéressant à écouter ou à regarder, mais parfaitement lisse, autrement dit totalement dénué de la moindre question embarrassante...A travers cet entretien, il s'agit aussi, pour Emmanuel Macron de montrer que sa parole échappe à la pression du temps puisque l'entretien a été enregistré mardi dernier ..

Un tel exercice n'est pas davantage destiné à des annonces chiffrées, mais à faire passer des messages; et ceux-ci ont été abondamment relayés sur les réseaux sociaux par les "Marcheurs" qui ont beaucoup twitté et retwitté la phrase : "Je fais ce que je dis ,ça étonne peut-être, ça en contrarie d'autres... ça fait longtemps que ce n'était pas arrivé" , ou encore cette (auto)célébration de la réforme du code du Travail : "J'ai fait la réforme la plus importante que la France a évitée pendant vingt ans". Ils se sont montrés plus discrets à propos des questions climatiques, pourtant prétextes de l'entretien. Emmanuel Macron , qui n'était pas "activiste du climat depuis des décennies",(-mais qui l'est un peu devenu par la force des choses), a rappelé quelques vérités que les écologistes n'aiment pas entendre, à savoir que certaines mesures prétendument écologiques augmentent le bilan carbone. Et s'il "souhaite fermer les centrales à charbon au cours de son quinquennat", les centrales nucléaires ne fermeront que si elles peuvent être compensées par des énergies renouvelables, car les centrales nucléaires "ne contribuent pas à l'augmentation du bilan carbone .Par conséquent gardons les, rénovons les mêmes", a -t-il lancé au grand dam des Ecolos . Au premier rang de ceux qui ont du mal à entendre ces vérités mais sont bien obligés de les assumer, le Ministre d'Etat chargé de la transition écologique Nicolas Hulot, qui ne cache pas ses états d'âmes, tout en apprenant les contraintes du pouvoir et en s'y pliant ." C'est un inquiet, c'est pour ça que je l'ai choisi parce que j'ai besoin de gens qui vivent dans le creux de leur ventre la nécessité de changer, de prendre des décisions, d'aller les expliquer, et de faire" analyse froidement (cyniquement ?),le chef de l'Etat. On le comprend, Emmanuel Macron pratique le management par le stress. Et Nicolas Hulot est l'un des ministres les plus exposés et peut-être le plus sensible. Si Emmanuel Macron fait ce qu'il dit , il devrait " faire" l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, lui qui avait déclaré pendant la campagne électorale "qu'il y a eu un vote .Mon choix, je le dis, très clairement, c'est de le respecter"...Et Nicolas Hulot devrait alors avoir très mal au ventre ...Mais rien n'est décidé .De cette interview on retiendra encore le très grand réalisme à propos de la Syrie :" la guerre contre l'EI sera gagnée d'ici mi-février" , et "on parlera avec des représentants de Bachar al Assad" mais ce dernier "devra répondre de ses actes".

Quant à l'opposition il n'en a guère été question si ce n'est pour balayer les déclarations de Laurent Wauquiez qui avait accusé Emmanuel Macron d'avoir " la haine de la province". Réponse du Président :"ça dit la haine qu'il a de votre serviteur; ça n'apporte rien au pays. Qu'il vive avec, ça fera son quotidien". 

Prochaine étape, les voeux ? Pour le moment Emmanuel Macron n'a pas encore fait savoir s'il présentera-t-il ses voeux à son peuple le soir du 31 décembre, ou s'il préfère une autre formule. Barack Obama, lui présentait ses voeux de Nöel aux Américains en compagnie de son épouse, Michelle ....

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