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Et voici les "non-souchiens" que nous aimons tant : Hallyday, Finkielkraut, Aznavour, Gainsbourg et tant d'autres
©Capture BFMTV

Y'a-t-il plus français qu'eux?

On ne parle pas assez d'eux. Et beaucoup trop des autres.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Finkielkraut se fait copieusement insulter. Il en a l'habitude. Il est l'homme que nombre de gens aiment haïr. Le philosophe a eu le malheur de relever qu'aux obsèques de Johnny Hallyday il n'y avait que des "blancs", des "souchiens" pour reprendre l'expression infâme  forgée par Houria Bouteldja des Indigènes de la République.

La banlieue en effet n'y était pas. Elle a d'autres idoles. Des rappeurs dont je me suis appliqué à ne pas retenir les noms. Pas par mépris. Par indifférence. Face aux injures le philosophe a jugé nécessaire de rappeler qu'il était lui-même un "non-souchien". Une occasion  pour parler enfin des "non-souchiens" qui font honneur à leurs origines, à la France et qui ont honoré la France par leur talent et leur attachement. Finkielkraut en effet est un Juif polonais. Comme Georges Charpak, prix Nobel. Comme Goscinny, le père d'Astérix. Comme Jean Ferrat.

Johnny Hallyday, lui, était belge. Comme Marguerite Yourcenar, première femme à siéger à l'Académie Française. Académicienne également, l'Algérienne Assia Djebar. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor eut également un fauteuil quai Conti.

Encore un académicien : Joseph Kessel, Juif russe. Serge Gainsbourg était de la même origine que lui. Deux Arméniens maintenant : Missak Manouchian, héros de l'Affiche Rouge et Charles Aznavour. Des prix Goncourt : le Russe Andreï Makine et André Schwarz-Bart pas très français non plus.

Un Espagnol : Pablo Picasso. Des Italiens : Emile Zola et Max Gallo. Des métèques, des ritals, des juifs, des espingouins… Tous ont donné le meilleur d'eux-mêmes au pays qui les avait accueilli. Et tous avaient choisi la plus belle des patries qui soit : la langue française.

Tous des immigrés ou des descendants d'immigrés qui n'auraient jamais accepté qu'on puisse dénigrer ou détester la France, terre d'accueil, terre d'asile. Finkielkraut –revenons vers lui- est évidemment de ceux-là. Qu'on lui fasse un procès pour avoir constaté l'absence de certains aux obsèques de Johnny Hallyday témoigne du degré d'abaissement de notre débat public.

Il y a de cela plusieurs années quand la France remporta la Coupe du monde de foot une foule enthousiaste envahie les Champs Elysées. La banlieue était là, massivement représentée. Un chœur énamouré s'éleva pour chanter la beauté de la "France Black Blanc Beur". On avait alors le droit de s'enthousiasmer sur leur présence. Pourquoi n'aurait-on pas le droit aujourd'hui de constater leur absence ? 

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