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Les haletants derniers mètres de la première ascension de l’Everest sans oxygène en moins de 24 heures
©© DLR

Bonnes Feuilles

26 septembre 1988, camp de base de l'Everest. Marc Batard ne le sait pas encore, mais il est sur le point de devenir une légende, le seul à avoir grimpé l'Evrest en moins de 24h, et ce sans oxygène. Frédéric Thiriez, dans son livre "Marc Batard, fils de l'Everest", publié chez First Editions, nous fait suivre le "Sprinteur de l'Everest".

Ambiance morose au camp de base sous la neige… L’expédition Boivin attend des jours meil- leurs, les Catalans et les Coréens aussi. Et Marc s’interroge, se demandant s’il doit essayer une troisième fois ou préparer le prochain objectif.

La face sud du Lhotse (8 511 m) est là, devant ses yeux… moins médiatique, peut-être, que l’Everest en moins de vingt-quatre heures, mais jamais faite en solitaire ! « Je dois revenir avec un exploit à monnayer, sinon je suis mort47 », se dit-il, faisant le compte de ce qu’il a dû emprunter pour partir…

Finalement, ce sont les faits – disons le destin – qui décideront ! D’abord, au camp de base, ceux qui voyaient son projet avec un œil pour le moins sceptique sont désormais convaincus qu’il peut réussir : « La troisième sera la bonne, Marc ! Good luck! » Ensuite, les nouvelles vont assez vite de Katmandou à Paris, et Marc reçoit nombre d’ap- pels de journalistes, de partenaires ou simplement d’amis qui viennent aux informations et l’encou- ragent à continuer. Enfin et surtout, l’expédition Boivin s’apprête à remonter vers les camps d’alti- tude… Ce serait tout de même vexant qu’il arrive au sommet avant moi, se dit-il en bon compéti- teur ! D’autant que, cerise sur le gâteau, la météo se montre à nouveau clémente. C’est parti !

Le dimanche 25 septembre, vers 17 heures comme les fois précédentes, il part en direction de la cascade de glace puis remonte la combe ouest, seul. À minuit, il a rejoint Iman au camp à 7 200 m, dort trois heures et repart, éclairé par la Lune. À 8 heures, arrivé au col sud, il ressent un gros coup de fatigue qui le fait douter encore. Il vomit le thé qu’il a avalé en partant. Pause… Mais l’esprit de compétition le secoue à nouveau : il voit, au-dessus de lui, sur l’arête, les treize membres de l’équipe de Boivin, équipés de bouteilles d’oxygène, cheminer vers le sommet, suivis par les Coréens… et il repart, d’autant plus décidé qu’avec tout ce monde sur l’itinéraire la trace sera bien faite ! À 15 heures, il savoure presque sa victoire en s’arrêtant à l’endroit exact où il avait dû renoncer, à sa deuxième tentative, un peu au-dessus de 8 800 m. Le sommet est si près ! Par radio, il prévient Maurice Uguen qu’il y est presque.

–  Prends un peu de repos, Marc ! Tu as le temps !

– T’en fais pas, tout va bien ! Je repars pour le “ressaut Hillary”. Ciao !

Une demi-heure après, il est au sommet, au milieu de la petite troupe joyeuse des Coréens et des Français, arrivés une heure plus tôt. Il a réussi. Il a mis vingt-deux heures trente exacte- ment depuis le camp de base. Recordman du monde ! Il essuie une larme sur sa joue… avant d’assister à l’envol de Boivin en parapente, qui, filmé par Michel Metzger, réussira, lui aussi, une grande première ce jour-là !

Extrait de "Marc Batard, fils de l'Everest", publié chez First Editions.

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