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Le Grand Architecte de l’Univers : comment les franc-maçons se sont approprié ce symbole
©Reuters

Bonnes feuilles

Allumage des feux, attouchement, égrégore, orient éternel, voûte d'acier... Autant de termes que l'on retrouve aussi bien dans la langue courante que dans le jargon franc-maçon mais qui prennent un sens tout autre lorsqu'ils sont évoqués par les frères, au sein d’une obédience maçonnique. Avec ce Petit Livre, vous aurez toutes les définitions et explications sur le jargon de la franc-maçonnerie entre vos mains afin de mieux connaître cet ordre secret et mystérieux. Extrait de Le petit livre de... Décodeur des expressions franc-maçonniques d'Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman publié aux éditions First. 1/2

Emmanuel Pierrat

Emmanuel Pierrat

Emmanuel Pierrat est avocat au Barreau de Paris et écrivain.

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Le Grand Architecte de l’Univers, ou « GADLU » pour les intimes, est peut-être, avec l’œil de la providence, le symbole maçonnique le plus connu par les profanes. Bien que, désormais, le terme soit indéfectiblement attaché à la franc-maçonnerie, il apparaît bien avant la création des premières loges. On situe généralement le début de son emploi au siècle des Lumières, dont il constitue la clef de voûte de la philosophie développée à cette époque, notamment par Leibnitz.

En fait, sa première occurrence connue dans un texte remonte à la Rome antique ! On le trouve déjà chez Cicéron : « Quoi de plus manifeste et de plus clair, quand nous avons porté nos regards vers le ciel et contemplé les corps célestes que l’existence d’une divinité d’intelligence absolument supérieure qui règle leurs mouvements ? [...] non seulement la demeure céleste et divine a un habitant, mais celui qui l’habite exerce sur le monde une action directrice, il est en quelque sorte l’architecte d’un si grand ouvrage et veille à son entretien. »

Quant à son appropriation par les maçons, elle est le résultat de la volonté de plusieurs obédiences, vers la fin du xixe  siècle, de s’ouvrir à des membres qui ne seraient pas forcément catholiques ou protestants (ce qui était jusqu’alors une condition sine qua non, d’ailleurs, les serments maçonniques étaient alors prêtés en posant la main droite sur une bible, ce qui est toujours le cas dans certaines obédiences), mais dont les croyances en un être suprême, créateur de l’Univers et de son contenu, pourraient prendre d’autres formes – comme le déisme cher à Voltaire, par exemple, ou le théisme, qui est une doctrine fort voisine. Toutefois, c’était aussi une époque d’émancipation religieuse : la franc-maçonnerie a pris grande part à ce débat, et la laïcisation qui s’opère au cours de la troisième République – séparation de l’Église et de l’État, école laïque, etc. – lui doit beaucoup. Ainsi, bon nombre de frères voyaient-ils d’un mauvais œil cette référence à un prétendu être suprême totalement contraire à leurs convictions libérales, c’est-à-dire athées. Ces divergences de vues ont donné lieu à une série de débats (parfois houleux !), de schismes, de séparations irré- conciliables. Cette période est connue dans les loges sous le nom de « Querelle du Grand Architecte de l’Univers ».

De nos jours, dans la plupart des obédiences, le texte d’ouverture de tenue ne fait plus référence à Dieu ni au GADLU, mais invoque simplement la devise de la République, qui est devenue celle des maçons : Liberté, Égalité, Fraternité.

Extrait de Le petit livre de... Décodeur des expressions franc-maçonniques d'Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman publié aux éditions First

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