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La radiation chez les francs-maçons
©Reuters

Bonnes feuilles

Allumage des feux, attouchement, égrégore, orient éternel, voûte d'acier... Autant de termes que l'on retrouve aussi bien dans la langue courante que dans le jargon franc-maçon mais qui prennent un sens tout autre lorsqu'ils sont évoqués par les frères, au sein d’une obédience maçonnique. Avec ce Petit Livre, vous aurez toutes les définitions et explications sur le jargon de la franc-maçonnerie entre vos mains afin de mieux connaître cet ordre secret et mystérieux. Extrait de Le petit livre de... Décodeur des expressions franc-maçonniques d'Emmanuel Pierrat publié aux éditions First. 2/2

Emmanuel Pierrat

Emmanuel Pierrat

Emmanuel Pierrat est avocat au Barreau de Paris et écrivain.

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La franc-maçonnerie étant, en France, une association régie par la loi de 1901 (une « asbl » en Belgique), on peut en être radié – ou en démissionner, d’ailleurs – pour les mêmes raisons que dans n’importe quelle autre association : absence de cotisation (capitation, en langage maçonnique), manquement au règlement intérieur (autrement dit aux valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté), manque d’assiduité, rupture du serment, idées ou actes absolument contraires aux idées maçonniques (un frère ou une sœur proférant un propos raciste, par exemple, serait immédiatement exclu de son obédience), etc.

Dans la franc-maçonnerie, la démission ou la radiation se passent, sauf événement grave et soudain, au terme d’un long processus de discussions, de recherche d’une voie moins radicale pour régler les problèmes, de tentative de renouer un lien entre l’Initié et ses frères et sœurs.

Toutefois, là où il existe une différence entre la franc-maçonnerie et une association profane, c’est qu’on ne cesse pas d’être un Initié. On peut se faire chasser de la franc-maçonnerie pour toutes les raisons possibles ou bien partir en claquant la porte, pourquoi pas, mais on ne désapprend pas pour autant ce qu’on a appris, et l’initiation, les traces qu’elle a laissées, le savoir qu’elle a communiqué, ne disparaissent pas comme par enchantement.

Il y a eu des cas célèbres de francs-maçons qui ont été radiés de leur ordre, et quelquefois, pas des moindres ! Citons ainsi Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres et d’Orléans, descendant de Louis XIII, aussi appelé Philippe Égalité, qui fut nommé pour des raisons politiques à la tête du Grand Orient de France (il valait mieux se prévaloir d’un Grand Maître issu de la noblesse, pour des raisons de sécurité). Pourtant, lors de la Terreur, il s’empresse de renier l’Ordre auquel il appartenait. Il en est alors formellement radié : « Dans un temps où personne, assurément, ne pré- voyait notre Révolution, je m’étais attaché à la franc-maçonnerie qui offrait une image d’égalité, comme je m’étais attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J’ai, depuis, quitté ce fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand Orient s’étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les fonctions de secrétaire du Grand Maître, pour me faire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci, sous la date du 5 janvier : “Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d’ailleurs, je pense qu’il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand Orient ni des assemblées de francs-maçons4” ». Retourner sa veste ne l’empêche pourtant pas d’être guillotiné le 6 novembre 1793, même année de cette déclaration publique.

Autre cas de frère « défroqué », le tristement célèbre Jean Marquès-Rivière, d’abord théosophe et franc-maçon (à la loge Théba, rattachée à la Grande Loge de France), avant de changer brusquement d’idée et de devenir l’un des soldats les plus virulents de l’antima-çonnisme et de l’antisémitisme sous Pétain, puisque c’est lui qui scénarise l’abominable Forces occultes, le film de Paul Riche, alias Jean Mamy, réalisé sous l’Occupation. C’est lui aussi qui rédige le catalogue de l’atroce exposition « Le Juif en France », dont le régime de Pétain fait grand cas. Qu’on se rassure pourtant : il existe des tas d’autres raisons, bien moins tragiques, de quitter la francma-çonnerie ou d’en être chassé ! Incompatibilités d’humeurs, divergences d’idées, enfin tout ce qui tisse les relations humaines ! Et ça n’empêche pas, même si en pratique le cas est rare, de rester ami avec ses « anciens frères et sœurs » !

Extrait de Le petit livre de... Décodeur des expressions franc-maçonniques d'Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman publié aux éditions First

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