"Le Fou du Roi" : Grandeur, privilèges et servitudes. Impressionnant<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Le Fou du Roi" : Grandeur, privilèges et servitudes. Impressionnant
©DR

Atlanti-culture

Didier Cossart pour Culture Tops

Didier Cossart est chroniqueur pour Culture Tops

Voir la bio »
LIVRE
Le Fou du Roi
de Mahi Binebine                        
Ed. Stock              
168 pages
RECOMMANDATION : BON
THEME
Le père de l’actuel roi du Maroc, en monarque absolu aimait s‘entourer de courtisans à son service exclusif, et dont la fonction principale était de le distraire, sinon de disparaitre à sa vue. 
Mahi Binebine nous raconte l’histoire de son père qui fut le premier d’entre eux. 
Comment ce père d’extraction modeste et doué d’une mémoire prodigieuse a réussi à capter l’attention du roi en lui récitant des textes merveilleux puis à devenir son intime? Mahi Binebine nous décrit l’atmosphère sournoise et anxiogène de l’antichambre du roi où les courtisans sont des esclaves consentants vivant dans la peur de déplaire et ainsi d’être renvoyé à leur néant. 
Comme le papillon de nuit qui ne peut s’empêcher de revenir vers la lampe qui lui brûle les ailes, le père de Mahi Binebine devra aller jusqu’à renier un de ses fils pour ne pas perdre ses avantages matériels mais surtout le plaisir, la fierté et le privilège d’avoir l’oreille du roi.
Mahi Binebine nous raconte la cruauté du régime autocratique et la dure vie des marocains, dans un décor de conte oriental.
POINTS FORTS
Mahi Binébine est aussi un peintre, un sculpteur, qui sait donner de la couleur et de la profondeur aux choses; doublé d’un esprit scientifique qui analyse les caractères afin de bien nous faire percevoir la relation ambiguë maitre-esclaves.
Souvent les histoires de courtisans se focalisent sur la description indiscrète des manies du maître dans sa vie la plus intime. Ici ce n’est pas le cas, on n’est pas dans le voyeurisme mais dans une description sensible de l’ambiance cruelle qui peut régner dans l’antichambre d’un monarque absolu.
Mahi Binébine ne porte pas de jugement sur le choix de vie de son père. Il nous laisse l’apprécier.
POINTS FAIBLES
Le roman est sans doute obscur pour celui qui ne connait pas l’histoire du Maroc sous le règne d’Hassan II, autocrate dont la magnificence n’avait d’égal que sa cruauté envers ces ennemis. Afin de replacer l’histoire dans son contexte il manque peut-être quelques détails historiques sur la manière dont ce roi est arrivé au pouvoir, ou sur les raisons de la Marche Verte, ou encore les dessous de l’attentat raté contre sa personne.
EN DEUX MOTS
Voici une belle et attachante analyse psychologique du comportement humain quand il est frotté à l’argent du pouvoir;  et quel pouvoir et quel luxe ! 
C’est intéressant de voir comment les artistes eux aussi peuvent aimer les autocrates. Le sujet est banal mais il est bien raconté dans le style des contes orientaux.
UN EXTRAIT
Page 77: "Comme la plupart des courtisans, je possède une maison cossue dans un quartier huppé de la capitale, à une dizaine de minutes du palais : un somptueux cadeau de sa majesté. Sans vouloir choquer, je tiens à préciser que la demeure en question m’a été offerte équipée d’un mobilier précieux, d’un garage comportant une berline allemande de premier choix, et enfin d’une chambre à coucher qui allait être occupée une semaine après mon installation par une épouse non dénuée de charme, proposée par le cabinet royal."
L’AUTEUR
Né en 1959, Mahi Binebine est un artiste complet, Peintre-Sculpteur-Ecrivain, porté par un humanisme profond. Ses œuvres reconnues par de nombreux prix et expositions prestigieux ont principalement pour thème la dure vie des marocains, mais le message qu’il nous offre est universel : l’art peut aider à sortir de l’obscurantisme.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !