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Faut-il penser comme Patrick Stéfanini que la personnalité de François Fillon est la première cause de la défaite de la droite à la présidentielle 2017 ?
©AFP

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Après la publication du livre de Patrick Stéfanini, "Déflagration", qui raconte les dessous de la campagne présidentielle de François Fillon, c'est la personnalité du candidat LR qui est pointée du doigt dans la défaite à l'élection présidentielle. Mais d'autres facteurs étaient à l'oeuvre...

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Selon Patrick Stéfanini, ancien conseiller de François Fillon, la défaite du candidat LR serait principalement le résultat de la personnalité du candidat. Au delà d'un tel jugement, est-il possible de mesurer si cette défaite est le résultat de la personnalité et des affaires qui ont touchés Francois Fillon, de la ligne politique adoptée par le candidat, ou du résultat du manque de soutien des cadres du parti ?

Jérôme Fourquet : Alors, c'est une question difficile. Pour tenter d'y répondre il faut rappeler une chose importante. François Fillon a certes été battu en étant éliminé le soir du premier tour, mais il a quand même eu 20% des voix, et n'est qu'à 1,5 point de Marine Le Pen. Dit autrement, la disqualification de Fillon, bien qu'étant une très dure sanction pour la droite pour cette élection réputée imperdable, se fait au final à assez peu de choses. Il a manqué 1,5 point à François Fillon, à quoi est-ce dû ?

C'est un cocktail d'éléments. Bien évidemment, ses démêlés judiciaires ont fait d'énormes dégâts sur son image et lui ont aliéné une partie de l'électorat, il y a clairement un effet affaire Fillon, sous toutes ses coutures sans mauvais jeu de mot : autant l'emploi fictif que l'affaire des costards qui ont fait beaucoup de dégâts. Deuxièmement cette affaire Fillon a fortement perturbé la campagne du candidat de la droite, et dans ce cadre là, la personalité même de François Fillon, son goût du secret, du cloisonnement, le fait qu'il s'évade parfois 24h sans que son équipe puisse obtenir des retours ou des validations, a sans doute aussi contribué à désorganiser et perturber davantage une campagne qui devenait déjà chaotique.

Il y a donc le poids des affaires, mais aussi l'équation personnelle du candidat, qui a été très compliqué à gérer ne serait-ce que du point de vue du calendrier, car comme le raconte Stéfanini, l'équipe de campagne a découvert les affaires le jour même, alors que le Canard Enchaîné avait averti Fillon plusieurs semaines en amont que plusieurs choses étaient en train de se préparer.

Troisième élément, si les intentions de vote en faveur de Fillon ont marqué le pas et ont été mises à rude épreuve à la suite des affaires, on constate dans les données Ifop mais aussi celles de nos confrères que la chute remonte en fait à plus tôt, dès la fin décembre/début janvier, et que c'est dû notamment aux critques qui sont portées sur le caractère trop dur au point de vue économique et social du programme porté par le candidat, qui était manifestement bien calibré pour l'électorat restreint du corps électoral de la primaire, mais qui devenait beaucoup plus compliqué à vendre aux Français dans leur ensemble.

Donc l'affaire Fillon est venue percuter cette campagne, mais nous avions déjà mesuré avant ça une baisse dans les intentions de vote consécutivement au caractère anti-social, trop dur des réformes qui étaient contenues dans ce programme, avec comme point d'accroche principal la question de la réforme de la sécurité sociale, notamment la polémique sur comment on distingue un petit rhume d'un gros rhume, le premier n'ayant pas vocation à être remboursé...

On ne refera pas le match, mais on peut penser qu ávec un tel programme, il y aurait eu de toute façon un certain nombre de difficultés pour François Fillon, mais quand on constate au final qu'il a manqué 1,5 point pour accrocher la qualification au second tour, on peut penser que c'est la conjonction de ces différents facteurs qui ont abouti à ce désastre.

Quand à l'abandon progressif du candidat par son parti, c'est difficile à mesurer, tout cela a joué. Au bout d'un moment on voit que l'homme est seul, qu'il s'est arc-bouté, son directeur de campagne le quitte, et donc évidemment tout cela est porté au débit du candidat et l'affaiblit. On peut penser que les défections dans l'appareil militant se payent aussi sur le terrains avec moins de meetings, moins de tracts... la dynamique est cassée, c'est clair.

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