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Ces jeux sur ordinateur qui peuvent réduire les risques de démence sénile de près de 30%
©Pixabay

Promesses

Un nouveau "serious game" vient d'être publié par la société BrainHQ pour lutter contre la démence chez les personnes âgées, avec des résultats impressionnants. Intitulé "Double Decision", le jeu permet de stimuler autrement le cerveau pour diminuer de 33% à 48% l'apparition des démences grâce à une dizaine d'heures d'entraînement.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Que pensez-vous de cette étude et des possibilités des serious games dans la lutte contre le vieillissement du cerveau ?

Christophe De Jaeger : C'est très intéréssant, même si c'est diffusé par une société, BrainHQ. Ça correspond à plusieurs autres études, donc ils doivent être dans le vrai, cependant j'aimerais pouvoir lire l'étude scientifique elle-même. On a pas grand chose sur la population étudiée par exemple, ce n'est pas si simple que ça.

Jusqu'à présent, pour travailler sur les fonctions cognitives, on recommendait un travail de stimulation cognitive,par exemple l'apprentissage des langues, en participant à la vie associative, etc. On recommandait aussi l'exercice physique, dans certaines conditions (aérobique, une heure trois fois par semaine), et il y avait aussi des médicaments qui ralentissaient la progression de la démence.

Là on est face à un travail qui prend 2800 personnes âgées (74 ans en moyenne) en bonne santé et qui regarde pendant dix ans leur évolution en les répartissant dans un groupe actif et un groupe de contrôle. Le groupe actif va, dans le cadre d'une prise en charge d'intensité moyenne, présenter une baisse de risque de démence de 33%, ce qui est énorme. Ce chiffre monte même à 48% pour le programme "boosté".

Comment un jeu vidéo peut-il influer sur le cerveau ?

Ils arrivent à ce résultat en utilisant la plasticité neuronale, que l'on stimule grâce à des exercices sur internet. Il faut savoir que la plupart des activités de jeu habituelles des personnes âgées ne leur font pas chercher leurs limites. Au bridge, au scrabble, on reprend souvent les mêmes techniques, et du côté du cerveau c'est comme un agriculteur qui creuse toujours le même sillon.

Alors que là, en stimulant des aires périphériques, ils vont stimuler des neurones plus lointains et faire marcher la plasticité neuronale. C'est un véritable exercice qui leur est demandé.

La grande difficulté avec les personnes de cet âge là, c'est qu'elles vont considérer ce genre de test comme un jeu, sans forcément y passer beaucoup de temps. Ce qui est intéressant dans cette étude, c'est qu'à partir de seulement 10h (18h pour le "boost"), ils observent déjà un résultat.

À partir de là, la suite de l'étude se dirigera a priori vers les effets d'un renouvelement régulier des exercices de jeu, toutes les semaines, et je pense que c'est intéressant.

Si le cerveau est si plastique, serait-il possible avec cette méthode d'inverser des effets de démence chez des personnes déjà atteintes ?

Je trouve cette étude passionante, maintenant il faut que les gens acceptent de se plier à ce jeu là. Ce qui serait aussi intéressant, c'est de voir comment cela fonctionnerait sur des personnes âgées qui sont déjà altérés. En tout cas on a jamais vu des résultats comme ça sur 10 ans. La cohorte de 2800 personnes est tout à fait sérieuse, et il faut se rendre compte que la période étudiée, on divise par deux les démences avec seulement 18h de jeu, c'est absolument génial ! Si leurs résultats sont honnêtes, c'est fabuleux.

Est-ce que cette méthode présente tout de même des points négatifs ?

Mon bémol de médecin : la procédure est disponible sans avoir à obtenir l'avis d'un médecin. On s'expose donc à l'auto-traitement, c'est-à-dire le risque que certaines personnes suivent cette procédure sans se faire diagnostiquer, et en pensant être pris en charge.

Existe-t-il des équivalents en France ?

Oui, il y a par exemple le site www.happyneuron.com, qui propose des serious games cognitifs.

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