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Chongqing : 
la plus grande ville du monde 
plongée dans un chaos politique 
qui pourrait déstabiliser la Chine
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Fièvre rouge

Plus de 30 millions d'habitants et vous n'en avez probablement jamais entendu parler... La chute d'un baron local du Parti communiste chinois en mars dernier a fait l'effet d'une bombe dont les ondes de choc se sont faites sentir dans tout le pays, mettant en lumière les dissensions qui existent à l'intérieur du parti tout-puissant, à quelques mois du Congrès qui doit renouveler les instances dirigeantes du pays.

S i la vie politique chinoise peut paraître lisse et savamment orchestrée par le tout-puissant Parti communiste chinois, c'est une affaire un peu différente qui se trame à Chongqing dans la province du Sichuan. Depuis deux mois, cette mégalopole de plus de 30 millions d'habitants est secouée par un feuilleton politique qui passionne les Chinois.

Le 15 mars dernier, coup de tonnerre dans le paysage politique chinois : Bo Xilai, maire de Chongqing et ancien ministre du Commerce est limogé de ses fonctions. L'homme de 62 ans est pourtant un des barons du pouvoir communiste. Quelques semaines avant, il était pressenti pour intégrer le Comité permanent du Politburo. Ce puissant organe du parti est composé de 9 membres qui décident de l'avenir du pays.

Bo Xilai, véritable coqueluche des médias, avait mené à Chongqing une sévère politique de répression du crime organisé et de lutte contre la corruption. Une politique menée peut-etre trop sévèrement. "Sa campagne antimafia a été extrêmement féroce et s'est faite au mépris des règles juridiques, y compris en Chine", observe Jean-Pierre Cabestan, directeur du département d'études politiques de la Hong Kong Baptist University dans Le Point.

La raison de cette chute brutale ? Wang Lijun, le chef de la police de Chongqing. Le 6 février dernier, celui-ci se rend au consulat des Etats-Unis pour ce qui ressemble à une demande d'asile politique. Depuis les rumeurs de défection de Bo Xilai allaient bon train. Cette affaire pourrait bien être le signe que les luttes internes font rage au sein du Parti communiste chinois. Car ce limogeage fait des vagues dans le parti communiste chinois.

"Une bataille décisive"

A sept mois du XVIIIe Congrès du parti qui doit désigner les dirigeants de la Chine pour les dix prochaines années, les luttes de clans montrent que la vie politique chinoise est loin d'être une grosse machine bien huilée. "Le système chinois est l’un des plus opaques du monde, après la Corée du Nord, explique Jean-Philippe Béja, spécialiste de la Chine dans le journal La Croix. Ce qui est certain, c’est que cela prouve que la question de la succession n’est pas réglée, et que la situation en interne n’est pas stabilisée". Dans Le Monde, la sinologue de la Fondation pour la recherche stratégique, Valérie Niquet voit dans cette affaire une "bataille décisive" pour contrôler le parti.

Dans cet affrontement, deux camps s'opposent. Celui de la Ligue de la jeunesse menée par l'actuel président Hu Jintao présentés comme des "libéraux" et des "réformateurs" ( à l'échelle chinoise) et celui des conservateurs néo-maoïstes, les "fils de princes", enfants des fondateurs de la République populaire, dont Bo Xilai faisait partie.

Pour ces derniers, l'avenir de la Chine repose sur les grandes entreprises d'état qui exportent et ils ne souhaitent pas un changement de modèle économique qui pourrait émousser l'emprise du parti sur le pays. La Ligue de la jeunesse veut au contraire réformer et privilégier la consommation intérieure. Martin Wolf du Financial Times estime que "la Chine entame une transition qui vise à la fois à réduire sa croissance et à en modifier la nature. (...) Il est probable qu'il s'agira d'une transitionpolitique autant qu'économique."

Pour savoir qui sortira vainqueur de cette lutte fratricide, il faudra attendre le XVIIIe Congrès du parti qui aura lieu à l'automne prochain.

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