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Berlusconi hué dans les bureaux de vote mais acclamé dans les stades
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Comeback

Ejecté de son poste de Premier ministre en novembre dernier, il Cavaliere a fait une réapparition publique dans le stade du Milan AC dont il est le président. Une manière pour Silvio Berlusconi de redorer son image, au sein d'un club qui l'avait popularisé dans les années 80.

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux est journaliste sportif et auteur de L'argent dans le sport (2005, Flammarion). Il anime le blog sportmood.fr.

 

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Pour prendre complètement la mesure du phénomène Silvio Berlusconi en France, il faudrait rien moins que le comparer à la fois à Bernard Tapie, Louis Nicollin et… à un Nicolas Sarkozy qui possèderait le PSG ou l’OM ! Voilà à peu près la figure que prendrait chez nous le personnage, replacé officiellement (en tant que président honoraire, mais personne ne s’y trompe puisqu’il en est de toute façon le propriétaire par le truchement de Fininvest) la semaine dernière aux commandes du Milan AC, que les Italiens encensent et condamnent, sans répit aucun, depuis vingt-cinq ans.

C’est grâce à ce Milan AC, qu’il s’est accaparé en 1986, que son image d’implacable homme d’affaires s’est popularisée, « populisée » en osant ce néologisme.Sua Emittenza, son surnom de l’époque (jeu de mots italien qui navigue entre « Son Eminence » et « Son Emetteur ») flattait alors  d’emblée les supporters de San Siro : « Le Milan n’est pas un club quelconque, il a un passé glorieux et un public fantastique (65 000 abonnés déjà à l’époque), on ne peut pas échouer avec une telle ferveur », ajoutant une de ses fameuses remarques personnelles, provocatrices voire scandaleuses, qui allaient incontestablement devenir la marque de fabrique de l’homme le plus puissant et plus controversé du pays :  « Et parce que Milan est la capitale morale de l’Italie… ».   

Le Cavaliere n’a évidemment jamais cessé depuis un quart de siècle de diriger, de près ou de loin (durant ses périodes de présidence du Conseil du pays), son Milan AC. En précurseur absolu, Berlusconi a appliqué au football les « méthodes » qui avaient fait ses succès dans les médias ou l’immobilier dans les années 70 et 80. Et comme Protée, il y a pris tous les visages, au sens propre et au figuré. Par son éternel sourire aussi séducteur que carnassier en flattant les tifosi, qui en grande majorité n’ont jamais voulu lui tenir rigueur de ses outrances en tout genre ou de ses idées, Berlusconi a fait du Milan AC la plus grosse machine à acheter des joueurs de son époque. Avec à la clé une incontestable réussite (cinq C1 et huit Championnats) faisant de lui selon sa propre parole « le président le plus titré du monde ». Il a aussi endossé en certaines occasions, le plus discrètement possible bien sûr, le costume du deus ex machina, prenant en coulisse le rôle de recruteur et presque d’entraîneur. 

Mercredi dernier donc, l’homme qui avait été il y a quelques mois littéralement éjecté sous les lazzis de son bureau de premier Ministre, a reparu publiquement à l’occasion du quart de finale de Ligue des Champions Milan AC-Barcelone. Comme par hasard dans les tribunes de son cher stade Giuseppe Meazza, dont d’aucuns lui prêtent l’intention de le rebaptiser au nom de… Silvio Berlusconi ! Car le milliardaire (3e fortune d’Italie) et fondateur de Forza Italia, vit en perpétuel sursis judiciaire et plus encore depuis l’émergence de ses frasques sexuelles du Rubygate, et sait mieux que personne, comment, si la gageure est possible, redorer une image ternie. Quoi de mieux, au milieu de 80 000 admirateurs du club et de son refondateur, qu’une présence savamment orchestrée par les caméras, pour tenter une énième fois de se recouvrir d’un semblant de vernis en cas de qualification pour les demi-finales mardi contre le Milan actuel, le FC Barcelone. Ou quoi de plus démagogique que d’avoir évoqué la possibilité d’attirer en Lombardie… Cristiano Ronaldo : « Ce n’est pas impossible », a-t-il lancé d’un ton sardonique qu’il sait si bien manier, « Mais seulement pour un prix décent en raison de la crise économique qui ne touche pas que l’Italie ».

La rumeur, qu’il a récemment entretenue en privé, lui attribue l’écriture, en vue d’un film -qu’il produirait bien sûr - du scénario de sa vie…On ne doute pas de l’objectif visé ni de la constance absolue à vouloir se magnifier et dédouaner de ses péchés de celui qui, à 75 ans, se dit «l’homme le plus persécuté du monde ».   

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