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CSG et réforme des retraites complémentaires : pourquoi les arguments des retraités français mériteraient d’être entendus
©Reuters

Perdants

La hausse de la CSG est compensée par l'ensemble des catégories touchées, sauf les retraités, qui dénoncent une mesure discriminatoire.

Christian Bourreau

Christian Bourreau

Christian Bourreau est président de l'Union Française des Retraités du Régime Général.

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Atlantico : Une baisse des cotisations sociales a été initiée par Emmanuel Macron en échange d'une hausse de 1,7 point de CSG. Mais les perdants de cette politique seront les retraités, qui ne paient évidemment plus de cotisations sociales. Mais n'est-ce pas normal que les retraités  participent à l'effort national ? Quelles mesures concrètes  préconisez-vous pour les retraités ?

Christian Bourreau : Nous ne voulons pas contester la décision des pouvoirs publiques d'organiser différemment le financement de la cotisation sociale (de supprimer des cotisations maladies pour les mettre sur la CSG). On pourrait argumenter que la meilleure formule pourrait être de mettre la cotisation sociale sur la TVA mais c'est un débat sur lequel nous ne voulons pas rentrer. Nous avons aujourd'hui quelque chose que nous ne pouvons pas accepter : cette mesure est compensée pour l'ensemble des catégories sauf pour les retraités donc c'est une mesure discriminatoire. Comme il y a des mesures de compensations qui sont envisagés pour les autres catégories, faisons la même chose pour les retraités. C'est notre proposition. Ces mesures que nous proposons supprimeraient des anomalies. Il est anormal en effet d'imaginer supprimer des cotisations maladies pour les actifs et de la maintenir pour les retraités.

Les retraités doivent participer, c'est certain, mais qu'ils participent seuls pendant que les autres sont compensés, ce n'est pas normal. Il y a un caractère discriminatoire à cette mesure. Le discours n'est pas qu'il y a un effort de la nation à faire, que tout le monde doit y participer y compris les retraités. Le discours est de vouloir faire payer les retraités au motif que, parait-il, ils sont plus aisés, nantis, riches à partir de 1200e…  

Certes les retraités coutent plus que les autres mais ils paient une contribution importante pour la couverture de frais de santé. Ils paient des complémentaires, des mutuelles. Et le cout des mutuelles pour les retraités est trois plus élevé que pour les actifs. C'est Etienne Cagnard, le président de la mutualité française qui le dit. Le motif sont les suivants : pour les actifs, l'entreprise paient la moitié de la cotisation mutuelle et d'autre part, la loi Évin dit que lorsque qu'un actif devient retraité, il est possible que sa cotisation augmente de 50%. À cela s'ajoute que la cotisation que paient l'actif est déductible du revenu imposable. Que les mutuelles coutent 3 fois plus cher n'est pas étonnant.

Enfin, amputer le pouvoir d'achat des retraités est une mesure définitive. Pour un actif, cela ne l'est pas. L'actif peut améliorer sa situation, pas le retraité. Il n'y a plus de revalorisation (elles sont retardées ou supprimées), il y a des impôts supplémentaires (la demi part des veuves, les majorations de pension qui sont devenus imposables) : c'est une accumulation de chose qui, avec l'augmentation de la CSG, génère un sentiment de ras le bol.  Je reçois personnellement beaucoup de commentaires et de remarques. Mais ce n'est que quelques-uns, parmi les plus aisés, qui soutiennent l'effort que les retraités pourraient faire.

Que pourrait-on imaginer comme mesure compensatoires ?

Ce que nous demandons ce sont deux choses :  tout d'abord supprimer la cotisation maladie perçue sur les retraites complémentaires (cotisation de 1%). Ensuite que les retraités aient la possibilité de déduire de leur revenus imposables la moitié de la cotisation de leurs complémentaires santé.

Les retraités vont avoir une amputation de leur pouvoir d'achat avec l'histoire des 1,7%. Moi je demande des compensations, des choses qui améliorent le pouvoir d'achat.

La déductibilité fiscale demande de l'argent en effet ; on demande un effort. Mais on est dans la situation ou les retraités sont las de voir des amputations régulières de leur pouvoir d'achat. Encore une fois, quand on ampute le pouvoir d'achat d'un retraité c'est définitif.

La CSG au départ, a été créé pour assoir le financement de la protection sociale sur une note plus large.

Comment jugez-vous aujourd'hui après six mois de présidence Macron, l'intérêt porté aux retraités à la fois de la part du gouvernement mais aussi des parlementaires ? 

Le gouvernement porte un intérêt pour les plus modestes avec par exemple la revalorisation du minimum vieillesse. Mais les pouvoirs publics mêlent leurs voix aussi à ceux qui disent que les retraités sont des nantis, des personnes qui ont passé toute leur vie sur un tapis rose. Nous, nous avons une opinion favorable pour le président Macron et notamment quand il annonce ses intentions sur une retraite universelle. On espère qu'il ira jusqu'au bout de cette réforme. Plus d'un quart des retraités sont des polys pensionnés. Ça n'a pas d'intérêt et ça engendre des problèmes de financement. Balayons cette diversité, mettons en place quelque chose de plus simple, que les jeunes générations puissent comprendre également : c'est ce que nous voulons. Un système de retraite claire ou tout le monde est traité de la même manière. Et ce besoin de clarification est pris en compte par le président Macron. Et on est en mesure de penser que la majorité gouvernementale sera d'accord avec le président.

Ce régime unique pourrait s'inspirer du modèle suédois par exemple. Si cette vision résous la complexité et l'obscurité du système de retraite, cela ne résous pas ipso facto le problème du financement.

Malgré donc le sentiment d'incompréhension et de frustration donc autour de cette réforme de la CSG, les retraités attendent de voir ce que Emmanuel Macron et son gouvernement vont faire plus généralement sur le système des retraites.

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