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Pourquoi la France garde le bonnet d’âne de la croissance en Europe
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Edito

L’Europe caracole sur un sentiment d’euphorie économique. La commission de Bruxelles additionne les bulletins de victoire. Jamais depuis dix ans, la croissance n’est apparue aussi robuste.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’Europe caracole sur un sentiment d’euphorie économique. La commission de Bruxelles additionne les bulletins de victoire. Jamais depuis dix ans, la croissance n’est apparue aussi robuste. Et les perspectives pour les deux années à venir demeurent optimistes, avec des performances sans cesse revues à la hausse. Ainsi,  pour l’année qui s’achève, l’expansion atteindrait en moyenne 2,2% dans la zone euro selon  des chiffres qui viennent d’être publiés, alors  qu’en  début d’année, la commission avait  envisagé une progression de 1,6% seulement. Dans  tous les domaines, les  voyants sont au vert : la  consommation des ménages est en  forte hausse, le  chômage recule et l’investissement redémarre. Le déficit public de la zone va tomber au-dessous d’un pour cent. Cette situation positive devrait  se prolonger  au moins  pendant  deux ans, d’autant que la  conjoncture mondiale est à la même enseigne, à condition que la situation géopolitique ne se dégrade pas, en raison des  nombreux conflits en  cours ou qui couvent.  Le moment serait donc propice pour amorcer une nouvelle  étape  dans la  construction européenne, comme le souhaite officiellement la France, en  surfant  sur les atouts offerts par une  conjoncture particulièrement flatteuse.

Mais c’est justement là que le bât blesse, car les initiatives font  cruellement défaut  du côté de Bruxelles. Le moteur franco allemand, indispensable pour réaliser des progrès , parait grippé, parce  que le  doute s’est réinstallé du côté de Berlin sur les capacités de Paris à engager en profondeur les réformes indispensables.  Pour jouer les locomotives, il ne faut pas apparaitre comme le wagon de queue, qui peine à s’aligner sur les autres. La France est aussi engagée dans  le mouvement général de  croissance, mais elle revêt, selon certains  experts, le bonnet d’âne, en bonne  dernière place pour la plupart des performances. L’expansion sera comprise cette année entre 1,6 et 1,8%, très inférieure à la moyenne européenne, le commerce extérieur enregistrera un déficit abyssal, témoignant d’un manque de compétitivité inquiétant. Le gouvernement a toutes les peines du monde à contraindre l’impasse budgétaire. Il déploie tous les efforts pour maintenir le déficit en deça de la ligne  rouge symbolique des trois pour cent. Mais il reste de nombreux foyers d’incertitude, comme la recapitalisation d’ Areva ou l’incidence  de la taxe sur les dividendes  invalidée par  le conseil  constitutionnel qui pourraient  alourdir l’addition. L’impression prévaut aussi chez nos partenaires européens qu’un certain laxisme  pourrait à nouveau prendre le dessus, en misant sur les dividendes attendus de la croissance pour s’épargner  les efforts indispensables  au redressement des comptes publics. Une récente information  a aussi provoqué une douche froide : un sondage auprès des chefs d’entreprises indiquait que ceux-ci n’envisageaient pas d’accroître leurs investissements cette année ni même l’an  prochain, en les laissant  ainsi au même  niveau insuffisant. Mais c’est le sentiment que le gouvernement a renoncé à tailler à la hache dans les dépenses publiques  qui mine aujourd’hui la  confiance dans les réformes. Emmanuel Macron a pourtant  averti qu’il fallait prendre en  compte la durée du quinquennat pour juger de l’action publique, alors que nombreuses sont les voix qui s’élèvent  pour souligner que c’est au début du mandat  qu’il faut agir, car, au fil des mois les résistances  au changement  s’organisent et deviennent  de plus en plus fortes. D’autant que l’horizon géopolitique est loin d’être serein et que les marchés boursiers , emportés par un emballement vertigineux, notamment  aux Etats-Unis  deviennent  de plus en  plus nerveux.

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