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Les Français épargnent massivement ? Que l'Etat réduise la dette publique pour les rassurer
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EDITORIAL

Les chiffres publiés ce mercredi par l'INSEE montrent que le taux d'épargne des Français a atteint son plus haut niveau depuis 1983. La faute au climat anxiogène de la campagne ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le Français demande toujours plus d’assistance à l’État. Mais son vieux fonds terrien l’incite à lui faire modérément confiance : il veut se protéger d’abord lui-même en se constituant des réserves. Selon un vieil adage qui courait déjà sous la troisième République, il épargne comme il salive. Un comportement qui serait dans ses gênes, mais qui connaît une évolution : pendant des décennies il a favorisé les emprunts d’État, en se risquant même à des aventures extérieures qui ont mal tourné comme les fameux emprunts russes ; aujourd’hui, il cherche moins le rendement que la protection de ses avoirs en prévision de temps plus difficiles. Ainsi s’explique la préférence donnée à l’immobilier, malgré les hauts niveaux des prix, au livret A, ou à l’assurance-vie. L’Insee constate ainsi que le taux d’épargne des ménages ne faiblit pas : il dépasse même celui qui avait été enregistré au pire moment de la crise, avec une ardeur à mettre de l’argent de côté la plus forte depuis trente ans !

Malgré le durcissement de la fiscalité, nos compatriotes ont des ressources suffisantes pour opérer des économies : cela va à l’encontre des affirmations sur la baisse du pouvoir d’achat, qui n’a cessé de progresser au fil du temps, même si l’amélioration n’est pas perçue par une partie de la population. Car un climat anxiogène étreint les Français. Il est entretenu par les propos des candidats à la présidentielle, auxquels nos compatriotes reprochent de ne pas traiter les problèmes qui leur touchent à cœur, mais de se perdre dans des digressions théoriques ou des attaques personnelles. Les électeurs ont le sentiment qu’on les endort pendant la campagne et que le réveil risque d’être douloureux au lendemain du second tour.

Un discours ferme sur l’indispensable baisse du train de vie de l’État serait rassurant et non pas pénalisant. Un effort pédagogique serait nécessaire pour expliquer la nécessité de maîtriser les déficits, en particulier pour les dépenses sociales. L’expérience montre qu’au-delà d’un certain montant, l’endettement tue la croissance, et finit par freiner la consommation, en appelant des politiques d’austérité comme on le voit en Grèce, en Espagne ou en Italie. Et l’augmentation des impôts qui s’ensuit pour tenter de le réduire, entraîne des réflexes de crainte, de repli sur soi, qui pèsent sur les achats . Les rentrées fiscales plafonnent, voire diminuent malgré la hausse des prélèvements obligatoires, ce qui accroit à terme le déficit public pendant que se gonflent les bas de laine.

Il faudrait ramener la confiance par un engagement raisonné de réduire la dette et mobiliser l’épargne abondante vers des placements d’avenir, qui favorisent les investissements plutôt que de la laisser se diriger vers des secteurs improductifs. Cela supposerait que les responsables politiques affichent des projets avec une vue à long terme, ce qui fait cruellement défaut aujourd’hui.

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