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Geostorm : pourquoi la science du contrôle de la météo qui se cache derrière le film catastrophe n’a jamais abouti malgré ses efforts
©Reuters

Plus fort que la nature ?

Le nouveau blockbuster américain, Geostorm, imagine un futur où des satellites permettraient aux gouvernements de contrôler entièrement le climat.

Olivier  Boucher

Olivier Boucher

Olivier Boucher a été chef de l’équipe « Climat, chimie et écosystèmes » au Centre Hadley du Met Office britannique de mars 2005 à mai 2011. Il est actuellemntent directeur de recherche au Laboratoire de météorologie dynamique. Il a coordonné le chapitre « Nuages et aérosols » du cinquième rapport d'évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).

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Atlantico : On sait que des recherches sont faites en matière de géoingénierie, mais peut-on sérieusement imaginer, même à très long terme, un contrôle total du climat ?

Olivier Boucher : Il faut distinguer contrôle du climat et contrôle du temps, sachant que le climat est en fait la moyenne du temps. Les scientifiques réfléchissent à ce qu’il est possible de faire dans le contexte du réchauffement climatique qui est le nôtre. On pense que ce n'est pas irréaliste et que certains paramètres du climat pourraient être contrôlés si l'on se projette dans quelques décennies. Comme par exemple la température globale de la planète. La question se pose néanmoins de savoir si cela est souhaitable au vu des problèmes que cela soulève. Concernant les événements météorologiques eux-mêmes, il est en revanche illusoire de vouloir les contrôler.

Quelles techniques de contrôle climatique maîtrise-t-on déjà ? D'autres sont-elles en cours de développement ?

Parmi ces concepts, le plus étudié est l'injection de particules dans la stratosphère, la partie haute de l'atmosphère. Un peu à la manière de grosses éruptions volcaniques dont on sait qu'elles ont un effet refroidissant. Mais cet effet est transitoire car ces particules qui sont injectées ne restent pas très longtemps dans la stratosphère (de quelques mois à un an). L'idée serait de faire quelque chose de similaire avec une injection artificielle de composés soufrés ou de particules. Si l'on y parvient, le refroidissement est avéré. Mais sans doute faudra-t-il s'attendre à des effets secondaires sur la circulation atmosphérique et les régimes de précipitations… Pour le moment, les scientifiques n'ont que peu travaillé sur les technologies elles-mêmes.

Une autre technique qui porterait sur l'effet réfléchissant des nuages maritimes est à l’étude. Elle semble moins efficace et plus compliquée à mettre en œuvre. Le but est toujours de refroidir la planète de manière à éviter une partie des impacts du réchauffement climatique. Mais ces méthodes restent imparfaites, même si l'on parvient à faire baisser la température, ce n'est pas la même chose que de ne pas augmenter l’effet de serre. On cherche une compensation qui ne peut qu’être imparfaite.

Quelles seraient les risques d'une telle prouesse scientifique? Pourrait-on assister à des guerres climatiques par exemple ?

Ces risques sont multiples.  Il faut comprendre qu'on impose au climat une perturbation due au gaz à effet de serre à laquelle on ajouterait une seconde perturbation dans le but d'atténuer la première. Il en résulterait quand même une modification des climats régionaux en termes de température mais surtout en termes de régimes de précipitations et certaines régions pourraient être inégalement touchées.

Aussi, cet effet de refroidissement que l'on superposerait à l'effet de réchauffement n'est que transitoire. Si l'on mettait en œuvre une des technologies que j'évoquais ci-dessus, on obtiendrait un refroidissement, mais le jour où on arrêterait, le réchauffement qui n'était que masqué se manifesterait très vite. Et son impact n'en serait que plus important.

Il y a également un problème de gouvernance. Nous sommes sur une seule planète et l'on ne peut pas contrôler séparément le climat de différentes régions. Le climat d'une région ayant un impact sur la région voisine. Se pose alors la question de savoir comment se mettre d'accord sur comment contrôler le climat : quel paramètre et à quel niveau. Si tout le monde n'est pas d'accord, il y a un risque de conflit.

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