Sénégal : pourquoi le nouveau Président Macky Sall est un vrai porteur d'espoir<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Sénégal : pourquoi le nouveau Président Macky Sall
est un vrai porteur d'espoir
©

Nouvelle ère

Macky Sall s'est imposé, avec 65.8% des voix, au second tour de l'élection présidentielle sénégalaise face au président sortant Abdoulaye Wade. Un résultat qui marque l'entrée au pouvoir d'un personnage à l'action politique réfléchie, mais résolument engagée.

Sylvain Touati et Idrissa M. Diabira

Sylvain Touati et Idrissa M. Diabira

Sylvain Touati est chercheur associé à l'IFRI et Idrissa M. Diabira est le fondateur et le co-président d'Interface Africa, Cabinet d'Intelligence Economique.

Tous les deux ont collaboré à de nombreuses reprises sur des sujets de politique sénégalaise, ce qui leur a permis d'échanger à de nombreuses reprises avec l'actuel président sénégalais Macky Sall.

Voir la bio »

Il est environ 21h30 le 25 mars dernier lorsque le président sénégalais sortant appelle son challenger Macky Sall pour reconnaître sa défaite. Les résultats officiels ne sont toujours pas tombés mais la tendance est irrésistible. Les résultats provisoires donnent près de 66% des votes au challenger. Rassembleur au second tour, Macky Sall a pu compter sur les reports de voix des autres candidats du premier tour ainsi que le large soutien du M23 ou de l’emblématique chanteur Youssou N’Dour.

Dans son discours au soir des élections, Macky Sall a rendu hommage aux martyrs de la démocratie sénégalaise.  Rappelons d’emblée que sans le Mouvement du 23 Juin, dont Macky Sall est l’un des cofondateurs, il n’y aurait certainement pas eu de second tour. Le 23 juin 2011 symbolise en effet la lutte du peuple sénégalais contre une dérive monarchique. 

Des manifestations massives eurent lieu dans le pays pour forcer le gouvernement d’Abdoulaye Wade à retirer son projet de réforme constitutionnelle qui lui aurait permis d’être réélu au premier tour. Incertain, le processus électoral s’est finalement réservé un final en apothéose. Il  conforte la stabilité du Sénégal dans une sous-région marquée par une instabilité chronique pour les régimes sortis des urnes comme le montre ces dernières années les coups d’Etat en Mauritanie, en Guinée, au Niger et la semaine dernière au Mali.

L’ascension de Macky Sall à la tête de la République sénégalaise inaugure un nouveau cycle de la vie politique. Premier président né après l’indépendance, tout semble sourire à cet ingénieur géologue au caractère taiseux, travailleur et discret. C’est au sein de la famille libérale qu’il émergea politiquement. Il  participa activement à l’ascension du PDS qui permit l’alternance libérale en 2000 après 40 ans de règne du parti socialiste. Entre 2000 et 2008, il occupa successivement le poste de directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN), différents postes ministériels importants (Mines et Energie, Intérieur), porte-parole du gouvernement, Premier ministre et directeur de campagne du président sortant pour les élections de 2007.

La victoire de Macky Sall en 2012 à la tête d’une vaste coalition anti-Wade n’était donc pas envisageable au lendemain du 23 mars 2007. La rupture aura lieu en 2008 lors de son mandat de Président de l'Assemblé nationale. Il se mit le Président Wade et son entourage à dos en convoquant le fils du président, Karim Wade, pour s’expliquer de sa gestion de l’ANOCI[1]. Fin 2008, il quitte le PDS et fonde l’Alliance pour la République (APR).

Dès lors, il n’a de cesse d’arpenter le pays de fond en comble, se mêle au quotidien des populations rurales, des banlieues de Dakar, multiplie les rencontres avec la diaspora. Ce travail de fond lui permet de recueillir les doléances et les espoirs de tout un peuple. Ceux-ci sont énormes. Malgré les réalisations des gouvernements sénégalais successifs, les inégalités sociales s’accroissent avec les maux qui leur sont liés : cherté des denrées de première nécessité, chômage, mal logement, insécurité.

L’agriculture est défaillante, les infrastructures notamment énergétiques, de santé,  d’éducation et de transport sont largement insuffisantes. Même les acquis démocratiques sont menacés. Le fossé entre la population et la classe politique s’est élargi sous le second mandat de Wade avec la succession des rumeurs de corruption, des excès présidentiels sur fond de crises énergétiques et alimentaires, la prolongation de la crise casamançaise. Alors que l'élection présidentielle est le point d’orgue de la vie politique sénégalaise, seulement 55% des Sénégalais se sont rendus aux urnes.

Macky Sall entend se mettre au travail très rapidement. S’il est rare de remporter des élections en Afrique en parlant de programme politique, force est de constater que Macky Sall a changé la donne en faisant du sien l’un des piliers de sa campagne. Ainsi a-t-il très tôt construit un projet ambitieux, collectif et chiffré : « le Chemin du Véritable Développement – Yoonu Yokkuté en wolof ».  Plus qu’un programme, il s’agit d’une feuille de route avec trois priorités les jeunes, les femmes et le monde rural et un objectif celui de construire un Sénégal nouveau et en paix dont les piliers sont la justice sociale, la productivité économique et la stabilité politique et diplomatique. 

En considérant que les injustices sociales sont des freins au développement, Macky Sall définit des politiques novatrices de protection sociale financées par une forte réduction du train de vie de l’Etat et incluant une Couverture Maladie Universelle, une Bourse de Sécurité Familiale sur le modèle du Brésil de Lula ou une politique de maitrise des prix de denrées de premières nécessités.  

Secteur par secteur, il décrit les mesures capables d’assurer les bases du développement en investissant sur l’énergie propre, les aménagements agricoles, les infrastructures ou la formation professionnelle. L’enjeu est d’atteindre « une productivité développante » en accompagnant, via des fonds dédiés, les acteurs formels et informels du secteur productif de l’économie. Enfin pour redonner des couleurs à la démocratie sénégalaise, Macky Sall mise sur une morale irréprochable et une gouvernance sobre et efficace. Il s’engage à garantir  l’Etat de droit par la séparation effective des pouvoirs, l’indépendance de la justice et une administration de qualité au service du citoyen.

Bon vent à Macky Sall et au Sénégal.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !