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Mais que faire de l’épargne 
colossale des Français ?
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Les chiffres publiés ce mercredi par l'INSEE montrent que le taux d'épargne des Français a atteint en 2011 les 16,8%, son plus haut niveau depuis 1983. Excessif ?

Marc Fiorentino

Marc Fiorentino

Marc Fiorentino a œuvré pour des banques d'affaires américaines en Europe durant seize ans, puis a créé sa propre société de Bourse, Euroland Finance, et en 2007, un site de conseil en investissement financier, Allofinance.com.

Il est l'auteur de Sauvez votre retraite, paru le 17 janvier 2013 aux éditions Robert Laffont

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Les ménages Français méritent la palme d’or de la gestion de leur épargne en période de crise. Dès les premiers soubresauts de la crise des subprimes et la faillite de Lehman, ils se sont mis en formation de combat contre le risque. Zéro risque et un toit. Voilà quelle a été la stratégie des ménages Français de 2008 à 2011.

Zéro risque d’où une ruée sur les livrets A , livrets de Développement Durable (ex Codevi) et autres livrets d’épargne défiscalisés d’où des records de collecte enregistrés mois après mois et cela continue en 2011. Les seules onces de risque ont consisté à investir aussi dans les super livrets à taux bonifiés distribués principalement sur Internet et à acheter de l’or physique.

Pour le toit, la ruée a été spectaculaire. Nous sommes le seul pays en crise dans lequel la valeur de l’immobilier n’a pas baissé et a même flambé. En 3 ans les prix, suivant les régions et les villes, ont augmenté de 15% à 40% ! Un toit, je veux un toit : c’était le cri de guerre des épargnants qui avaient de quoi constituer un apport solide pour acheter leur résidence principale.

Résultat : plus l’Etat s’appauvrit et croule sous les dettes, plus les ménages Français thésaurisent. L’épargne des ménages dépasse les 11 000 milliards d’euros. Et les taux d’épargne des particuliers atteignent des records historiques et se stabilisent autour des 16 ou 17% du revenu net disponible. Contre 10% en Allemagne et 8% chez les fourmis japonaises.

Y’a-t-il trop d’épargne en France ? Non. Au contraire. C’est grâce à cette épargne que les marchés continuent à prêter à l’Etat Français à des taux très bas. Moins de 3%. Car la dette de l’Etat, aux yeux des investisseurs étrangers, est « garantie » par l’épargne des ménages. Un paradoxe non ? L’Etat garantit les banques pour qu’elles garantissent nos dépôts. Mais c’est nous qui garantissons l’Etat…
Trop d’épargne non. Mais une épargne mal orientée oui.

Une part trop large de l’épargne française est stérilisée. L’argent dort dans les livrets et sur les soldes de comptes bancaires non rémunérés. Et c’est compréhensible. Entre les changements permanents sur la fiscalité des placements sous Nicolas Sarkozy et les perspectives de matraquage après les élections en cas de victoire de la gauche, aucun investisseur avisé n’est motivé à prendre de risque.

Et pourtant l’épargne des ménages serait bien utile à l’économie française si elle était canalisée, par des incitations fiscales, vers le financement des petites entreprises et des entreprises de taille Intermédiaire, les seules capables d’embaucher.

Elle serait bien utile aussi pour nous exonérer de la pression des marchés, une pression sur la dette française qui pourrait devenir redoutable après les élections. Les Japonais ont un endettement record et pourtant ils empruntent à peine au dessus de 1% à 10 ans. Pourquoi ? Parce qu’ils sont autarciques. Ils n’ont pas besoin d’investisseurs étrangers. Les ménages Japonais financent la dette de l’Etat.

L’Italie l’a compris. Elle a lancé un grand emprunt pour les particuliers il y a quelques jours ; un succès spectaculaire avec 7 fois plus de demande que d’offre !

Si le gouvernement français lançait un grand emprunt, il drainerait sans difficulté 80 à 100 milliards d’euros et nous gagnerions en indépendance financière. A l’heure où notre indépendance énergétique est en danger avec les projets de retrait du nucléaire, essayons au moins d’améliorer notre indépendance financière. On a vu ce que les marchés pouvaient réserver à des pays en difficulté qui dépendaient des investisseurs étrangers. La Grèce, l’Irlande, le Portugal et même l’Espagne. L’Italie a échappé au piège grâce au travail phénoménal de Mario Monti mais grâce également à la mobilisation grandissante de son épargne.

Nous devons suivre le modèle Italien. Trouver notre Mario Monti et mobiliser l’épargne des ménages.

Nous sommes en guerre financière et il est temps d’émettre des War Bonds pour financier notre économie. Notre économie, notre croissance. Pas pour financer des dépenses publiques ou des promesses électorales absurdes et intenables.

Il n’y a pas trop d’épargne. L’épargne des ménages est notre force. C’est sa répartition qui est notre faiblesse. L’épargne doit être orientée vers la croissance. 

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