L'Espagne en crise : call-girls de luxe et conscience sociale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
L'Espagne en crise : call-girls de luxe et conscience sociale
©

Zone franche

Les prostituées de luxe espagnoles refusent désormais leurs faveurs aux banquiers. A 300 euros de l'heure, ils étaient pourtant bien les seuls à pouvoir se les offrir.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Les journalistes  ― et les huissiers, ça va sans dire  ― peuvent dire merci aux banquiers. Depuis que ces derniers sont jugés responsables d'à peu près tous les maux de la planète, c'est tout juste si diffuseurs de propagande et expulseurs de familles surendettées apparaissent encore au palmarès des professions les plus universellement exécrées.

Pour les huissiers, je ne sais pas, je ne fréquente pas ce genre d'individu, mais pour les journalistes, c'est tout de même assez dur à vivre : être détesté, c'est au moins avoir la certitude de ne pas laisser indifférent. J'espère d'ailleurs que c'est ce que se disent les salariés de la Société Générale et de la BNP lorsqu'ils se rendent au boulot le matin sous les horions d'une foule hystérique.

Il faut dire qu'ils ont un peu exagéré, ces dernières années. Entre les subprimes, l'assèchement du crédit aux entreprises en dépit de subventions publiques faramineuses, la ruine de la Grèce et l'augmentation de la cotisation Carte Bleue à paiement différé, les gens sont agacés, c'est normal. On le serait à moins.

Bon, nous n'en sommes pas encore à enfouir nos euros sous nos matelas pour ne plus nourrir ces parasites, mais c'est juste parce que c'est la crise et qu'un Dunlopillo n'a jamais accordé d'autorisation de découvert, même avec agios. Que la croissance reparte et on va voir ce qu'on va voir.

En tout cas, il y a des signes qui ne trompent pas : même les banques font de la pub anti-banque, depuis quelques temps. Le Crédit Mutuel, qui promène sa famille Fenouillard à qui on ne la fait pas sur tous les écrans, tente bien de nous convaincre que le mot crédit dans sa raison sociale est synonyme d'organisation caritative mais je ne suis pas certain que ce soit très efficace. A la limite, on a moins de mal avec les spots du CIC qui font passer l'établissement pour un opérateur de téléphonie mobile, la parenté entre fournisseurs de forfaits avec engagement de 25 ans et prêteur sur gages étant plus facile à gober.  

Dernière manifestation en date de cette haine pour les éditeurs de RIB, la décision des prostituées de luxe espagnoles de ne plus les accepter comme clients. Ca peut sembler anecdotique, mais  c'est tout de même un sacré indice de l'exaspération ambiante : une call-girl vraiment haut-de-gamme, à part des banquiers et, peut-être, des directeurs de FMI, ça ne doit pas avoir une clientèle très diversifiée. Pas chiennes, les travailleuses du sexe accepteront toutefois de ne plus refuser les appels de leur gestionnaires de comptes lorsqu'ils se remettront à se comporter convenablement et à prêter de l'argent aux Ibères en difficulté. On imagine que ce n'est pas demain la veille.

Dans l'intervalle, elles se mettront peut-être à reprendre langue avec les huissiers, finalement pas si mauvais bougres, comme on a vu. Les journalistes, c'est moins sûr : à 300 euros de l'heure en moyenne, soit la grosse partie du salaire d'un pigiste famélique aux yeux rougis par le manque de sommeil et à l'estomac vide, les plumitifs risquent de ne pas être bien nombreux à faire la queue chez ces prostituées chics à conscience sociale.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !