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Accusé, provoqué, tourmenté, sollicité... mais au fait, qu'est-ce représente vraiment "l'Etat" ?
©Reuters

Bonnes feuilles

A travers ces trois courts textes, l'auteur, l'un des pères de l'économie moderne, invite à repenser la place de l'Etat au sein de l'organisation politique. Une contribution à la crise du politique et aux problèmes de la cité aujourd'hui. Extrait de "L'Etat ou la grande illusion" de Frédéric Bastiat, publié aux éditions Arfuyen (1/2).

Frédéric  Bastiat

Frédéric Bastiat

Frédéric Bastiat, né en 1801 à Bayonne et mort le 24 décembre 1850 à Rome, était un économiste, homme politique et polémiste libéral français.

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Je voudrais qu’on fondât un prix, non de cinq cents francs, mais d’un million, avec couronnes, croix et rubans, en faveur de celui qui donnerait une bonne, simple et intelligible définition de ce mot : l’ÉTAT. Quel immense service ne rendrait-il pas à la société ! L’ÉTAT ! Qu’est-ce ? où est-il ? que fait-il ? que devrait-il faire ? Tout ce que nous en savons, c’est que c’est un personnage mystérieux, et assurément le plus sollicité, le plus tourmenté, le plus affairé, le plus conseillé, le plus accusé, le plus invoqué et le plus provoqué qu’il y ait au monde. Car, Monsieur, je n’ai pas l’honneur de vous connaître, mais je gage dix contre un que depuis six mois vous faites des utopies ; et si vous en faites, je gage dix contre un que vous chargez l’ÉTAT de les réaliser. Et vous, Madame, je suis sûr que vous désirez du fond du cœur guérir tous les maux de la triste humanité, et que vous n’y seriez nullement embarrassée si l’ÉTAT voulait seulement s’y prêter. Mais, hélas ! le malheureux, comme Figaro, ne sait ni qui entendre, ni de quel côté se tourner. Les cent mille bouches de la presse et de la tribune lui crient à la fois :

« Organisez le travail et les travailleurs.

Extirpez l’égoïsme.

Réprimez l’insolence et la tyrannie du capital.

Faites des expériences sur le fumier et sur les

œufs.

Sillonnez le pays de chemins de fer.

Irriguez les plaines.

Boisez les montagnes.

Fondez des fermes-modèles.

Fondez des ateliers harmoniques.

Colonisez l’Algérie.

Allaitez les enfants.

Instruisez la jeunesse.

Secourez la vieillesse.

Envoyez dans les campagnes les habitants des

villes.

Pondérez les profits de toutes les industries.

Prêtez de l’argent, et sans intérêt, à ceux qui

en désirent.

Affranchissez l’Italie, la Pologne et la Hongrie.

Élevez et perfectionnez le cheval de selle.

Encouragez l’art, formez-nous des musiciens

et des danseuses.

Prohibez le commerce et, du même coup, créez

une marine marchande.

Découvrez la vérité et jetez dans nos têtes un grain de raison. L’État a pour mission d’éclairer, de développer, d’agrandir, de fortifier, de spiritualiser et de sanctifier l’âme des peuples. »

- Eh ! Messieurs, un peu de patience, répond l’ÉTAT, d’un air piteux. J’essaierai de vous satisfaire, mais pour cela il me faut quelques ressources. J’ai préparé des projets concernant cinq ou six impôts tout nouveaux et les plus bénins du monde. Vous verrez quel plaisir on a à les payer. »

Mais alors un grand cri s’élève :

« Haro ! haro ! le beau mérite de faire quelque chose avec des ressources ! Il ne vaudrait pas la peine de s’appeler l’ÉTAT. Loin de nous frapper de nouvelles taxes, nous vous sommons de retirer les anciennes. Supprimez : 
L’impôt du sel ;
L’impôt des boissons ;
L’impôt des lettres ;
L’octroi ;
Les patentes ;

Les prestations. »

Extrait de "L'Etat ou la grande illusion" de Frédéric Bastiat, publié aux éditions Arfuyen 

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