"Dans les eaux du Grand Nord" : un polar très noir sur fond très blanc<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Dans les eaux du Grand Nord" : un polar très noir sur fond très blanc
©

Atlanti-culture

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey est chroniqueur pour Culture-Tops. 

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 

Voir la bio »
LIVRE 
Dans les eaux du Grand Nord
de Ian McGuire
10/18 Grand Format
304 pages
RECOMMANDATION : BON
THÈME 
Nous sommes au milieu du 19ème siècle, et déjà, "dans les eaux du grand nord »,  les baleines se font rares. L’amateur Baxter compose un équipage dont les rôles vont se dévoiler peu à peu, au gré des premiers jours de navigation, de la traque et de la chasse à la baleine, de la vie à bord, et des événements qui bouleverseront la campagne de pêche. Patrick Summer, le Chirurgien, Henri Drax le harponneur, le Capitaine Brownlee vont s’affronter dans un huis clos qui aura pour décors 3 mâts, la mer, les glaces du Grand Nord. Crimes, machination, traques... cette aventure se mue en polar très noir sur fond très blanc.
POINTS FORTS 
1- Une écriture qui marque, ou qui dérange (au sens positif du terme), tant elle est précisément descriptive et crue. Aux imaginations fertiles, ce livre offre des images visuelles et olfactives qui vous plongent dans une réalité dont aucun romantisme n’arrive à émerger. Ian McGuire décrit sans pudeur la vie, la mort, la violence des lieux et des hommes.
2- Une intrigue assez bien construite pour ne pas deviner trop vite l’issue de l’histoire et le destin des personnages.
3- Une occasion de réaliser ce que pouvaient être les conditions de vie et de survie des occidentaux dans le grand nord, alors que l’Europe s’installait dans l’ère industrielle.
4- Une fois n’est pas coutume, à la dernière page, on n’est pas certain de savoir qui a été le héros de l’aventure. Chaque personnage suit un destin décrit sans réel parti pris, même si deux des personnages incarnent d’évidence, pour l’un, une certaine idée du bien, et l’autre, le mal dans une expression froide et extrême.
POINTS FAIBLES 
1- Le caractère immersif du roman et sa relative absence de parti pris entre les personnages conduira peut être le lecteur à se demander, la dernière page tournée... bon, et après ? On peut s’interroger sur ce que ce type de roman apporte - hormis de partager une tranche de vie à bord d’un baleinier et sur la banquise, spectateurs de la violence des hommes et de la nature.
2- Une scène de chasse  paraîtra, à ceux qui ont vu l’étonnant film « The Revenant » (2016, avec Leonardo di Caprio), d'une issue un peu téléguidée. Mais cette remarque vaut plus pour la coïncidence que pour la critique !
EN DEUX MOTS 
La singularité de ce roman est de vous proposer de « lire » un reportage qui aurait été réalisé caméra sur l’épaule entre 1859 et 1861. Du Melville 2.0, version HD, non censuré !  Chargé d’odeurs et de relents ! Il vous immerge littéralement dans la vie et le destin d’un équipage de baleinier, dans un huis clos dont les personnages portent beaucoup des noirceurs de l’âme humaine, et un peu d’humanité.
L’écriture très détaillée, précise, de Ian McGuire ne peut vous laisser indifférent, oscillant entre rapport d’enquête, récit d’explorateur et poésie froide.
L’aventure mériterait peut être une suite pour donner plus de relief au anti héros sur lequel se referme la dernière page ! 
UN EXTRAIT 
« Malgré sa blessure, l’ours continue sa progression régulière, comme s’il parcourait un itinéraire fixé de longue date. Le ciel est plein d’étroits rouleaux de nuages, gris et brun au sommet, dorés en dessous par le soleil qui perce. Ils avancent toujours, l’homme et l’animal unis par une procession primitive, à travers un paysage si écrasé et si inégal qu’il pourrait avoir été construit par un idiot à partir des fragments brisés d’un monde auparavant intact. » P 236 
L'AUTEUR 
Ian McGuire est né et a vécu en Angleterre avant de partir aux Etats-Unis pour parfaire ses études. Il enseigne l’écriture créative à l’université de Nord Texas. Il est publié dans les revues littéraires comme le Chicago Review et le Paris Review, qui ont accueilli dans leurs colonnes, en leur temps, Anais Nin, T.Williams, H.Miller, J.Genet, E.Hemingway, V.Nabokov... 
Paru en 2016 en édition originale, ce premier roman de Ian McGuire a été édité en France en mai 2017. Pour le New York Times, « The North Water » est l’un des 10 meilleurs livres de l’année 2016. Je n'irai pas jusque là...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !