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Trump va-t-il pouvoir mettre fin à l’accord nucléaire iranien (et devenir le meilleur allié des conservateurs de Téhéran) ?
©NICHOLAS KAMM / AFP

Le début de la fin ?

C’est un secret de polichinelle que Donald Trump s’abstiendra, d’ici la fin de la semaine, de certifier le respect par l’Iran de ses engagements au titre de l’accord nucléaire du 14 juillet 2015.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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En effet, le Président américain est tenu de certifier le respect ou non par l’Iran de ses engagements auprès du Congrès américain tous les trois mois. Alors qu’il l’a déjà certifié par deux fois depuis son inauguration au mois de novembre dernier, il y a fort à parier qu’il s’abstiendra de le faire cette fois-ci et ce malgré l’avis contraire de l’Agence International pour l’Energie Nucléaire et de l’ensemble des autres signataires de l’accord, de tous les membres du conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne. La non-certification de l’Iran ouvrira une période de soixante jours durant laquelle le Congrès devra décider s’il est opportun de réimposer à l’Iran les sanctions américaines liées au nucléaire.

Ainsi la non-certification ne signifiera pas automatiquement la sortie des Etats-Unis de l’accord et la fin de celui-ci. En effet, le Congrès doit adhérer à l’argumentaire du Président américain, chose qui est loin d’être garantie. Cet argumentaire de la maison blanche consiste à considérer que l’Iran, de par ses essais de missile balistique et son engagement militaire au moyen orient en particulier en Syrie et en Iraq, n’a pas respecté sinon la lettre du moins l’esprit de l’accord. Cette position est loin d’être unanimement partagée par les autres membres de l’administration américaine puisque le Secrétaire à la Défense, le tout puissant Général Matis, vient de déclarer qu’à ses yeux rien ne peut être reproché à l’Iran du fait de l’accord nucléaire même si le comportement de ce pays est loin d’être irréprochable sur d’autres fronts.

Pour compliquer encore davantage la chose, Donald Trump a réussi également de se mettre à dos des membres éminents du parti républicain. Outre le président du groupe républicain au Sénat, le Sénateur Mitchel, dorénavant ennemi de la maison blanche,  il a même réussi l’exploit de s’aliéner le Sénateur le plus anti-iranien qui soit, Bob Corker qui a qualifié la maison blanche de « halte-garderie pour adulte ». Ainsi il y a fort à parier que la majorité requise au Congrès ne sera jamais réuni pour que les sanctions américaines retrouvent force et vigueur à l’encontre de l’Iran.

Sur le plan international, les seuls pays qui soutiennent la réimposition des sanctions à l’encontre de l’Iran sont ses ennemis de toujours, l’Israël et l’Arabie Saoudite, devenus alliés de circonstance dans la cause. Tous les autres pays sont en faveur du maintien de l’accord et considèrent que l’Iran a respecté littéralement à la lettre ses engagements. Le Président français, pour sa part, a clairement pris fait et cause pour l’accord et il en va de même pour les allemands, les russes et les chinois. Ainsi donc, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis risquent de se retrouver dans un camp opposé à celui des autres membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU. C’est suffisamment grave pour être souligné, ce d’autant que du fait de la politique erratique du Président Trump la crédibilité des Etats-Unis est largement entamée dans les arènes diplomatiques.

Or, même s’il y a peu de chance que l’accord tombe, le fait pour les Etats-Unis d’agir de la sorte n’est pas sans conséquence. Déjà alors que le respect des engagements de l’Iran est certifié par les Etats-Unis, il n’y a pour ainsi dire quasiment aucun financement de projets par les banques internationales en ce qui concerne les projets industriels en Iran, à part quelques fonds souverains et pour des montants insignifiants au vue des besoins. On peut donc aisément imaginer la crainte que ce non certification américaine ne manquera d’inspirer aux industriels du monde entier. L’enthousiasme d’un eldorado iranien annoncé après l‘accord nucléaire a cédé la place au désenchantement. Une économie, dont le retour dans le système financier international aurait pu être l’équivalent de l’intégration de l’ensemble des pays de l’est après la chute du mur de Berlin, est réduite à une peau de chagrin. C’est bien ce que les opposants de Rohani reprochent à l’administration du Président iranien. Ces derniers n’attentent qu’une chose, l’échec de l’accord nucléaire pour partir à l’attaque contre l’ouverture de l’Iran sur le monde ; ouverture qu’ils perçoivent comme une menace, et ce à juste titre, pour leurs avantages mal acquis.

Trump est, sans aucun doute,  le meilleur allié des conservateurs iraniens.

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