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Vous avez dit "dysfonctionnements" et c'est tout ! Vous n'avez pas de cœur M. Collomb ?
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Un mot pour ne rien dire

Le ministre de l'intérieur est un technicien de la parole. Il parle comme un répondeur téléphonique. Ce qui exclut toutes émotions.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Deux jeunes filles sont mortes tuées au couteau à Marseille. L'assassin a crié, comme cela arrive souvent, "Allah Akhbar". Il était, selon la formule consacrée, "connu des services de police". Un Tunisien en situation irrégulière et répertorié comme tel sur les ordinateurs de la police.

Il y a quelques jours, juste avant Marseille, il avait été interpellé pour un vol à l'étalage. Pas de quoi aller en prison. Quand les fonctionnaires du commissariat ont découvert que l'homme était en situation irrégulière, ils ont fait ce que prévoit la procédure en pareil cas.

Ils ont aussitôt pris contact avec la préfecture, seule habilitée à ordonner le placement administratif en camp de rétention. Sur ce point les versions diffèrent. Selon l'une, le sous-préfet préposé à ce genre de décision était absent. Selon l'autre il aurait répondu qu'il n'y avait plus de place dans le camp de rétention. Les policiers, qui ne pouvaient faire autrement, ont remis l'homme en liberté. Après il y a eu Marseille…

Et Gérard Collomb se débarrasse de cette affaire tragique avec un mot cache-sexe : "dysfonctionnements" ! Mais c'est lui, et ceux qui nous gouvernent, qui dysfonctionnent… Il va faire quoi, M. Collomb ? Ouvrir une enquête interne à la suite de laquelle on sanctionnera un lampiste. Un policer quelconque, un cadre administratif de la préfecture.

Quand un train déraille suite à une défaillance de la SNCF, le patron de l'entreprise adresse ses excuses aux familles des victimes. Quand la tribune d'un stage s'effondre suite à une malfaçon, le président du club démissionne. Quand un barrage cède car il a été construit en dépit des règles de sécurité, les responsables passent en justice. Motif : homicide involontaire.

Au Japon, certain font harakiri pour moins que ça. On n'en demande pas tant à M. Collomb. On ne lui demande même pas de démissionner. Mais le mot "dysfonctionnements" aurait dû lui rester en travers de la gorge s'il avait un cœur. N'importe qui à sa place serait aller à Marseille implorer le pardon des familles des deux jeunes filles assassinées. Mais M. Collomb n'est pas n'importe qui.

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