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La France Insoumise rattrapée par ses obsessions victimaires et égalitaristes
©MARTIN BUREAU / AFP

Vieilles habitudes

Les réactions de Raquel Garrido ou Danièle Obono aux reproches qui leur ont été fait ces derniers temps, tout comme l'attaque de Jean-Luc Mélenchon envers Manuel Valls montrent l'hystérie généralisée et la perte de sens commun qui règne à la France Insoumise.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : Alors qu'elle est mise en cause pour des cotisations sociales impayées, Raquel Garrido a choisi de réagir sur le Snapchat de JeremStar, chroniqueur du monde de la téléréalité et collègue de Mme Garrido dans l'émission "Salut les terriens". Pourquoi aujourd'hui peut-on parler d'une déconnection grandissante de la France Insoumise avec le réel ? Pourquoi cette névrose victimaire et inégalitaire leur faire perdre leur capacité d’analyse et de diagnostic de la société française ? 

Sylvain Boulouque : Les liens de Danièle Obono avec les Indigènes de la République, ce n'est pas nouveau. De même, la déconnexion de Garrido n'est pas nouvelle, d'autant plus si elle ne paye plus ses impôts depuis 6 ans! Quand on se souvient de la camapgne de Jean-Luc Mélenchon et de sa dénonciation systématique des médias, on avait exactement les mêms reflexes-là de victimisation notamment. On est dans un phénomène de surmédiatisation aujourd'hui car ils sont les seuls à s'exprimer et à critiquer publiquement le gouvernement au pouvoir. Mais il n'y a pas de déconnexion nouvelle de la part des élus de la France insoumise, c'est même de la vieille histoire. C'est une continuité qui passe à une nouvelle dimension de résonnance dans la société aujourd'hui. Tout cela nous renvoie pratiquement au début du communisme avec l'adoption dès 1917 d'une posture victimaire vis-à-vis du capitalisme. Les gens de LFI sont des victimes du système. Selon eux, le système capitaliste veux détruire les ouvriers et développer les inégalités et favoriser les plus riches. De fait, la posture victimaire est déjà là dans Lénine et c'est normal qu'on le retrouve dans LFI.

Revenons au cas de Garrido. Ne s'agit-il pas d'une réaction particulièrement inappropriée étant donné les accusations ?

Je pense qu'il y a deux dimensions. La première est celle d'une réaction médiatico-je-m'en-foutiste dans le choix de récuser des accusations en utilisant les canaux de la sphère médiatique de la téléréalité et en refusant de répondre sur le fond au problème diffusé par le Canard Enchaîné.  La deuxième face de cette réaction est qu'elle rejoint de la sorte la stratégie de Jean-Luc Mélenchon et de l'équipe de la France Insoumise qui consiste à refuser de parler aux médias traditionnels. L'ironie, c'est que quand ces médias traditionnels soulèvent des affaires qui touchent leurs adversaires politiques, la France insoumise approuve et rebondit toujours très largement sur les informations diffusées, mais quand cela touche insoumise, ils désapprouvent, refusent de répondre et stigmatisent le média concerné, ce qui pose un problème de rapport à l'information et montre une certaine forme de rapport à la démocratie.

La France Insoumise ne démontre pas son incapacité à gérer cette exposition médiatique inhabituelle dont elle bénéficie? La déclaration de Danièle Obono sur les "préjudices contre les femmes" et sa proximité avec les Indigènes de la République peuvent-ils passer autrement au révélateur d'une presse non-complaisante ?

Il y a plusieurs choses: il y a le fait que la France Insoumise apparaissent aujourd'hui massivement sur la sphère médiatique et que tous les militants de la France Insoumise apparaissent sur le devant de la sphère médiatique. Ce qui fait que tout ce que la France Insoumise disait jusque-là, qui n'était pas retenu par les médias, est aujourd'hui entendu par ces mêmes médias. Mais quand on regarde ce qui pouvait être dit il y a quelques années, c'est exactement la même chose.  On connaît la proximité de Danièle Obono avec les Indigènes de la République depuis très longtemps. Rien de nouveau sous le soleil! Pour Danièle Obono, les questions que soulèvent les Indigènes de la République sont des questions légitimes. Du coup, cela pose le problème d'une autre manière. Sur la question du chauffeur de bus, elle est ainsi capable de répondre de manière totalement différente de ce qu'on attend dans un média traditionnel. C'est le cas de la majorité des militants de la France Insoumise, de façon différente cependant selon les cas. Etant donné qu'ils viennent de parcours politiques et de traditions politiques différentes, leurs perceptions et mode d'expression politique est différent et crée cet aspect désordonné. La France Insoumise est pour l'instant incapable de fédérer sous un discours unique l'ensemble des déclarations des uns et des autres.

La stratégie de l'abandon des médias traditionnels est-elle payante ?

Le fait est que ce genre de stratégie peut marcher! Quand on voit comment Trump a réussi à s'imposer lors d'une campagne électorale en ne communiquant que sur ses propres médias, sans tenir compte de la ligne et des habitudes des journalistes… et que le Front National a réussi sur les mêmes fondamentaux, en coagulant son électorat autour de lui sur ses propres sites d'information on n'est pas forcément exempt d'une telle réussite pour la France Insoumise. En théorie, la technique est la même. L'outrance et les dérapages peuvent être assumés pour servir cette ligne stratégique. Mais il ne faut évidemment pas écarter que cette impression viennent de problèmes individuels.

Pourquoi aujourd'hui peut-on parler d'une déconnection grandissante de la France Insoumise avec le réel ? Pourquoi cette névrose victimaire et inégalitaire leur faire perdre leur capacité d’analyse et de diagnostic de la société française ? 

Les liens de Danièle Obono avec les Indigènes de la République, ce n'est pas nouveau. De même, la déconnexion de Garrido n'est pas nouvelle, d'autant plus si elle ne paye plus ses impôts depuis 6 ans! Quand on se souvient de la camapgne de Jean-Luc Mélenchon et de sa dénonciation systématique des médias, on avait exactement les mêms reflexes-là de victimisation notamment. On est dans un phénomène de surmédiatisation aujourd'hui car ils sont les seuls à s'exprimer et à critiquer publiquement le gouvernement au pouvoir. Mais il n'y a pas de déconnexion nouvelle de la part des élus de la France insoumise, c'est même de la vieille histoire. C'est une continuité qui passe à une nouvelle dimension de résonnance dans la société aujourd'hui. Tout cela nous renvoie pratiquement au début du communisme avec l'adoption dès 1917 d'une posture victimaire vis-à-vis du capitalisme. Les gens de LFI sont des victimes du système. Selon eux, le système capitaliste veux détruire les ouvriers et développer les inégalités et favoriser les plus riches. De fait, la posture victimaire est déjà là dans Lénine et c'est normal qu'on le retrouve dans LFI.

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