Freinage
Comment transformer le pays quand l’Etat serre les freins
Les critiques de toutes parts suscitées par la présentation du budget témoignent de la difficulté d’opérer des réformes dans un pays où tout changement apparait comme une menace à des situations acquises que chacun défend bec et ongle, des prés carrés qui ne sont pourtant pas bien souvent la panacée.
Ainsi à gauche comme à droite, les cris d’orfraie se multiplient pour dénoncer le comportement du gouvernement, en considérant qu’il est trop timide d’un côté ou qu’il en fait trop de l’autre. Les critiques contradictoires qui s’expriment finissent pas se neutraliser et aboutissent à une cacophonie montrant l’incapacité de l’opinion à s’accorder sur des lignes directrices pour préparer l’avenir.
Ce comportement frileux laisse les mains libres à Emmanuel Macron, qui a pu ainsi mettre en route deux réformes fondamentales pour amorcer l’indispensable révolution dont la France a besoin et éviter de creuser l’écart avec ses partenaires du monde : la suppression de l’ISF et la flat tax de 30% sur les revenus du capital. Il fallait de l’audace pour s’engager sur une voie où tous ses prédécesseurs avaient échoué, tant il existe une obsession viscérale au sein de la population sur tout ce qui pourrait donner le sentiment de favoriser les riches. Car le discours officiel pour promouvoir l’investissement au détriment d’une redistribution permanente sans se soucier de la création de richesses a toujours du mal à passer dans notre pays particulièrement frileux, dès qu’il s’agit de prendre le moindre risque. Nos compatriotes continuent de privilégier l’épargne en misant sur le fameux livret A qui leur fait perdre de l’argent puisque sa rémunération est inférieure à l‘inflation.
Mais le grand responsable est aussi l’Etat , sorte d’énorme pachyderme qui n’a pas la force d’évoluer et ne se nourrit que de dépenses supplémentaires sans être capable de faire des économies. Alors que dans le secteur privé, si la nécessité s’en fait sentir, on peut procéder à des coupes profondes dans les budgets de fonctionnement, la machine bureaucratique est incapable de remettre en cause son train de vie : habituée depuis une vingtaine d’années aux coups de rabots ,qui entraînent une anémie lente, elle se contente d’ économies de bouts de chandelle, en repoussant chaque fois les investissements indispensables qui ne seraient pas gagées par des dépenses nouvelles.
Le nouveau budget reflète bien ces caractéristiques , en restant au milieu du gué. Les économies espérées restent vagues et floues, tandis que les dépenses continuent d’augmenter , à peine moins vite que précédemment. Les coupes annoncées dans les effectifs de la fonction publique ont pratiquement disparu. Les réformes de structures demeurent aux abonnés absents, ce qui va justifier le scepticisme affiché à Bruxelles chez nos partenaires sur la capacité de notre pays à se réformer. Au total, les dépenses augmenteront de 0,5% l’an prochain et le pays devra emprunter 195 milliards d’euros sur les marchés pour solder ses comptes , à une période où les taux d’intérêt commenceront à remonter, alourdissant ainsi la facture. Malgré la volonté affichée par le chef de l’Etat, un quinquennat ne sera sans doute pas suffisant pour modifier des comportements fortement inscrits dans les gênes.
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