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Comment transformer le pays quand l’Etat serre les freins
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Freinage

Les critiques de toutes parts suscitées par la présentation du budget témoignent de la difficulté d’opérer des réformes dans un pays où tout changement apparait comme une menace à des situations acquises que chacun défend bec et ongle, des prés carrés qui ne sont pourtant pas bien souvent la panacée.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Ainsi à gauche comme  à  droite, les cris d’orfraie se multiplient  pour dénoncer le  comportement du gouvernement, en considérant qu’il est trop timide d’un  côté ou qu’il  en fait trop de l’autre. Les critiques contradictoires  qui s’expriment finissent pas  se neutraliser et aboutissent  à une  cacophonie montrant l’incapacité de l’opinion à s’accorder sur des lignes directrices pour préparer l’avenir.

Ce comportement frileux laisse  les mains libres à Emmanuel Macron, qui a pu ainsi mettre en  route deux réformes fondamentales pour amorcer l’indispensable révolution dont la France a besoin  et éviter de creuser l’écart avec ses partenaires du monde : la suppression de  l’ISF et la flat tax de 30% sur les revenus du capital. Il  fallait de l’audace pour s’engager sur une voie où tous ses prédécesseurs avaient  échoué, tant il existe une obsession viscérale au sein de la population sur tout ce qui pourrait donner le sentiment de favoriser les riches. Car le discours officiel pour promouvoir l’investissement au détriment d’une redistribution permanente sans se soucier de la création de richesses a toujours du mal à passer dans notre pays particulièrement  frileux, dès qu’il s’agit de prendre le moindre  risque. Nos  compatriotes continuent de privilégier l’épargne en misant  sur le  fameux livret A qui leur fait  perdre de l’argent puisque sa rémunération est inférieure à l‘inflation.

Mais le grand responsable est aussi l’Etat , sorte d’énorme pachyderme qui n’a pas la force d’évoluer et ne  se nourrit que de dépenses supplémentaires  sans  être capable de faire des économies. Alors que dans le secteur privé, si la nécessité s’en fait  sentir, on  peut procéder à des coupes profondes dans les budgets de fonctionnement, la machine bureaucratique est incapable de remettre en cause son  train de vie : habituée depuis une vingtaine  d’années aux coups de rabots ,qui entraînent une anémie lente,  elle se contente d’ économies de bouts de chandelle, en  repoussant chaque fois les investissements indispensables qui ne seraient  pas gagées par des dépenses  nouvelles.

Le nouveau budget reflète bien ces caractéristiques , en restant  au milieu du gué. Les économies espérées restent vagues et floues, tandis que les dépenses  continuent  d’augmenter , à peine moins vite que  précédemment. Les coupes annoncées dans les effectifs de la fonction publique ont  pratiquement  disparu. Les réformes  de structures demeurent  aux abonnés absents, ce qui va justifier  le scepticisme  affiché à Bruxelles chez  nos partenaires sur  la  capacité de notre  pays à se réformer. Au total, les dépenses augmenteront de 0,5% l’an prochain  et  le  pays devra emprunter 195 milliards  d’euros  sur les marchés  pour solder ses comptes , à une période où les taux d’intérêt commenceront à remonter, alourdissant  ainsi  la facture. Malgré la  volonté  affichée par  le chef de l’Etat, un  quinquennat  ne sera sans  doute pas suffisant pour modifier des comportements  fortement inscrits dans  les gênes.

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