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177 millions d’euros à gagner à l’euromillions : mais que faire de ce qui serait le plus gros gain en France dans un univers de taux zéro, de fiscalité massue et d’assurances vie fragiles ?
©REUTERS/Vincent Kessler

Utopie

Ce vendredi 29 septembre, le jackpot Euromillions pourrait rapporter jusqu'à 177 millions d'euros, un record. Impôts, prélèvements sociaux, impôts sur le capital, malgré cette somme, l'heureux gagnant ne sera pas exonéré de quelques problèmes de riche.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Pour l'heureux gagnant, en quoi les taux actuels pourraient-ils s'avérer être un casse-tête ? Avec une telle somme, est-il encore possible d'investir à moindre risque tout en pouvant compter sur un rendement ?

Philippe Crevel : L’éventuel heureux gagnant de l’Euro-Millions du 4 octobre sera confronté à des problèmes de riches. Si son gain est exonéré d’impôt, il devra à partir de sa réception payer non seulement des impôts et des prélèvements sociaux sur les revenus qu’il génère mais aussi les impôts sur le capital. Compte tenu des niveaux des différents prélèvements, notre gagnant devra payer un ou plusieurs conseillers pour au mieux réduire sa facture fiscale et choisir les meilleurs placements. Il pourra être amené à s’expatrier mais il devra alors payer l’exit-tax. Hormis ce petit détail, il devra prendre en compte la baisse des rendements. Il y a encore trois à quatre ans, en plaçant les 140 millions en fonds euros à 3 %, il pouvait sans peine se retrouver avec un revenu annuel de 4,2 millions d’euros imposés à 23 % (prélèvements sociaux plus prélèvements libératoires de 7,5 % s’il avait un contrat d’assurance-vie de 8 ans). Il aurait donc pu rester 3,2 millions d’euros net d’impôts sur l’année.

En 2016, le rendement sera autour de 2 % pour les fonds euros mais aucun assureur n’acceptera qu’il place l’ensemble de ses 140 millions sur un fonds euros. Il lui demandera de placer une part conséquente sur des placements dits à risque. S'il refuse d’opter pour les unités de compte, cet heureux gagnant pourra opter pour les livrets bancaires rémunérés à moins de 0,5 %, aux comptes à terme, aux OPC obligataires très faiblement rémunérés… En outre, il supportera une fiscalité qui pourra dépasser 60 %.

Quelles sont les problématiques d'investissement qui se posent aujourdhui pour des sommes aussi importantes ? 

La diversification. Un tel gagnant sera avisé d’avoir plusieurs banques voire de jouer en toute légalité sur plusieurs pays. Il pourrait choisir d’avoir des comptes et des assurances-vie au Luxembourg. Il pourra ainsi avoir accès à des contrats multi-devises et bénéficier de garanties supplémentaires par rapport au droit français. Il pourra réfléchir à ouvrir un compte en dollars ou en livres sterling. Diversification dans les établissements et dans les monnaies, certes, mais aussi dans les zones géographiques et les secteurs d’activité.

Dès lors, quelles sont les solutions offertes dans une telle situation ? Le nouvel investisseur n'est-il pas contraint de prendre un maximum de risque dans un environnement incertain ? 

Avec 140 millions d’euros, l’heureux gagnant doit commencer par se faire plaisir et s’offrir quelques bons moments… Après, il devra concilier rendement / sécurité / liquidité. Il devra certainement réfléchir à la manière d’investir dans des activités pouvant générer des revenus récurrents. Il pourrait opter pour des établissements pour personnes âgées dépendantes ou des start-up spécialisées dans les biotechnologies ou les nanotechnologies en fonction de son appétence aux risques. Il lui sera conseillé de placer une partie de son gain en biens professionnels afin d’échapper à l’ISF. A cet égard, il pourrait aussi devenir un amateur éclairé d’art. Il pourra également penser à créer des résidences hôtelières qui bénéficient d’un régime fiscal attractif. Pour réduire l’ISF, le recours de l’assurance-vie pourra être également utile. En effet, en effectuant des rachats, il pourra minimiser ses revenus et bénéficier du plafonnement de l’ISF. En effet, les rachats ne sont pas considérés comme des revenus.

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