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"Swann s’inclina poliment" : c'est bon, mais Proust est parfois trahi
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Françoise Boursin pour Culture-Tops

Françoise Boursin pour Culture-Tops

Françoise Boursin  est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.

 
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE

« Swann s’inclina poliment » 

d’après Marcel Proust

Adaptation et mise en scène: Nicolas Kersenbaum assisté de Gautier Boxebeld et Emmanuelle Peron

Avec Sabrina Baldassera, Marik Renner et, en alternance, Gautier Boxebeld ou Thomas Laroppe.

Composition musicale: Guillaume Léglise. Musiciens: Guillaume Léglise et Jérôme Castel

Production: Compagnie « Franchement, tu, Les Tréteaux de France».

INFORMATIONS

Théâtre de Belleville

94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris

Métro: Belleville ou Goncourt, bus 46 ou 75

Jusqu'au 3 décembre 

Du mercredi au samedi à 21h15 et le dimanche à 17h

Durée: 1h 30

Réservations: 01 48 06 72 34 

[email protected]

RECOMMANDATION

         BON

THEME

Swann, riche financier et amateur d’art, reçu dans les salons les plus réputés, rencontre Odette de Crécy, demi-mondaine à l’intelligence limitée. Elle l’entraîne dans le salon de madame Verdurin, théâtre d’une bourgeoisie à l’esprit étroit.

Swann fait l’expérience de la jalousie, ce qui révèle son amour pour une femme qui « n’était pas son genre », même si elle ressemblait à un personnage de Botticelli. 

Le salon, où prospèrent le mauvais goût de Madame Verdurin, la modestie limitée du peintre Elstir, la présence de la sonate de Vinteuil, constitue le cadre des relations de Swann et d’Odette. Swann paraît extérieurement en accepter les règles, d’où le titre « Swann s’inclina poliment". 

Odette part avec un autre, le Comte de Forcheville, mais, finalement, Swann l’épousera et lui donnera une fille, Gilberte.

POINTS FORTS

1) C’est une remarquable adaptation d’un roman, une partie du premier tome de "La recherche du Temps perdu", "Du côté de chez Swann".

Ce roman dans le roman met en scène une peinture des sentiments et une peinture de la société. Des passages entiers du texte sont conservés.

2) Les caractères des personnages, même transposés dans une époque indéterminée par les costumes, apparaissent clairement. Madame Verdurin est plus stupide et arriviste qu’on ne peut l’imaginer, Odette déploie toute sa grâce mais aussi sa bêtise.

3) Le caractère étouffant du « petit noyau » Verdurin est bien rendu.

4) C’est une idée originale de placer Swann de manière fictive dans le public. On ne l’entend pas, mais on le devine, si différent des habitués du salon Verdurin.

5) La composante musicale contribue à la magie surprenante du lieu.

6) J’ai apprécié le début de la pièce et la fin, qui fait clairement le point sur le chemin parcouru par les personnages.

POINTS FAIBLES

1) L’épisode du jeu qui représente une sorte de compétition entre les riches et les pauvres m’a semblé de mauvais goût, et bien éloigné de l’esprit de Proust. Il y a bien un désir d’ascension sociale, mais je n’ai jamais perçu dans ce roman une notion de lutte des classes et d’envie à l’égard de l’argent, ni de théorie de Piketty.

2) La scène où Odette, à demi-nue, danse lascivement et chante, fait peut-être ressortir son charme et le caractère érotique de la femme, mais m’a heurtée par la dissonance avec l’atmosphère plus feutrée des romans de Proust.

3) il me semble que pour apprécier cette pièce, ou au moins en comprendre les subtilités, il faut bien connaître l’oeuvre de Proust.

4) Il reste l’éternel problème du bien-fondé de la conversion d’un roman en pièce de théâtre...

EN DEUX MOTS

L’adaptation est remarquable, mais il est dommage que certains aspects ne soient pas en harmonie avec l’oeuvre de Proust.

UN EXTRAIT

« Le plaisir fut plus profond et devait exercer sur Swann une influence durable, qu’il trouva à ce moment-là dans la ressemblance d’Odette avec La Zéphora de ce Sandro di Mariano auquel on donne plus volontiers son surnom populaire de Botticelli."

L’AUTEUR

Marcel Proust (1871- 1922) se donna tout entier à la littérature en même temps qu’à la vie mondaine. Son ouvrage majeur, « A la recherche du Temps perdu », s’étale sur de nombreuses années de 1913 à 1927, après sa mort. 

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